Il y a quelques temps, une copine m’a prêté cet ouvrage , en me confiant qu’il y avait dedans grandement matière pour les Vendredis Intellos. Je n’ai pu que confirmer !

bien dans sa cuisine

Tout d’abord, c’est très étrange de retrouver Isabelle Filliozat en grand manitou de la cuisine et du bien manger après l’avoir tant lue sur l’éducation non violente. Et en même temps, pas tant que ça. Il n’est pas seulement question de cuisine au sens alimentaire ni seulement comme lieu de réunion, d’échange, de transmission, mais aussi de se questionner sur pourquoi nous aimons ou non cuisiner, respirer en conscience, rester en contact avec les aliments (où on évoque comment « préparer une pizza pour libérer sa colère » !), dire son amour avec certains mets, respecter le régime de chacun… bref, ce livre est une expérience très ésotérique, dont on pourrait extraire de nombreuses contributions selon par quel angle on le saisit.

J’ai aimé ce mélange entre opinions personnelles, recettes, citations de statistiques et d’études (même si elle ne cite pas toutes ses sources), de la psychologie, de la biologie, de la chimie… j’ai trouvé le livre vivant et convaincant. Et puis sa lecture est vraiment tombée à pic, à un moment où je commençais à beaucoup me questionner sur le contenu de mon alimentation quotidienne.

Cela avait en partie commencé avec cette très intéressante contribution d’Une Jeune Idiote : Obésité, alimentation et désinformation, qui m’avait particulièrement questionnée sur les quantités de protéines que nous ingérons chaque jour et sur la fiabilité des recommandations « officielles » à ce sujet, de même que sur les produits laitiers.

Ensuite, il y a eu ma mère, qui a vu une amélioration très significative (jusqu’à diviser par 3 ou 4 les doses extrêmement fortes d’anti-douleurs et anxyolitiques qu’elle prenait) des douleurs et autres symptômes de sa fibromyalgie, en entamant un régime d’éviction des Produits Laitiers de Vache « PLV » (puis petit à petit des produits laitiers tout court) et du gluten. Une prescription qu’elle a lue dans un ouvrage traitant de la fibromyalgie mais que l’on trouve aussi dans le livre de Seignalet (« L’alimentation ou la 3e médecine ») que j’ai hâte de décortiquer à ce sujet et également relativement à de nombreux autres maux (encore un ou des futur-s billet-s !).

Enfin, il y a les échanges avec des amies qui réfléchissent aussi beaucoup à tout ceci et sont tournées vers les produits bio, de la production en grande partie locale ou « raisonnée » comme on dit.

Je chemine donc beaucoup, je remets en question mes habitudes, les quantités, la typologie des aliments, la fréquence… Ce n’est pas encore la révolution dans ma cuisine parce qu’on ne change pas des habitudes aussi longtemps pratiquées du jour au lendemain, parce qu’il y a de petits plaisirs que je ne suis pas prête à sacrifier et aussi parce que Mr Sioux n’est pas franchement emballé par la crème de soja – entre autres.

Il y a 2 paragraphes en particulier qui m’ont passionnée, le chapitre 9 « Le sucre » et le chapitre 10 « La digestion et les drogues cachées dans l’alimentation ». Je vous en livre quelques passages marquants :

Pain, pâtes, pommes de terre, les hydrates de carbone ont été à la mode, mais non accompagnés de suffisamment de fibres, ils génèrent une augmentation rapide du glucose dans le sang et déclenchent donc le même cercle vicieux que le sucre. Ne nous leurrons pas, le pain ou les pâtes ne sont des sucres « lents » que s’ils sont confectionnés à partir de farines complètes. Sinon, ils sont équivalents à quelques morceaux de sucre. Les aliments raffinés se conservent plus longtemps, mais n’apportent que des calories vides et leur indice glycémique est fatalement très élevé du fait de l’absence de fibres. Au cercle vicieux de l’insuline s’ajoute une perversité supplémentaire : non seulement le sucre blanc ne nous apporte pas de nutriments, mais, pour le métaboliser, l’organisme en a besoin. Il pioche donc dans nos réserves puisque notre nourriture « raffinée » en aura été nettoyée ! Le blanc est considéré comme plus beau, plus pur… Seulement voilà, ce ne sont pas des saletés qui ont été évacuées par les tamis. Et c’est ainsi que l’ingestion de sucre blanc non seulement ne nous apporte pas d’éléments nutritifs mais nous carence en oligo-éléments, vitamines et enzymes.

Le terme « raffiné » tend à faire croire que ce serait meilleur, c’est un leurre, le terme approprié serait « dévitalisé », mais ce serait évidemment moins vendeur !

J’ai souligné, il y a déjà vingt ans, dans L’Alchimie du bonheur les méfaits du sucre blanc. La situation n’a fait que s’aggraver. Les quantités de sucre consommées par les enfants autant que par les adultes ont décuplé. Dans mes recettes vous observerez que je remplace désormais le sucre raffiné par du sucre complet (Sucanat, Rapadura ou Muscovado) ou par du sirop d’agave, plus sucrant (2 cuillerées à soupe = 100g de sucre raffiné) et à l’index glycémique moins élevé que le sucre. Sucanat, Rapadura et Muscovado sont des sucres bruts, ils contiennent vitamines, sels minéraux, oligo-éléments et fibres.

Sucre Muscovado. Ca change du sucre Daddy, hein ?

Sucre Muscovado. Ca change du sucre Daddy, hein ?

[…] le sucre roux de betterave était du sucre raffiné recoloré ! La vergeoise blonde est obtenue en recuisant le sirop éliminé lors d’un premier essorage du sucre. La brute résulte de la recuisson du sirop éliminé lors du deuxième essorage. Le sucre de canne est plus nutritif que celui issu de la betterave. Mais, hormis en filière labellisée bio, le sucre de canne roux subit lui aussi parfois coloration caramel par recuisson. Vigilance sur les étiquettes ! (pages 166-168)

Je crois que le texte se suffit à lui-même. Personnellement, je n’étais jamais allée chercher bien loin et j’ai appris beaucoup de choses ! Elle évoque ensuite l’hyper-réactivité au sucre que certains personnes peuvent développer et comment s’en défaire.

Un autre passage, issu du chapitre 10, sur les différentes intolérances que l’on rencontre de plus en plus dans la population (notamment enfantine) de nos jours : produits laitiers, gluten, etc.

Les intolérances aux céréales sont dues au fait que les produits actuels sont très différents de ceux qui composaient l’alimentation de nos ancêtres. Le blé moderne contient quatorze paires de chromosomes. Le blé tendre ou froment contient même vingt et une paires, contre seulement sept paires pour le blé sauvage. Et puis, nous en consommons vraiment de grandes quantités.

Le scientifique norvégien Karl Ludvig Reichelt a été le premier à émettre l’idée qu’un dysfonctionnement du métabolisme pouvait m’empêcher la désagrégation de certaines protéines et causer des problèmes mentaux tels que le trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH).

[…] Le lait contient effectivement beaucoup de calcium, mais peu assimilable. Et puis on trouve du calcium dans toutes sortes d’autres produits. Il y en a autant dans une tasse de brocoli que dans un verre  de lait et nettement moins que dans une boîte de sardines ! Ajouter à vos plats des graines de sésame, des algues, ou manger des figues, non seulement assure le nécessaire apport calcique mais évite la carence en magnésium.

Quand un enfant est particulièrement opposant, agressif, hyperactif, ronchon, ou au contraire renfermé, silencieux ou dépressif, s’il a du mal à suivre à l’école, j’interroge ses parents sur son régime alimentaire et ce d’autant plus s’il a souvent mal au ventre ou du mal à s’endormir. Tout n’est pas psychique. Tout est psychosomatique, c’est à dire que les dimensions psychiques et somatiques sont intriquées. Il fait partie de notre rôle de psy de vérifier si les symptômes du client ne reflètent pas un problème physiologique. […] Une fois l’équilibre bactériel et enzymatique du système digestif rétabli, le psy pourra se pencher avec l’enfant et ses enfants sur l’exploration du stress ayant occasionné la dysbiose. (pages 182-184)

Je vous laisse méditer… et suis à l’écoute de vos témoignages et avis !

Madame Sioux

Madame Sioux