C’est insupportable hein, toutes ces remarques ? Dès l’annonce de la grossesse jusqu’à l’adolescence de notre progéniture, avec un gros pic d’opinions exprimées (bien que non requises) autour de la prise en charge et les soins apportés au nouveau-né.

Il y a le coup du portage, le coup des pleurs, les avis sur l’allaitement, sur le nombre de biberons donnés par jour, sur la façon de gérer les nuits, sur ce qu’on leur donne (ou pas) à manger, les jeux auxquels on les laisse jouer, la TV qu’on leur laisse regarder (ou pas)… Puis viennent les avis sur notre façon d’accompagner ou de (ne pas) sanctionner les colères de nos enfants, leur agitation, leur politesse toute relative, leur comportement dans les lieux publics, etc.

En fait, je dirais qu’il y a les « remarques simples », qui peuvent certes agacer (surtout quand on nous répète pour la 20e fois que « eh ben, vous avez un sacré ventre ! Vous êtes sûre qu’il vous reste encore 3 mois ??! »), mais marquent surtout ce besoin, si humain, de communiquer. Alors évidemment, le nombre d’enfants que l’on a, la forme de notre ventre ou le fait que la petite dernière ne marche pas encore sont des sujets tout trouvés – et qui changent de la météo, avouez !

A ce sujet, j’avais beaucoup aimé la vision de Marine, du blog Une Chambre A Moi, évoquant les remarques sur sa récente et 3e grossesse :

Je sais que les gens, quand ils commentent de manière plus ou moins maladroite, me racontent des scenari catastrophe d’accouchement, se confient sur leurs difficultés ou leurs envies d’enfants, ne s’adressent pas à moi, mais à eux-mêmes. Ce sont leurs propres angoisses, leurs propres fantasmes, leurs propres blocages qu’ils projettent sur mon ventre qui s’arrondit.

Si on arrive à se dire que les gens s’expriment avant tout pour eux-mêmes et à prendre le recul nécessaire sur ce qu’ils disent, j’imagine qu’on peut finir par rester très zen voire rire de tout ce que l’on s’entend dire.

Cette prise de recul est d’autant plus utile lorsqu’il s’agit de la catégorie la plus insupportable des intrusions : les avis et conseils non sollicités (et qui vont rarement dans notre sens, puisqu’ils nous indisposent), voire les critiques ouvertes. Laëtitia de enfantsdel’avenir.org l’évoquait dans son article Quand les proches critiquent nos choix de parents… et nous présentait un exemple de la position à adopter, préconisée par Naomi Aldort, écrivain et partisane de l’attachment parenting.

Elle soulevait 2 points que j’avais trouvés pertinents, notamment en réfléchissant à mes propres sentiments lorsque mes parents (au hasard) émettaient des avis contraires aux miens concernant l’éducation de mes enfants :

Voici l’avis de N. Aldort :
– si les critiques des proches nous posent problème, c’est parce que nous recherchons leur approbation, consciemment ou inconsciemment ;
– or nous n’avons pas besoin de cette approbation dont la recherche nous met dans une situation d’enfant face à eux.

Héhé, c’est bien vu, je trouve. Moi la première, lorsque des conseils de mes parents me déplaisent – et il n’y a pas qu’au sujet des enfants que cela arrive -, c’est bien souvent parce que je me sens infantilisée. Et cela me touche d’autant plus que j’ai été leur enfant, bien évidemment, et que cela renvoie à cette période, comme si rien n’avait changé… Sans compter cette impression que les choses changent sans changer vraiment. Je sais à présent me positionner plus fermement vis-à-vis de mon père mais en même temps, son caractère reste le même et si les choses changent en surface (ma capacité à gérer, à ne plus me laisser parasiter par son avis ou sa vision des choses), elles restent similaires en profondeur (désaccord, désapprobation de sa façon de communiquer ou d’être sur certains points, etc).

Mais une fois qu’on a fini sa petite psychanalyse personnelle, comment fait-on ? Le conseil de l’auteure n’est pas sans rappeler l’écoute active : écouter, reformuler, valider les sentiments de nos proches. L’exemple, comme souvent, est à la fois parlant et peut paraître peu réaliste à mettre en pratique.  Le plus dur, c’est d’arriver à ne pas se justifier d’emblée – enfin c’est ma plus grande difficulté, personnellement. Et quand on touche à l’éducation de mes enfants (et aux choix, très mûrement réfléchis, que je fais pour eux), mes réactions ont tendance à être épidermique. Mais j’y travaille…

J’ai deux exemples en tête :

  • il y a quelques jours, nous avons installé une piscine autoportante dans le jardin. Si on ne l’avait jamais fait jusqu’à maintenant, c’est précisément parce que nous sommes assez flippés de la noyade. Résultat : c’est sympa, on se rafraîchit mais Mr Sioux est en mode stress dès que Pti Tonique va dans le jardin. Mon père, légèrement angoissé aussi dans son style, m’a dit l’autre jour qu’il allait falloir faire super gaffe à notre fils, rapport à la piscine… Sur ce, je me suis empressée de dire que bien évidemment, nous étions hyper vigilants et ne le laissions plus aller seul dans le jardin. Je me suis donc sentie obligée de me justifier, comme une enfant prise en faute qui veut prouver sa bonne volonté ou sa bonne foi. Ma réaction m’a immédiatement énervée. La prochaine fois, je tenterai une approche du style : « J’ai l’impression que tu n’es pas rassuré par la présence de cette piscine. Pour nous aussi, c’est une source de stress supplémentaire… » Et HOP, il se sent compris et entendu, je ne me suis pas justifiée, je n’ai pas cherché à montrer combien j’étais un bon parent à tout prix => emballé c’est pesé ! Merci l’écoute active !!
  • il y a plusieurs semaines, j’étais au téléphone avec ma mère et je revenais sur les craintes qu’elle avait exprimées par mail quant à la concordance choix/réalité de la vie du fait que je souhaitais devenir travailleuse indépendante (elle avait soulevé la pérennité d’une telle activité et sa compatibilité incertaine avec des charges familiales). Je me suis contentée de lui dire : « … et j’ai bien noté que mon choix te stressait ! ». Et bien là-dessus, elle s’est mise à m’expliquer les motivations qui avaient précédé à ces quelques mots écrits qui m’avaient paru bien critiques et un peu blessants quant à ma capacité à assumer ma famille. En fait, elle faisait référence à une époque où elle travaillait elle-même de la maison, avec 2 enfants en bas âge et avait vécu cela comme une situation frustrante de tous côtés, comme un casse-tête sans fin pour tout concilier. La reconnaissance de ses sentiments m’avait permis de comprendre qu’elle avait exprimé des sentiments liés à son vécu (liées à ses propres angoisses => on en revient à ce que disait Marine, que je citais plus haut) avant que cela soit une critique à mon encontre.

Sur ces petites anecdotes, je vous laisse à votre méditation et retourne répéter ce petit mantra « Ne pas se justifier, reformuler, valider les sentiments. Ne pas se justifier, reformuler, … ».

Madame Sioux