A la lecture du dernier article de notre contributrice De Chair et de lait, intitulée Des relations parents – enfants. Chez l’homme et chez l’animal non humain, où elle évoque l’impact de notre façon de faire sur la psychologie future de nos enfants, et notamment le « pessimisme » hexagonal apparemment reconnu… j’ai immédiatement pensé : « estime de soi » !

A l’école de la bonne réponse

De Chair et de lait évoque l’influence de l’école comme génératrice de pression très précoce, comme système laissant très peu de place à l’erreur et la sanctionnant plutôt que l’érigeant en cheminement vers la solution. De nombreux commentaires dressent un parallèle intéressant et exemplifié avec l’école allemande, en évoquant le fait que là-bas, les enfants peuvent parler en classe, se consulter pour chercher une réponse, se lever à tout moment… et qu’ils n’apprennent pas moins bien pour autant.

Mon 1er enfant est sur le point d’entamer sa scolarité mais je me souviens très bien de l’école en tant qu’élève et je confirme que, tout en ayant par ailleurs été ce que l’on considérait comme une « bonne élève », je ne levais la main que si j’étais certaine de posséder la bonne réponse. Il y en a peut-être eu mais je ne me souviens pas de cours où l’on ait pu échanger et partager des idées à bâtons rompus, sans crainte de la sanction du « vrai/faux ». Ou peut-être en cours de philo, en terminale. Un cours où tout le monde pouvait émettre ses idées (car existe-il une « seule vérité » après tout ? ;-) ) et où les frontières entre bons et mauvais répondants s’effaçaient…

L’estime à l’épreuve du quotidien…

Mais n’y-a-t-il qu’à l’école que l’estime de soi se forge ? Personnellement, je reste toujours figée lorsque j’entends des parents asséner à leurs enfants à longueur de journée qu’ils ont 2 mains gauches, qu’ils sont lents, qu’ils ne comprennent rien, ou quand je vois cette mère dire à sa fille qu’elle est « nouille » de rester derrière une voiture qui recule plutôt que de simplement l’avertir du danger… Ne sont-ce pas plutôt ces petites phrases répétées inlassablement qui sapent petit à petit la confiance en eux des enfants, qui devenus adultes, ne savent plus bien de quoi ils sont capables, se sont petit à petit enfermés dans ces appréciations qu’ils ont faites leurs, auxquelles ils vont croire au point de s’y conformer dans leurs actes ?

Pour cela, j’ai trouvé l’exercice du bilan de compétences, que je viens de réaliser à titre personnel, très révélateur. Nous avons tous des approches de la vie différente, relatives à nos histoires de vie mais aussi à nos caractères. Nous ne résolvons pas tous les problèmes ou les conflits de la même façon, nous n’utilisons pas les mêmes techniques. Nous avons tous des habiletés différentes et TOUTES ces habiletés présentant des avantages et des inconvénients en situation de travail notamment. Mais j’insiste, elles présentent vraiment toutes des AVANTAGES. Tel tempérament et telle façon d’aborder un problème feront de vous une personne qui pourra trouver sa place et s’épanouir dans tel corps de métier plutôt que tel autre. J’ai l’impression d’avoir attendu de faire ce travail sur moi pour comprendre que contrairement aux valeurs communément mises en avant (leadership, autorité, rapidité d’exécution, efficacité, empathie limitée…) toutes nos aptitudes sont valorisables et peuvent être sources d’épanouissement au travail, pour autant que l’on parvienne à identifier l’environnement de travail et la profession qui nous correspondent.

… et des stéréotypes socio-culturels

Il en va de même pour les stéréotypes de genre, que nous véhiculons plus ou moins activement et avec lesquels nos enfants vont se familiariser très tôt… jusqu’à les faire leurs ? Pas immédiatement, si l’on en croit l’article de Sciences Humaines relayé par Phypa dans sa contribution Comment le sexisme vient aux enfants :

À quel âge le jugement des enfants sur l’image des deux sexes commence-t-il à être sensible à celui de la société ?

En dessous de 3 ans, rien ne semble pouvoir être détecté, car les enfants distinguent difficilement entre leur jugement et le regard des autres personnes.

Mais rapidement, parce qu’ils observent de façon accrue et sont plus sensibles à nos actes qu’à nos paroles, les enfants établiront inconsciemment une échelle de valeur au fait d’être une fille ou un garçon. Par quels biais ? Deux principaux sont évoqués par l’article :

Les chercheurs en concluent que, plus que par d’autres voies (l’origine ethnique, par exemple), le sexisme parvient aux enfants à travers le spectacle des médias et celui de la subordination domestique.

Ca me rappelle les premiers mots de Pti Tonique, à une époque où il aimait désigner les objets de la maison et en citer les « propriétaires ». Outre la fierté ressentie devant tant de perspicacité et d’observation (oui, c’est mon fils, je m’extasie sans aucune limite !), c’était extrêmement révélateur de l’entendre dire, en désignant le Thermomix : « ça est à maman » et en désignant la centrale vapeur : « ça est à papa !« . ;-)

Bonne lecture à tous !