(sinon j’avais pensé comme titre à « Fournitures scolaires : on nous prend pour des quiches », mais je vous l’ai déjà fait avec les laits de croissance… ;-)

Donc, voilà, c’est la fin de l’année scolaire, youpi ! Mais comme ces charmantes maîtresses ne voudraient pas non plus qu’on parte en vacances le cœur léger et le cerveau en jachère, elles ont glissé la liste des fournitures scolaires pour l’année prochaine dans le cartable de nos chers bambins.

Pour moi, c’est une grande première. Jusqu’ici, avec la Grande Poulette, on s’en était bien tiré : les trois années de maternelle, il avait suffit de deux boites de mouchoirs, une blouse et une collation de temps en temps (nan mais attends, elles ont quel âge les maîtresses pour parler de collation ?!) Et cette année, au CP, c’est la maîtresse elle-même qui s’est chargée de tout acheter. Les parents n’ont rien eu à faire, et ça ne nous a même pas coûté un copeck. Et pour ça, je bénis la maîtresse de CP (et pour plein d’autres choses aussi, notamment sa méthode d’apprentissage de la lecture basé sur la phonétique et la gestuelle, cf. Suzanne Borel-Maisonny, grâce à laquelle, ben la Grande Poulette, elle maîtrise farpaitement la lecture et même, elle adore ça !)

Donc, voilà voilà… Je vous épargne la liste en détail. Mais sachez qu’à 35 ans passés (dont 15 à l’école et 5 à la fac), j’ai donc découvert qu’il existait des protège-cahiers petit format en PVC mauve opaque (mauve opaque on a dit, hein, pas violet transparent…), que Seyès ça voulait dire grands carreaux, que les pochettes à 3 rabats pouvaient avoir des élastiques sur le devant OU sur le dos (et qu’il s’agit donc de ne pas se tromper…), j’en passe et des meilleurs. M’a fallu deux sites en ligne et une librairie de quartier pour en arriver à bout de cette fichue liste. Et encore, je n’ai pas trouvé les recharges pour les stylos à bille à encre effaçable version droitier. Gnark gnark gnark, j’en ai même fait des cauchemars…

Or, voilà t’y pas que presque par hasard, je tombe sur une circulaire du Ministère de l’Éducation Nationale, parue le 30 mai 2013 dans le Bulletin Officiel, qui parle justement de fournitures scolaires. Il y est question de développement des pratiques d’achat responsable. On lit que l’objectif est désormais de :

Faire la pédagogie des pratiques de consommation responsable au moment de la rentrée des classes : des pratiques qui favorisent des achats justes, des achats durables, la réutilisation du matériel à la fois pour des raisons économiques, écologiques et de lien social.

Ces pratiques d’achat responsable sont également une bonne manière de réduire le poids du cartable.

Plus en détail, il s’agit notamment de :

Assurer une large diffusion de la liste-modèle des fournitures scolaires.

Il convient de faire en sorte qu’à tous les niveaux les parents soient désormais mieux informés et davantage associés à l’élaboration des listes de fournitures.

L’objectif de ces démarches est d’éviter des prescriptions inutiles ou trop coûteuses par manque de coordination ou par manque de prise en compte de la situation des familles.

On parle donc de création de comités de réflexion et autres commissions fournitures au sein des établissements scolaires, où enseignants et parents pourront échanger autour de ces fameuses listes…

Il est aussi précisé quelque chose d’important (et ce d’autant plus que je me prends la tête avec ces fichues recharges pour stylo encre à bille d’une marque qui commence par un S et finit par un O) :

En application du principe de neutralité du service public de l’enseignement et conformément au code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire (circulaire n° 2001-053 du 28 mars 2001), un enseignant ne peut en aucun cas exiger l’achat d’un matériel d’une marque donnée.

– et paf, mauvais point pour la maîtresse de CE1… –

Et puis la circulaire détaille aussi :

La composition et le coût de cette liste doit contribuer à favoriser l’égalité des chances et à éviter les risques d’exclusion scolaire.

Il peut être utile, pour les familles, d’échelonner l’acquisition de certaines fournitures tout au long de l’année scolaire, dans un souci de bonne gestion de leur budget. Ainsi, l’acquisition d’une fourniture utilisée seulement à partir du second trimestre peut être différée. Par exemple, la totalité des cahiers prévus pour l’année ne doit pas nécessairement être achetée dès avant la rentrée. Il peut donc être souhaitable que les enseignants précisent, lorsque cela est possible, si tel ou tel équipement est destiné à être utilisé sur la totalité ou sur une partie de l’année.

Ensuite, le texte insiste sur les notions de développement durable et d’achats responsables. Cela passe notamment par l’organisation de bourses aux fournitures au sein des établissements scolaires, ou de centrales d’achats par les associations de parents d’élèves.

J’avais déjà entendu parler de ces achats groupés de fournitures scolaires, je trouvais même l’idée assez séduisante. On en parle par exemple dans cet article de septembre 2012 sur le site de 20minutes. En faisant des recherches sur internet je suis tombée sur des dizaines de sites d’associations de parents qui proposent des solutions d’achat groupé. Dans les écoles publiques et privées, élémentaires, collèges ou lycées. Dans certains cas même, on peut commander des listes incomplètes (histoire de pas racheter chaque année une nouvelle règle 20cm ou des pochettes transparentes…) Il y a aussi des établissements qui négocient des achats de calculatrice en gros (je me souvient encore, en filière scientifique, les babasses coûtaient une blinde et en plus, fallait en changer chaque année…)

Alors, qu’en pensent les intéressés ?  Extrait de la réaction de la FCPE :

Pour la FCPE, l’inflation des listes de fournitures à acheter à chaque rentrée scolaire, parfois dès l’école maternelle, bafoue le principe même de la gratuité et met de nombreuses familles en difficulté.

 L’institution scolaire ayant laissé jusqu’ici aux hasards des choix des enseignants la prescription des fournitures scolaires, la FCPE se félicite qu’aujourd’hui le ministère encourage la mise en place des « commissions fournitures » où représentants de parents et enseignants décident ensemble d’une liste de fournitures, commune à tous les élèves.

Et de celle de la PEEP :

La PEEP est satisfaite que, tout naturellement, sa proposition de faire participer les parents d’élèves, les premiers concernés, à l’élaboration de la liste des fournitures scolaires ait été retenue par le ministère de l’Education nationale.

 La PEEP accueille favorablement l’encouragement et le soutien du ministère à la mise en place de « bourses aux fournitures scolaires » ou achats groupés.

Et sur le site de l’APEL, comment dire… il n’y a pas de réaction officielle. Par contre, quand j’ai tapé « fournitures » dans leur moteur de recherche, je suis tombé sur un article faisant ouvertement de la pub pour scoleo.fr, une entreprise privée qui propose des solutions d’achats groupés aux associations de parents. Euh, là, les bras m’en tombent. Me suis même demandée si le P-DG du truc, c’est pas genre, le gendre du président du comité APEL d’un quelconque département, tiens !

Du côté des syndicats d’enseignants, je n’ai rien trouvé.

Voilà, moi qui vient de me farcir ma première liste de fournitures scolaires, en tant que mère j’veux dire, je vois cette circulaire plutôt sous un angle positif. Mais je ne peux pas m’empêcher de croire qu’une circulaire ne fait pas le printemps, et, pour en revenir à mon titre, je crois qu’il faut que je me rende à l’évidence, le cauchemar des listes de fournitures scolaires ne fait que commencer. (ah, j’vous ai pas dit ? Dans l’école des Poulettes, les parents d’élèves, c’est l’APEL, aheum…)

Miliochka