La marche… retour sur une étape très (trop ?) attendue

Le cap de la marche …

Autour d’un an, la pression se fait forte sur Bébé : quand ce ne sont pas les parents qui le scrutent, l’entourage s’y met avec intensité … « Il ne marche pas ? « , « Quand va t’il marcher » … et donne de nombreux conseils censés accélérer ce moment tant attendu…

Pourtant, la marche est une étape… certes importante, car la marche est ensuite chez l’enfant et l’adulte, le mode de déplacement privilégié … mais elle reste une étape, survenant après d’autres étapes motrices et avant de nouvelles en gestation.

Autour de ce thème, je voulais vous partager le  dossier très bien fait et fourni, développé dans une revue que j’affectionne : Le journal des professionnels de la petite enfance, dans le N° de mai/juin 2013 (n°82).

Le dossier est intitulé « Des pas de géant : la motricité avant la marche », et il se décline sur une dizaine de pages avec deux psychomotriciennes, une puéricultrice et une kinésithérapeute avec un article pour chacune d’entre elles:

  • Marcher, c’est bien et le reste ?
  • De l’accès à la verticalité chez l’enfant : la constitution de l’axe corporel
  • Bouger, Bouger
  • Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour le Bébé

Voila un extrait de l’introduction de ce dossier : 

« Faisons quelques pas en arrière, sans brusquer les choses, et prenons le temps d’observer l’enfant avant la marche. Il aura fallu en effet du temps à ce dernier  pour s’approprier cette acquisition. Il aura fallu de longues étapes toutes plus importantes les unes que les autres (…) car il s’agit du fruit d’une longue maturation et évolution que chaque enfant mène à son rythme et que nous devons respecter en tant qu ‘éducateurs/ parents etc.  … La marche s’acquiert, elle ne s’apprend pas. »

Je ne résumerai pas l’intégralité du dossier, en tout cas pas en un seul article… c’est beaucoup trop riche …. mais voila un bref topo sur le premier article de ce dossier, avec ma petite touche perso  :

 L’accès à la station debout et à la marche demande au jeune enfant de développer un nouveau mode de déplacement et de se situer dans le même plan que ses parents… c’est donc une étape à la fois motrice et psychologique :

A la fois, construire et développer sa motricité de manière sécure, avec confiance et assurance… ce qui est possible si on laisse l’enfant faire ses expériences par lui même et à son rythme

… et passer un cap de maturation psychique: accepter de « grandir », se détacher un petit peu du statut de « bébé », avoir suffisamment confiance en soi pour prendre cette autonomie qui se déploie juste là…

Le jeune enfant est avide de nouveautés, attiré par ce qu’il voit autour de lui, et enthousiaste lors de la découvertes de nouvelles sensations… postures…mouvements…déplacements. Et cela d’autant plus qu’il est laissé libre d’avancer à son rythme tout en étant soutenu par le regard attentif, intéressé et aimant de ses parents …. Le petit enfant se construit grandement par l’image positive que ses parents ont de lui, par l’émerveillement qu’il perçoit dans leurs yeux, leurs gestes et leurs paroles..

Et cela à contrario peut nous faire prendre conscience que l’enfant « pressé de grandir par son entourage » risque de se percevoir comme un enfant décevant, qui ne répond pas aux attentes de ceux qu’il aime le plus,  comme « non capable », comme ayant toujours besoin de l’aide d’autres… comme moins bien que les autres. Respecter le rythme de son enfant… c’est en fait respecter son enfant (tout court) et c’est une belle manière de lui exprimer son amour pour lui permettre de se construire.

On retrouve tout à fait le concept de motricité libre, développée par Emmi PICKLER… qui a déjà été abordé bien souvent dans les articles des VI.

« La motricité libre spontanée consiste à laisser l’enfant bouger comme bon lui semble dans un environnement sécurisé et sécurisant et à lui offrir des occasions de mouvement où il pourra dépasser ses limites sous l’oeil attentif de l’adulte.

Ces mouvements ne sont pas enseignés. Une position imposée à l’enfant alors qu’il ne l’a ni acquise lui-même, ni assimilée peut avoir l’effet inverse : Retarder son développement. « 

Autres petits extraits :

« La totale expérimentation de la motricité permet au bébé d’accéder à de réels moments de victoire et de bonheur, il s’opère donc une riche revalorisation de soi, une mise en confiance de l’enfant ainsi qu’une sécurité  intérieure indispensable au développement psychomoteur. »

« Il est alors indispensable que notre enthousiasme porté principalement sur la marche, se déplace et se répartisse sur toutes les étapes du développement, car elles sont toutes aussi importantes, constitutives de la position verticale et confèrent à l’enfant des bases physiques solides et un développement psychique apportant une base de sécurité intérieure »

Article « Marcher c’est bien… et le reste ?  » de Clémence MATEOS, psychomotricienne

Si le thème vous intéresse, je vous recommande vivement ce dossier et cette revue en général qui fourmille d’informations intéressantes et basés sur des pratiques professionnelles (et non pas sur « la mode du moment » comme dans certains magazines parentaux ).  La revue a d’ailleurs un site ici avec la reprise de certains thèmes abordés dans le journal papier et des vidéos.

Vous pouvez aussi lire cet article  sous un autre angle sur mon blog ici ainsi que d’autres se rapportant au développement psychomoteur et à la motricité libre.

Et si cela vous intéresse, je peux continuer à décortiquer ce dossier dans les prochaines semaines (??)

Maman psychomot

17 réflexions sur “La marche… retour sur une étape très (trop ?) attendue

  1. oui oui oui!! mon 1er a pris son temps pour marcher, je le vivais assez mal au début, puis j’ai laché prise, mais j’aimerais envisager sereinement ce passage pour mon deuz, et des articles comme ça, ça nous aide!

  2. La laloutte à marche à 21 mois et mon mari et moi nous n’avons pas été gênés ou stressés par cette marche cotes un peu tardive mais l’entourage me posait la question tous les jours …!. Et c’est un peu lourd, à chacun son rythme !

  3. Désolée pour les fautes de grammaire mais sur l’iPad, l’accord du verbe avoir ne semble pas être à l’ordre du jour !

    • Merci et ok, je vais préparer la suite pour la semaine prochaine alors ! ( et j’en profite pour vous dire que je suis fan de ma veste clarabulle, et mon Petit Baroudeur aussi :) )

  4. J’aime le concept de la motricité libre qui « consiste à laisser l’enfant bouger comme bon lui semble dans un environnement sécurisé et sécurisant et à lui offrir des occasions de mouvement où il pourra dépasser ses limites sous l’oeil attentif de l’adulte. » C’est de cette façon que l’on laisse notre Crevette évoluer à son rythme. Elle ne marche pas encore à 16 mois, et alors ?

    • A 18 ans, tous ses amis s’en ficheront de savoir à quel âge elle a marché ;) ….déjà dans un an, personne n’y accordera plus d’importance … alors, à quoi bon ??

  5. Merci beaucoup de ta contribution!! Avec mes affreux, j’avoue ne jamais avoir eu l’occasion de commencer à attendre le moment où ils allaient marcher. Transat ou pas, parc ou pas, trotteur ou pas (oui!! j’ai fait cette erreur quelques temps pour le grand….), quatre pattes ou pas, motricité libre ou pas, ils ont tous invariablement marché entre 10 et 12 mois. Mais plus ça va plus ils me semblent téméraires dans leurs explorations…
    Que oui, je veux que tu continues à décortiquer ce dossier sur la marche !!!

    • Oui, moi aussi, je n’ai pas vraiment eu le temps d’attendre la marche… mais je suis toujours estomaquée de voir que dans certaines familles, Bébé est entrainé à marcher à partir de 5, 6 mois… alors qu’il ne tient pas encore assis :( … et combien de fois ai je entendu « Il a marché en retard » … quand Bébé acquiert la marche après 1an ( genre 13 ou 14 mois ….) … Moi, ça me donne des boutons ;)

      • Tiens par contre, je sais que je m’inquiétais de mon aîné qui a deux mois tendait les jambes dès qu’on le prenait aux bras au point de pouvoir tenir debout…comme quoi hein!

  6. Merci pour cet article fort intéressant ! J’ai été abonnée à cette revue pendant 1 an et tu me donnes envie de m’y réabonner tiens (l’abonnement s’est arrêté quand j’ai commencé à y trouver mon compte en fait…).
    Je vois bien la différence entre mes 2 enfants : ma 2e a 11 mois et clairement, ses moindres mouvements sont scrutés pour voir quand elle esquissera un geste allant vers la position verticale et la marche ! En effet, son frère a lui marché à cet âge alors elle fait figure de « celle qui prend son temps ». Et en même temps, grâce à elle, comme le dit l’article, je découvre toutes les étapes motrices qui précèdent la marche et ça me fascine. Je la trouve super mignonne à s’agripper quand elle peut pour se mettre à genoux puis se rassoir, à lever les fesses en position allongée pour essayer de s’assoir seule, etc. Ce matin, je l’ai retrouvée allongée par terre et accrochée au bord du canapé : une tentative de traction ratée ;-) C’est très intéressant à regarder quand l’enfant prend son temps, finalement !

  7. Pingback: La longue route (des parents) vers l’autonomie (des enfants) – [mini débrief] | Les Vendredis Intellos

  8. Bonjour, je viens de voir cet article, qui m’a fait sourire. Ma fille a marché a 19.5 mois, et je reconnait l’avoir difficilement vécu, surtout à cause de la pression de l’entourage. Du coup j’ai focalisé là-dessus alors qu’elle faisait tant d’autres choses pendant ce temps…..Avec le recul, je souris, car désormais, on nous met la pression car elle ne court pas encore vraiment (elle a 23 mois). Maman Psychomot’, peux-tu me renseigner et me dire environ combien de temps après l’acquisition de la marche, un enfant commence à courir? Actuellement elle fait une marche rapide et on dirait qu’elle cherche à courir mais n’y arrive pas vraiment. Merci pour tes lumières! En tout cas bravo pour ton site, une mine d’information de qualité.

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