« Les limites servent à différer, pour différencier et faire grandir » P Jeammet

Les parents et professionnels des crèches de l’Association « Petite enfance des Quatre Rivières » étaient réunis ce Lundi 6 Mai 2013 dans les locaux de la crèche à Viuz-en-Sallaz autour de Denise Dulliand, pychologue intervenante de l’Ecole des Parents, pour une soirée débat sur le thème de « L’autorité au quotidien ».

 

L’objectif de cette rencontre était d’informer et de permettre des échanges entre parents et professionnels sur les limites et l’autorité avec les enfants de 0 à 3 ans.

Avec beaucoup de tact et d’humour, Denise Dulliand a su apporter des réponses, des principes, des voies de solution pour ne pas se laisser déborder.

 

Les limites dans la construction identitaire

Dès la petite enfance, les rythmes sont precurseurs des limites. Ils permettent peu à peu

  • de définir les territoires
  • de poser les bases de « la possibilité de différer », c’est à dire « attendre ».

Lorsque l’enfant va découvrir la marche, la pose des limites va evoluer. Les limites vont pouvoir aider l’enfant à:

  • définir plus precisement son territoire
  • structurer son élan vital (le pusionnel)
  • sortir de la confusion (supporter la frustration)
  • différencier désir et besoin
  • pouvoir vivre avec les autres

 

Comment poser les limites?

La manière de poser les limites releve de l’autorité et non pas de l’autoritatisme:

L’autorité necessite:

  • confiance (pouvoir compter sur l’autre et croire ce qu’il me dit)
  • équité (être le plus juste possible dans la manière de poser les limites)
  • pouvoir écouter l’autre sans pour autant réaliser son désir
  • respect de part et d’autre: celui qui pose les règles et celui qui les respecte

L’autoritarisme relève de cet abus de pouvoir qui caractérise le dressage.

 

Pour que le petit enfant arrive à se définir en tant que petit humain, il a besoin d’un « autre » qui sache lui-même qui il est. c’est cet autre qui lui donnera confiance en lui.

C’est dans la sécurité affective et un cadre sécurisant que l’enfannt pourra devenir autonome et sortir ainsi de la « toute puissance ».

 

Entre sanction et punition

Si les lmites sont transgressées, que se passe-t-il?

La notion de sanction, qui exprime le fait « d’arreter un processus » doit surtout éviter humiliation et soumission. L’enfant n’apprend rien de quelqu’un dont il a peur.

L’éducation aujourd’hui necessite des adultes qui fassent preuve de constance et acceptent de devoir répéter afin de rassurer et de signifier dans le langage le sens de la limite.

Répéter, c’est normal, ce n’est pas qu’il comprend pas!

La sanction doit permettre à l’enfant de reflechir à ce qu’il a fait.

C’est un processus qui demande:

  • de la constance
  • de la patience
  • du temps
  • de la bienveillance

Aimer ce n’est pas tout permettre

C HALMOS, dans son ouvrage « L’autorité expliquée aux parents »

Les parents devant la reaction de leur enfant, craignent parfois de perdre cet amour en étant dans la pose permanente de limites. Mais même si l’enfant de 4 ans, face à la frustration, peut dire à son parent « je ne t’aime plus, tu es méchant(e) », la parent doit pouvoir lui répondre « tu peux ne pas m’aimer, mais moi je t’aimerai toujours. »

La colère fait peur à l’enfant, il a peur d’être détruit. L’aider à sortir la colère au lieu de l’empecher, c’est l’aider à mieux la gérer.

Fabriquer une boite à colère, un objet symbolique à agrsser ou mettre un espace de la colère sont des solutions mises en place dans les structures collectives.

Après chaque moment de crise, le calin est necessaire car l’enfant a besoin de savoir si on l’aime ou pas. Il ne faut pas coucher un enfant sans un calin reconciliateur.

Elle refuse de manger son plat à tous les repas, dois-je la priver de dessert?

Une maman d’une petite fille de 2 ans et demi

Il ne faut la priver de dessert si elle ne veut pas manger. Il faut donner à l’enfant ce qui était prevu sans augmenter la quantité, ni compenser à 16h. Notre rapport à la nourriture relève de puissants mécanismes inconscients. Nos affects, plus ou moins plaisants, déterminent une grande partie de notre conduite alimentaire. Les enfants l’ont bien compris et utilise ce levier pour faire pression.

Il me rit au nez quand je le punis

Une maman d’un enfant de 18 mois

Le fait de stopper un processus « tu n’as pas le doit de jouer avec mon ordinateur! » est une sanction en elle-même. Il ne se moque pas, ce n’est pas de l’insolence… c’est de la sensibilité!! ‘Je ne veux pas que tu vois que cela me touche »

Cela fonctionne même s’il parait content, il y pense, cela le touche.

Bibliographie

 

  • Parents, osez dire non de P. Delaroche
  • L’enfant chef de famille de D Marcelli
  • Il est autorisé d’obéir de D Marcelli
  • L’autorité expliquée aux parents de C Halmos
  • Pourquoi l’amour ne suffit pas de C Halmos
  • A quoi sert l’autorité de V Guerin

Une soirée qui a permis de partager sur ces difficultés quotidiennes, de se dire aussi «Ouf, je ne suis pas tout seul »et de s’entendre dire« finalement vous ne vous en sortez pas mal du tout ».

 

Joyeux bordel au fond du jardin