additionPour Stella Baruk, selon le Monde, l’échec en maths n’existe pas. Ou plutôt l’échec n’est pas l’échec de l’enfant, mais l’échec de l’enseignant. Voire de l’enseignement.

« Cessons de dire que les élèves sont en difficulté, examinons plutôt ce qui les a mis en difficulté! »

Une approche à contre-courant qui a fait grincer des dents, mais dont l’efficacité semble redoutable.

« En Nouvelle-Calédonie, le gouvernement l’a régulièrement sollicitée, depuis 2000, pour former les enseignants. A Paris comme à Bonneuil-sur-Marne, des enseignantes de CP et CE1 constatent que la « méthode »  Baruk permet aux enfants de milieux défavorisés de s’emparer eux aussi des mathématiques. Janine Reichstag, professeur à l’IUFM de Créteil, a mené l’enquête, comparé les capacités numériques des CE1 « Baruk »  avec celles d’autres CE1 : « La réussite des premiers, bien que situés en ZEP, s’avère nettement supérieure. Et plus intéressant encore : les élèves y sont devenus exigeants en compréhension. Ils posent des questions dans les autres disciplines. «  »

Pourquoi dit-elle qu’elle se base sur la langue pour apprendre les maths ?

L’exemple vous fera sourire : Quel est le double de 5 ? 6. Bah oui, 6  double 5 comme une voiture en double une autre. 6 va un peu plus vite que 5, non?

Qu’est ce qu’un double ? Quel est le sens de doubler? Il a double sens, ce mot… (si vous vous y retrouvez dans mes jeux de mots vous êtes forts). En français, doubler signifier aussi bien passer devant que multiplier un nombre par deux, c’est à dire lui l’additionner lui-même. Et additionner c’est quoi?

« […] la langue tient un rôle essentiel. La pédagogue en est à ce point convaincue qu’elle a passé quatorze années, dont quatre quasiment recluse, à rédiger un monumental dictionnaire de mathématiques qui ne se contente pas de définitions, expose l’histoire et l’étymologie des mots, met aussi en regard leur sens dans les langues courante et mathématique. L’outil de travail, aujourd’hui, de bien des enseignants. « Pour faire des maths, il faut comprendre les formulations. Acquérir au plus tôt, apprivoiser, une langue de savoir rigoureuse et spécifique. Il faut oser demander à des petits d’organiser un nombre en somme ou en produit, à des plus grands d’interpréter la solution provenant d’un même quotient euclidien. » « 

Pour moi, cela ne s’applique pas qu’aux maths : je me rappelle avoir eu d’énormes difficultés, petite, à répondre à cette question (récurrente) en cours de français : « Quel est le genre du mot qui est devant le verbe ? ». Le sens du mot « genre » et le sens du mot « verbe » ne me posaient pas de problèmes. Quel était le mot qui était devant, par contre, m’a toujours posé un problème (encore aujourd’hui). Devant, c’est à gauche ou à droite, sur une ligne ?

Pour moi, devant, c’est devant moi. « Devant la maison », ça je sais où le situer. « Devant un mot »? C’est à droite, car si je suis le mot, la partie devant moi, c’est la droite de la feuille.

J’ai eu la chance de donner des cours particuliers de maths à un élève de 12-13 ans, un été (Vous pouvez aller lire son histoire sur mon blog). Un élève en difficulté qui avait évité de justesse de le redoublement à cause de ses notes en maths.

Pour finir, citons Baruk elle-même « Je ne me prends pas pour Jeanne d’Arc mais je crois que je peux faire avancer les choses. Avec ce que je propose, dans une classe entière, il n’y a pas un échec en numération. Pas de cours supplémentaires le samedi, de stages à Pâques, autant de dispositifs censés aider les enfants mais qui en fait les enfoncent en les montrant du doigt. J’affirme que tous les enfants sont capables de faire des maths jusqu’au bac. »

Lui permettra-t-on de le prouver?

Que du bonheur

 

Edit du 10 juin : Phypa me signale qu’elle a également commenté cet article, allez voir !