Titre choc, désolée, mais c’est la première réflexion qui m’est venue à la lecture de cet article : Ritaline, « la drogue des enfants » dont les ventes explosent.

D’abord, qu’est-ce que la Ritaline?

C’est un « médicament prescrit pour apaiser l’hyperactivité des enfants. Et ce produit [est] inscrit sur la liste des stupéfiants » du fait de la molécule qui le compose, la méthylphénidate, proche des amphétamines.

A qui prescrit-on de la Ritaline?

A l’origine, ce médicament était prescrit par les neurologues (puis par les psychiatres ou pédiatres hospitaliers) pour les enfants souffrant de TDAH, c’est-à-dire un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Trouble qui « toucherait 3 à 5% des enfants en France ».

Or, dans cet article, on apprend que « selon une étude publiée mercredi par Le Parisien, le nombre de boîtes vendues de méthylphénidate, la molécule qui se cache derrière ce médicament, a explosé de 70% en France ces cinq dernières années, passant de 283.000 boîtes vendues en mars 2008 à 476.900 en mars 2013. »

Et c’est ce qui m’a interpellée.

Selon le journaliste, on prescrit de plus en plus de cette molécule or, le nombre d’enfants réellement atteints de ce trouble est faible. La TDA/H est une vraie maladie neurologique. Tous les parents dont un enfant est atteint parlent de handicap. J’ai eu un élève atteint de TDAH cette année dans une de mes classes, un médecin est venu rencontrer les parents et l’équipe pédagogique à la demande du principal, ce qui nous a permis de mieux comprendre cette maladie et d’essayer d’y faire face ensemble. J’en parle aujourd’hui sur mon blog : Être prof : travailler avec un enfant hyperactif (TDAH).

Mais de plus en plus de médecins prescriraient cette molécule pour des enfants qui ne sont absolument pas malades mais qu’on qualifie à tort d' »hyperactifs » comme le souligne ce médecin :

« La Ritaline est une béquille chimique qui permet à certains enfants de s’adapter à des contraintes trop dures pour eux. Ces enfants, que j’appelle des « zappeurs », ne sont pas des malades. Ils sont simplement porteurs d’un caractère fait pour le mouvement, l’espace, la liberté de bouger, d’essayer, d’expérimenter, de créer, d’inventer. Cela fait d’eux des enfants encombrants, dérangeants et finalement rabroués en permanence », explique à BFMTV.com le Dr Dominique Dupagne, médecin généraliste.

Et c’est là le problème soulevé par cet article. Parce que ce n’est pas un simple calmant, c’est un médicament, une molécule chimique, avec des effets secondaires indésirables : « des incertitudes demeurent sur les effets à moyen et long terme » sur le plan « cardiovasculaire, neurologique et psychiatrique ».

« Les effets secondaires psychiques de la Ritaline sont totalement différents chez les « zappeurs » et les « non zappeurs ». Calmant chez les uns, excitant chez les autres. Pour le reste, on constate une perte de poids par effet coupe-faim, et parfois un ralentissement de la croissance après un traitement prolongé. Le risque d’addiction existe également en cas de surdosage », détaille le Dr Dupagne.

Alors pourquoi prescrire une drogue à des enfants qui n’en ont pas besoin?

« Ce médicament et ses cousines leurs apportent une stimulation chimique qui, paradoxalement, calme et rend attentifs certains d’entre eux. Les parents sont donc satisfaits et demandeurs. Les maîtres confirment que les résultats scolaires progressent. Mais fondamentalement, il s’agit d’un artifice qui ne soigne rien, et qui permet de s’adapter à un système normalisant qui, lui, ne s’adapte pas à ces enfants. Une éducation spécialisée adaptée leur permettrait de se passer de Ritaline sans problème, mais nous n’en avons pas les moyens », reconnaît le médecin.

Triste constat que fait cet article : nous n’avons pas les moyens, dans notre société, de nous occuper de ces enfants débordants d’énergie et nous les droguons pour qu’ils s’adaptent à la vie en communauté, à la maison ou à l’école. Nous mettrions sciemment leur santé en danger (je ne parle pas des enfants réellement atteints de ce trouble, mais de ceux qui n’ont absolument pas besoin de ce médicament) pour avoir la paix, pour qu’ils se fondent dans le moule alors que c’est à nous, de nous donner les moyens de nous adapter à ces enfants un peu différents.

Après le scandale du Mediator, prescrit à tort pour des régimes, le scandale de la Ritaline, prescrit pour calmer des enfants pleins de vie?

Kiara