L’erreur est-elle une faute?

J’ai lu, il y a peu, le premier numéro de PEPS, (grâce à Vermicel, merciii!) et on y parle un peu (beaucoup) de l’erreur et de l’image (négative surtout) qu’on en a dans nos contrées.

Un des articles intitulé « Il était une fois l’erreur » retrace son histoire :

Dans l’Antiquité grecque, l’erreur est appréciée. Des scientifiques grecs comme Thalès se mettent à rejeter les explications surnaturelles de phénomènes naturels. […] Dans leur démarche, ils tâtonnent et font des erreurs pour progresser. L’erreur fait donc partie du processus de recherche, elle est profondément humaine et valorisée.

Au Moyen âge, l’erreur est diabolisée. « l’erreur est humaine » mais elle devient aussi mal-aimée. Errare humanum est, perseverare diabolicum : se tromper est humain, persévérer est diabolique. En Occident, à cette époque, l’erreur est confondue avec la faute morale. Elle n’est donc plus perçue comme partie prenant de l’apprentissage mais comme la marque du Mal.

À l’époque moderne, l’erreur est une bêtise. […] Fontenelle puis Voltaire y incluent les sottises et mensonges. On est toujours dans la moralisation. […] Ils pressentent que savoir que l’on ne sait pas est une étape essentielle […].  Malgré cette avancée l’erreur reste entâchée de faute.

Du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, l’erreur recommence à avoir des avocats. […] Par la suite, de nombreux chercheurs voient l’erreur comme un moment incomfortable où l’apprenant est vulnérable mais est prêt à résoudre un problème par ses propres moyens. […] Plus récemment, des chercheurs français comme JP Astolfi ou Daniel Favre réhabilitent l’erreur. Et pourtant aujourd’hui, ces idées restent à la porte de la plupart des écoles, où l’erreur est rarement valorisée mais sanctionnée par des « mauvaises » notes.

De fait, l’erreur n’est pas très bien vue. Pourtant, tout le monde doit apprendre. Comme me disait un copain belge « Si personne te l’a appris, tu vas pas le sucer de ton pouce. » (oui bon, j’adore cette expression, j’ai pas pu résister au plaisir de la recaser. ^^) On n’a plus tellement, dans nos sociétés, le « droit à l’erreur ». De plus, tout le monde fait des erreurs d’étourderie. Fatigue, stress, ou autre font que… Mais elle n’est vraiment pas acceptée. (enfin, je trouve quoi.)

Mais je me pose la question quant à l’école. Est ce l’erreur qui est mal vue? Ou est ce la mauvaise note, le statut de « mauvais élève » qui est stigmatisé?

Et vous, qu’en pensez vous? (Notamment les instit’ et profs, comment vivez vous l’erreur dans votre métier? L’erreur des élèves, l’erreur des collègues, vos propres erreurs?)

Vous me pardonnerez donc mes fautes de français, mais vous pouvez me les signaler pour que je les corrige. ;)
(et si tu veux venir corriger les fautes dans ma tanière, n’hésite pas. Mais attention, parfois, ça pique les yeux quand même… ^^’)

La Farfa

49 réflexions sur “L’erreur est-elle une faute?

  1. L’étude des erreurs est un élément important pour la compréhension des processus d’apprentissage des langues (maternelles et autres). Les erreurs peuvent être regroupées, ordonnées et correspondent à des cheminements d’apprentissage. Il semblerait donc que l’erreur soit partie intégrante de l’apprentissage. En revanche, corriger les erreurs n’est utile que si l’on reprend la bonne formule. Par exemple en anglais, « I goed » est une erreur classique, même parmi les enfants de langue maternelle anglais, il ne sert à rien de dire à un jeune enfant : On ne dit pas « I goed », on dit « I went », il vaut mieux dire : « So you went… », dans ce cas, c’est la familiarisation avec la bonne forme qui sera utile…
    D’une façon générale, il me semble que les erreurs sont utiles à l’apprentissage (et intéressantes, donc, pour en comprendre les rouages !), il vaut mieux faire avec des erreurs que ne pas faire par peur d’en faire, donc valoriser les erreurs devrait peut-être faire partie de la pédagogie ;)

  2. :comme on le dit souvent « il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreur » (bon, ok, je l’ai un modifiée). Je pense qu’on avance en faisant des erreurs, et quand on refait le même parcours, on a appris de ces erreurs et on va plus loin. Ca me fait penser au tâtonnement pédagogique de Freinet… merci de ton article Kawine!

    • oui, on apprend de ses erreurs, c’est certain. Dommage qu’on finisse souvent par en avoir peur, de ces erreurs…

  3. Le fait qu’il y ait un système de notation stigmatise de toute façon l’erreur, nous sommes façonnés comme cela. Pas simple, du coup, de ne pas culpabiliser quand nous ne parvenons pas à faire quelque chose !
    J’adore l’approche de M. Montessori : tout est auto-correctif. Pas de sanction.
    J’ai découvert cette marque de jeu, sur le même principe, j’adore (et mes filles aussi !) :
    http://www.smartgames.eu/fr
    Sans compter tous les jeux collaboratifs, ou on perd/gagne ensemble : éliminer les concepts de « gagnant » et « perdant », ça permet de voir l’erreur comme une étape, et pas comme une tuile.
    Mais ça reste difficile, je trouve, de valoriser les « échecs » de ses enfants. Le nombre de crise parce que l’aînée n’arrive pas à mettre ses chaussures / la cadette n’arrive pas à se lever seule… Valorisé ce qui est fait, accompagner l’émotion et aider sans que ce soit perçus comme dévalorisant, c’est pas toujours simple !

    • Oui, j’aime beaucoup les jeux collaboratifs. Je n’ai pas du tout l’esprit de compétition, je sais pas si ça joue.
      Après discussion avec mon père, prof à la retraite, il m’a dis que ce n’est pas forcément les profs qui veulent des notes à tout prix, mais plus souvent les parents (et les élèves, mais je pense que c’est pousser par les parents.)

      • Je ne doute pas que les parents veulent des notes ! Un moyen pour eux de (sur)veiller ce que font leurs enfants à l’école ? Une façon d’utiliser le « pouvoir » de l’adulte sur l’enfant ?
        Un défouloir au vécu de l’adulte qui est sanctionné à la moindre boulette professionnelle ?

        • Sans doute pensent ils pouvoir mesurer l’implication de leur enfant à l’école par ce biais. Sauf que ça marche pas comme ça. Et ça stigmatise les enfants au final.
          Et aussi peut être, pour certains (rare j’espère) la volonté de pouvoir se vanter de leur enfant auprès d’autres adultes?
          Moi, je me suis posé la question, comment faire, à l’heure actuelle, pour supprimer les notes en lycées, pour les élèves qui ont besoin de « bon dossiers » pour accéder à des prépas? Si les notes ne sont pas supprimées partout en France en même temps,ça va mettre des élèves dans la mouise non? Du coup, comment faire évoluer les mentalités? Comment surmonter ce blocage?

        • Les parents veulent des notes, oui. Et les enfants aussi. Parce qu’ils ne voient leur évolution qu’ainsi. Non, la note n’est pas une sanction. Elle évalue ce qui a été acquis / compris / appris. Un bon élève a un 10/20, on se demande comment cela se fait, on essaie de comprendre ce qui n’a pas été compris ou ce qui s’est passé (parfois ça n’a rien à voir avec la notion, l’élève n’était pas en forme, c’est tout. Mais ça fait partie de notre métier de nous intéresser à l’élève). Alors qu’un mauvais élève qui a un 10/20 on le félicite, on lui montre qu’il peut y arriver. Pour un même chiffre, on a des attitudes différentes, les élèves ne sont pas des numéros.
          Avec le socle commun des compétences, on tend enfin à faire reconnaître que l’élève évolue. On note un point rouge quand ce n’est pas acquis et un point vert quand ça l’est. Les élèves sont fiers quand après cinq points rouges, ils ont un point vert. Ils progressent, ils le savent.

          • j’aime bien l’idée de validation des acquis, sans note (si j’ai bien compris.) Parce que même si le prof ne compare pas les élèves, les élèves se comparent beaucoup entre eux non? Et les parents vont voir sur les bulletins, où se situe leur enfant par rapport à la meilleure moyenne de la classe et par rapport à la moyenne de classe souvent non? Ou alors on supprime les moyennes?
            Je te rejoins parfaitement sur le fait que la note n’est pas une sanction. Mais j’ai l’impression qu’une mauvaise note est souvent prise de cette façon.

            • PS : je sais pas si c’est très clair dans ma réponse donc je précise. Je pense qu’il faut arriver à convaincre les élèves (et leurs parents) que la note est là pour les aider eux, à voir ce qu’ils ont besoin de réviser, d’approfondir et là où ils sont au point. Et pas une façon de les juger. ;)
              Quelque part, c’est dédramatiser les notes qu’il faut faire en fait, non?

              • C’est pour ça qu’une note est la plupart du temps un ensemble de petites notes. L’élèves sait où il a des difficultés et où il doit progresser. Et on doit mettre une appréciation, essayer de la développer au maximum pour que l’enfant (et l’adulte) comprenne comment progresser. Par exemple, là je corrige les rédactions du Brevet Blanc, je mets une note sur le respect des consignes et du sujet, une sur la pertinence du travail de l’élève et une sur la langue (ortho, syntaxe, etc.). Certains sont bons en analyse de sujet, d’autres en langue, d’autres en invention. A chaque fois, je mets une note mais je note aussi les acquis et les non acquis qu’ils reporteront lors de la correction sur leur grille du socle commun des compétences. A chaque trimestre on fait un bilan et en fin d’année, ils verront où ils ont progressé.

                • Les enfants ne veulent pas des notes, ils n’ont pas le choix ! Le système est ainsi fait qu’ils en ont besoin, mais ce n’est pas un besoin naturel.
                  Ce qui est naturel, c’est d’avoir envie d’apprendre. Parce que le sujet nous intéresse, a du sens… pas parce qu’il y a une carotte au bout, ou une sanction si on ne se conforme pas !

                  Il y a de bien meilleures méthodes, sans les effets délétères de la notation pour valider les acquis et progresser. L’autocorrection est la première, qui va de paire avec une façon complètement différente d’aborder l’enseignement (chacun à son rythme : certains liront à 5 ans, d’autre à 8, ça n’a pas plus d’importance que de savoir marcher à 9 ou à 20 mois).

                  J’avoue être très sceptique sur la différenciation d’un 10/20 selon l’élève (bon résultat pour l’un, mauvais pour l’autre). Parce que une note est quantitative par essence, et pas qualitative. Parce que la note restera de toute façon telle quelle dans le dossier. En ce sens, si elle valide dans certains cas les acquis, elle marque surtout les défaillances, de manière indélébile.
                  C’est un frein à l’apprentissage, pas un moteur, et encore moins une aide.

                  Ils en parle mieux que moi :



                  C’est possible et beaucoup plus efficace de faire autrement, même dans le cadre d’un système éducatif d’état :
                  http://kaizen-magazine.com/les-secrets-de-leducation-a-la-finlandaise-chaque-eleve-est-important/

                  • N’importe quoi, mes liens, désolé…, je me suis emmêlée les pinceaux.
                    C’est plus dans le sujet des notes :

                  • « C’est possible, ça, d’être prof et pas intéressé par la pédagogie ? » : oui, les bêtes à concours. Ceux qui passent des concours parce qu’ils sont intelligents et non parce qu’ils ont la vocation. C’est pas dans l’évaluation qu’il y a un problème (ceux-là sont repérés et on les accompagne pour les aider) mais dans le recrutement par concours. C’est comme dans tous les métiers, on se demande ce que certains font là…

                    Pour quoi trouves-tu « la conclusion très triste »? Au contraire, on a essayé de trouver une solution pour conserver cette heure différente. On a travaillé par thème. Et ça leur a plu. Davantage que par niveaux. On ne faisait pas d’évaluation sur cette heure-là. Aucune note, juste de la découverte. Mais ce qu’on apprenait sur ce temps différent leur servait en classe. Et ça enrichissait les cours.

                    « remettre les fortes têtes dans l’objectif travail et réussite » : n’aie pas froid dans le dos, tu n’as pas compris ce que je voulais dire parce que je me suis mal exprimée. Je voulais dire qu’ainsi, chaque élève trouvait au moins un point fort, une matière dans laquelle il pouvait aider et tous ont constaté qu’ils n’étaient pas « totalement nuls ». Donc ils ont trouvé un objectif et se sont sentis valorisés. On n’est pas bon partout, ni totalement mauvais, donc en leur faisant prendre conscience de cela (les bons aussi étaient aidés dans certaines matières, ce qui casse l’image d’intello), on les a remis dans l’objectif : l’école est un passage, autant apprendre quelque chose en route pour ne pas rester sur le bord. D’où une meilleure réussite. Je sais pas si c’est plus clair…

                    C’est aussi pour tout cela que je préfère le lycée professionnel. Des ados qui étaient découragés par les matières générales nous montrent de réelles qualités dans leur futur métier, ils se sentent valorisés et ont envie de montrer qu’ils sont peut-être nuls en maths mais tellement épanouis dans leur apprentissage. C’est pour cela qu’il faut amener les élèves à ne pas suivre bêtement le troupeau du Bac Général. Un bac pro est aussi un bac, un vrai bac! On a convaincu les parents (gouvernement Jospin, tout le monde doit avoir son bac général) que la voie royale était la voie générale. Non, la voie royale, c’est celle qui fera découvrir à l’enfant ce en quoi il est doué. Il faut commencer tôt. Parce que l’école n’est qu’un passage qui conduit à la vie adulte. Et quand on sait où on va, c’est tellement plus agréable. C’est comme lorsqu’on fait une randonnée, le chemin peut paraître très long quand on n’a pas d’objectif. Mais quand on sait où on va, on y prend plus de plaisir.

                    Quand je parle des parents qui reportent leurs peurs sur les enfants, ça fonctionne aussi dans l’autre sens : « Mais moi, j’aimais l’école, pourquoi mon fils/fille n’aime pas ça, ne fiche rien, etc.? » Parce qu’il n’est pas vous, parce qu »il a d’autres centres d’intérêt qu’il faut découvrir.

                    C’est peu-être aussi bien que tu ne voies plus la cour d’école. Sinon tu ne laisserais pas ton enfant vivre ses expériences en liberté. Fais-lui confiance. Un enfant raconte (pas forcément avec des mots mais avec des attitudes aussi).

                    Quant aux 31 dans une classe, on est d’accord. C’est n’importe quoi!
                    Quant à la violence, la société est plus violente, tout ce qui se passe ailleurs se retrouve dans un établissement scolaire. Par exemple, j’ai parlé du mariage gay en classe parce que les enfants avaient des questions. Tout se retrouve dans une classe, c’est normal. Les gamins qui font du catch en maternelle parce que papa regarde le catch devant lui… il y a un problème. Pareil pour le gamin en sixième qui veut disséquer des animaux parce qu’il a vu ça dans Dexter…

                    Je suis prof, et pourtant, je ne suis pas avare de critiques sur mon métier. Il faut que ça change. Mais on ne nous écoute pas. Pourtant, on a des idées!

                    • Entièrement d’accord, vous n’arrivez pas à vus faire entendre et ce depuis longtemps. Sans doute parce que votre message n’est pas « vendeur » pour les médias? Mais à chaque grève, on ne n’entend pas tellement les revendications, en tout cas, c’est jamais très clair. -.-‘

                    • Et oui, en France, on a dévalorisé les voies par apprentissage que c’en est affligeant. Mon père était dégouté des collègues qui décourageaient les bons élèves qui voulaient faire un apprentissage en alternance parce que « nan mais avec ton niveau, ça serait dommage. Tu ferais mieux de passer le bac. »
                      Et oui, les bêtes à concours, ça existe partout (merci le système concours français… Qui évalue sur les capacité à « ingurgiter puis recracher » les connaissances et pas sur la vraie motivation…. (et dans énormément de métiers hein…)

                  • Je pense que les élèves réclament des notes aux profs, parce qu’on leur a appris que c’est la seule façon de s’évaluer correctement.
                    Parce que les parents (certains, pas tous) leur apprennent à se comparer aux autres (bienvenue la peur du jugement et du regard des autres. ^^’).
                    Et aussi parce qu’on leur inculque (les parents? Certains profs? Le système éducatif et la société?) la culture du résultat, et pas celle du processus. (y avait un article très intéressant la dessus dans PEPS.)
                    Je pense que pas mal de prof aimeraient que le système change, sont hyper motivés mais un peu dégoutés du fonctionnement du système (nan mais 30 élèves par classe, dès la maternelle… Ca me dépasse quoi…) et du manque de soutien de la hiérarchie et du ministère. Sans parler de l’image désastreuse renvoyée par les médias.
                    Mon père pointait aussi le fait (lors de notre discussion) que c’était pas non plus évident de faire cohabiter des élèves de tous horizons parfois. Faut dire que parfois, les profs font ce qu’ils peuvent, malgré ce que les enfants vivent, entendent, apprenent dans certaines familles…

  4. Merci beaucoup de ta contribution!!!
    Quand l’APA était en maternelle, il avait une trouille incroyable à l’idée de se tromper… alors je lui avais sorti mon baratin d’étudiante en sciences de l’éducation pour lui expliquer en quoi l’erreur était signe d’apprentissage (En gros: si je ne me trompe pas, ça veut dire que je savais déjà ce qu’on pensait m’apprendre, donc ça veut dire que je n’ai rien appris). Il a évidemment tout ressorti à sa maîtresse dès le lendemain, qui en pris pour son grade…^^
    Je me désespère que cette conception positive de l’erreur (revendiquée tout de même depuis l’éducation nouvelle, début XXème…!!) ne soit toujours pas correctement intégrée à l’école et dans la société….
    Si tu veux poursuivre tes réflexions, je te signale que le bouquin de Stella Baruk – qui est à la bibli des VI – parle justement du traitement de l’erreur en mathématique et de ses liens avec l’échec scolaire… ;)
    Sinon, il y aurait peut être dans la salle un-e professeur-e des écoles pour nous refaire un petit topo piagétien sur le couple accommodation/assimilation ???

  5. Pingback: Quand l’école ignore ses failles [mini-débrief] | Les Vendredis Intellos

  6. Quand j’étais étudiante et quand j’ai appris mon métier, j’ai découvert qu’il fallait se tromper pour apprendre.
    Je n’utilise pas le mot « faute » avec les élèves. Mais eux, si! Et ça m’énerve! Je leur dis toujours que quand on comprend son erreur, on apprend. Mais leurs parents utilisent encore le mot « faute » et ça n’aide pas!
    Je déteste ce mot. Par exemple, quand je corrige une dictée, je souligne les erreurs et non les fautes. Comme si c’était un crime de ne pas savoir orthographier correctement un mot! Non, c’est une erreur et qui dit erreur dit progression. Une erreur, on peut la corriger (si on en a envie)à et c’est comme cela que l’on progresse (d’ailleurs, je leur fais corriger leurs erreurs et si c’est fait intelligemment, je rajoute des points. Donc personne n’a de 0 en dictée).
    Allez, je file souligner les erreurs des élèves (je corrige les Brevet Blancs) en rouge. Espérons qu’ils en tirent quelque chose de positif. ;-)

    • Oui, j’ai volontairement couplé les deux mots dans le titre parce qu’ils finissent par être synonyme dans l’esprit de beaucoup de gens j’ai l’impression. Alors que la faute est connoté négativement, et pas l’erreur (en tout cas dans ma perception des choses.)
      Bravo à toi de démontrer à tes élèves les vertus de l’erreur. :)

      • Je suis pas une exception, hein! Depuis quelques années, on apprend aux profs à valoriser les élèves et à leur faire comprendre que se tromper permet de se corriger et donc d’apprendre. D’où l’intérêt des classes hétérogènes. L’un se trompe, l’autre le corrige, ils apprennent.

        • ah bah je suis contente de savoir ça. ^^ (quand on sait qu’on m’a envoyé en allemand LV1 pour être, je cite « dans une classe de bons élèves, de ton niveau ». J’ai peut être pas eu de bol mais à l’époque, l’hétérogénéité dans les classes, c’était pas trop ça. ^^’)
          C’est chouette, qu’on vous apprenne ça. :)

          • Oui mais quand on entend dire qu’on songe à refaire des groupes de niveau… Ça me fait peur!

            • Quand j’étais au collège et au lycée, je rêvais de classe de niveau… Selon la matière, je trouvais le cours d’un ennui mortel (beaucoup trop lent, je voulais en savoir plus, plus vite, plus approfondi, plus d’interactions) et d’autre beaucoup trop rapides (à peine le temps de prendre des notes, encore moins le temps de réfléchir pour comprendre…).
              Je n’ai que très très très rarement vécu de réelle solidarité entre les élèves d’une même classe : faciliter le copiage ou filer ses réponses aux exos, ce n’est pas de l’aide utile… Je ne suis pas sûre qu’un « pair » puisse être d’une grande efficacité pédagogique (lire Neufeld&Mate – Retrouver son rôle de parent).

              L’hétérogénéité, ça fonctionne beaucoup mieux quand il y a plusieurs âges dans une même classe, il n’y a qu’à voir des enfants entre eux : les plus jeunes sont attirés irrésistiblement vers les plus âgés, qu’ils prennent en modèle ! Et les plus grands apprécient souvent d’être ainsi admirés et sont donc enclins à montrer, expliquer, etc.

              Du coup, tant qu’on fonctionnera par classe d’âge (aberrant !), des classes de niveaux permettraient peut-être de mieux adapter le cours aux élèves, et donc leur favoriserait l’acquisition au rythme de chacun, non ?

              • Mouais, je pense qu’on pourrait valoriser les « bons » élèves (leur demander d’expliquer le cours à certains autres, plus en difficultés sur ce cours là.)
                Après, pour les clases d’âge, oui, y a peut être moyen d’améliorer, mais ça demande un gros changement de mentalité donc ça sera long.
                Perso, j’étais pas du genre à laisser copier les autres car je considérais que les contrôles nous servaient à constater là où c’était bon et là où il y avait encore des choses qu’on comprenait pas. Donc je considérais que c’était pas rendre service. (et aussi, si je savais que l’autre avait strictement rien branlé, j’avais pas envie du tout, tout court….. Ouais, j’étais aussi un peu une charogne. XD)
                En gros, supprimons les contrôles, ça permettra peut être plus d’entraide non?
                Parce que autant, je ne laissais pas copier sur ma copie, autant, j’expliquais volontiers les cours (que j’avais compris) et j’aidais aux exos (en aidant les autres à le faire, pas en les laissant recopier mes solutions sans rien comprendre. ;) ) Et je devais sans doute pas être une exception. Mais faut voir que les « intellos » étaient aussi assez mal vus à l’époque, donc pas forcément sollicités pour de l’aide, non?

                • Valorisant pour les « bons », peut-être, mais la pédagogie, c’est un métier qui s’apprend (et qui n’est pas enseigné à l’IUFM, malheureusement…).
                  Ça reste dévalorisant pour celui qui est aidé par un copain du même âge : pour ne pas passer pour un idiot, c’est tentant de dire qu’on a compris alors que ce n’est pas le cas…
                  Alors qu’avec un élève d’un ou deux ans de plus, il n’y a pas de comparaison donc de dévalorisation possible. Et c’est encore mieux quand c’est l’environnement qui permet d’apprendre sans une explication par A+B. En voyant en photo du matériel pédagogique montessorien, j’ai compris en quelques secondes (dans le sens d’intégré) des concepts que j’ai appris en surface (contrainte et forcée, donc juste appris par cœur). Dommage !

                  J’étais exactement comme toi pour le copiage ! :)

                  C’est sûr qu’il y a du boulot pour changer totalement les mentalités. Il y a des pays qui ont mis 30 ans, mais au final, ça fait envie :
                  http://kaizen-magazine.com/les-secrets-de-leducation-a-la-finlandaise-chaque-eleve-est-important/

                  • ça, je ne sais pas comment c’est vécu par ceux qui n’ont pas compris, de se faire expliquer la leçon par un camarade de classe. Je me rappelle que dans mon cas, les autres n’avaient pas l’air de trop mal le vivre. Après, je proposais de l’aide et j’étais jamais négative je crois. Ca doit être possible, si le « bon » élève ne prend pas la grosse tête et ne regarde pas les autres de haut. ;)

                    • Je pense qu’on ne fait pas assez confiance aux élèves. Les bons n’ont pas toujours la grosse tête et les mauvais ne sont pas des bons à rien. Justement, les faire s’entraider permet de voir qu’ils e sont pas bons partout ni mauvais partout. Et puis on est là pour surveiller et aider, parfois à remettre les fortes têtes dans l’objectif travail et réussite. D’ailleurs, les « intellos » apparaissent généralement moins comme des « intellos » qui savent tout après ces travaux à deux. Le « faible » se rend compte que c’est un élève comme lui.

              • Le grand problème des parents, c’est qu’ils rapportent tout à leur propre scolarité. Je l’ai fait aussi quand j’ai débuté ce métier. « Moi, à mon époque ». Mais ton élève, ton enfant, n’est pas toi, le système éducatif, la société n’est pas la même qu’à ton époque! Les parents qui n’aimaient pas l’école transmettent leur dégoût à leur enfant et on se retrouve avec des gamins qui sont mal à l’aise. Arrêtons de les influencer, laissons-les se faire leur propre idée! Et arrêtons de comparer ce qui n’est pas comparable. A mon époque c’était ainsi, maintenant c’est différent!
                Je me permets de faire cette réflexion car depuis presque 6 ans que j’enseigne, j’ai travaillé dans plus d’une dizaine d’établissements. J’ai pu comparer leur manière de fonctionner qui est très différente. Non, il n’y a pas UN collège, il n’y a pas UN lycée. Il n’y a pas UN élève.

                Concernant ce que j’appelais les « classes de niveau », je parlais de regrouper les élèves les plus forts entre eux, les plus faibles entre eux. On a essayé cela dans un collège de ZEP où j’ai travaillé. Tous les élèves d’un même niveau de classe (4è par exemple) avaient 1h de chaque matière en commun. Par exemple, tous les 4è avaient français en même temps. On a fait des groupes de niveaux. Les bons étaient encore meilleurs car ils pouvaient s’exprimer et avancer très rapidement. Les moyens sont devenus très bons aussi. Mais les élèves faibles se sont mis en tête qu’ils étaient « entre nuls » et n’ont rien fait. Ils se sont tirés vers le bas. L’objectif de ce décloisonnement était de casser les groupes classes et de permettre aux élèves de travailler différemment. On a arrêté l’expérience à cause d’élèves qui ne fichaient plus rien et qui mettaient le bazar. Mais on n’a pas pour autant baissé les bras. On a fait des groupes par thème. Et on a mélangé les bon et les faibles. Hétérogénéité, chacun a appris de l’autre. Par exemple, certains ont découvert un intérêt pour le théâtre, d’autres pour la poésie. Je me souviens d’un élève qui a compris que la poésie pouvait l’aider et a créé des slams géniaux et des raps hilarants.

                Dans le lycée dans lequel je travaille cette année, les terminales aident les premières et les premières les secondes. Une heure par semaine, on s’entraide sur la matière de son choix. Ainsi, certains sont bons en maths, ils aident ceux qui ont des difficultés. Ils ont découverts qu’ils sont forcément « bons » quelque part.
                Quand les élèves d’un niveau de classe sont en stage, ils s’entraident dans le même niveau. Ainsi, un seconde qui est « nul » en français sera aidé par un camarade du même niveau (mais pas de la même classe) mais il pourra, lui, l’aider en maths. Ca les valorise. Ils s’en fichent d’être du même âge ou du même niveau, ils découvrent que même s’ils sont « nuls » (j’emploie un de leurs mots qui revient sans cesse) dans une matière, ils peuvent s’améliorer et ils sont « bons » dans une autre et là ce sont eux qui peuvent enseigner.
                Ca fonctionne très bien.

                Tout ça pour dire que la réforme du système éducatif est bien plus compliquée qu’on pense. Tant qu’on n’a pas mis les pieds dedans, tant qu’on n’a pas eu à gérer de groupe ou de classe, à transmettre un apprentissage, à enseigner, on ne s’en rend pas compte. Je découvre un aspect de ce métier à chaque nouveau poste. Mais l’important c’est que les élèves s’y retrouvent et que les parents cessent de les influencer mais les accompagnent, à leur rythme.

                  • Re PS : on est mal formés à l’IUFM (d’ailleurs, ça n’existe plus). On apprend sur le terrain. Mais j’ai eu la chance d’avoir des profs passionnés par leur métier qui m’ont fait découvrir Freinet et Montessori et comment allier éducation nationale et pédagogies « alternatives ».

                    • Ca c’est génial que tu ai pu découvrir les pédagogies alternatives. Mais je trouve très dommage que l’EN, en tant qu’entité, ne s’en empare pas plus. Ca doit pouvoir être de formidables outils.

                    • Comme ‘a dit Oops, on n’est pas assez formés. On m’a donné les outils, je suis allée lire. Parce que ça m’intéressait. Mais on n’est pas tous intéressés par la pédagogie. Les profs doivent être capables de se former seuls, c’est ce qu’on retient de nos « formations ». C’est dommage qu’on ne soit pas plus aidés.

                • Je suis bien d’accord. J’ai beaucoup d’angoisse par rapport à l’entrée à l’école de mon fils. Pour tout ce que ça représente. J’apprends petit à petit à lui faire confiance pour savoir se défendre et rester lui. J’apprends aussi qu’il n’est pas moi, que je ne suis pas mes parents et que donc, ça sera forcément différent.
                  Comme tu dis, l’EN change tout le temps. Mais ces dernières années, faut quand même avouer que l’image renvoyée par les médias n’est pas jojo… Entre suppression de poste, des rased, réforme des rythmes passée apparemment sans vraiment de discussion avec les instit’ ou les parents, etc.. Tout ça n’est pas très rassurant pour la jeune mère que je suis (et qui est facilement angoissée, certes. ^^)

                  • Je e comprends tout à fait! Mais les politiques et les médias ne mettent pas assez les pieds dans les écoles. C’est trop souvent caricatural (je ne regarde plus les reportages, ça m’exaspère). Les ministres de l’éducation, même s’ils sont parfois d’anciens profs, n’ont pas travaillé au plus près des élèves depuis longtemps (et parfois ont travaillé dans de grands lycées réputés, loin des préoccupations des élèves « ordinaires »). Il faudrait organiser des journées écoles, collèges et lycées ouverts et inviter les parents, les politiques et les médias à regarder comment on travaille. Vraiment.

                    • C’est possible, ça, d’être prof et pas intéressé par la pédagogie ?!! Si c’est le cas, il n’y a pas un souci dans l’évaluation des futurs profs ?!!
                      Ton exemple des groupes de niveaux est intéressant, mais je trouve la conclusion très triste. Car 2 groupes trouvaient leur compte dans l’histoire. Le problème est donc plus de trouver comment faire progresser le 3è groupe différemment (mais ça suppose une remise en question complète du pourquoi et du comment en enseigne), plutôt que jeter le bébé avec l’eau du bain, non ? D’autant plus que ça ne fonctionnait pas… à cause de l’évaluation, ce qui revient au problème de base : la notation est un frein à l’apprentissage, car elle transforme l’erreur en faute.
                      Ceci dit, je suis bien convaincu que l’hétérogénéité est bien plus enrichissante ! Bravo pour cette recherche de méthodes de transmission différente !

                      « remettre les fortes têtes dans l’objectif travail et réussite », brrrrr, ça me fait froid dans le dos… :)
                      J’étais pas du tout dans cette dynamique quand je donnais des cours (et pourtant, il y avait la sanction éventuelle d’un diplôme à la fin). Quand l’objectif devient que chacun trouve sa voie, et pas celle du prof ou celle du programme, les progrès individuels sont fulgurants et surtout épanouissants aussi bien pour l’individu que pour le groupe, parce que la dynamique est différente. Chacun peut être amené à apporter quelque chose à un autre, sans avoir le sentiment d’y perdre, car on supprime la concurrence et l’esprit de compétition. J’ai revu récemment un ancien élève, qui n’a finalement pas passé le diplôme dont le format ne lui convenait pas, qui mettait le bazar avec certains profs qui ne donnaient pas cher de lui…. C’est maintenant un professionnel qui travail en free lance avec succès dans un secteur très concurentiel, qui donne lui-même des cours, et qui s’en sort mieux que des diplômés très bien notés. Et qui va bientôt me former, moi, car il s’est perfectionné bien au-delà de ce que je pouvais lui apporter !
                      Quand on sort du paradigme éducateur/éduqué, on se rend compte qu’on peut faire progresser les autres bien au-delà de ses propres compétences, donc sur un secteur qu’on ne peut absolument pas évaluer.

                      C’est rien de dire que j’angoisse au sujet de la première rentrée de mon aînée en septembre prochain… et je lui dis. Elle est très enthousiaste, tant mieux ! Je n’ai pas de doute sur le fait qu’elle vivra les choses très différemment de moi, notamment parce qu’elle n’aura pas de pression de ma part sur les notes et sur les devoirs.

                      Mais concrètement, l’évaluation dès la PS et 31 « élèves » par classe, même avec le meilleur des instits, je ne vois pas comment ça peut bien se passer ! Ne serait-ce qu’à la récréation. Mes fenêtres donnent sur la cours de l’école (mais on déménage, zut, je ne pourrai pas jeter un coup d’oeil ! :), et franchement, le rapport entre les enfants ne s’est pas apaisé. Je ne sais pas si c’était « mieux avant », je trouvais déjà qu’il y avait beaucoup de violence dans les rapports entre les enfants. C’est juste un constat qu’il n’y pas de progrès à ce niveau-là… parce que c’est impossible quand on réunit des personnes par groupe de pairs.

                    • Oops, tu sais, profs, c’est comme partout, y a des très bons, très motivés etc… et des mauvais. C’est d’ailleurs ce qui me fait le plus peur pour mon fils parce que c’est quelque chose sur laquelle je n’ai pas de prise (Aaaaah, le lâcher-prise… faudrait que j’y arrive un jour. XD), le risque qu’il tombe sur un mauvais prof qui le dégoute de quelque chose qu’il aime… (on retombe dans le fait que je projette mon vécu sur mon enfant encore une fois. ;) )

                    • Kiara : quand on voit le nombre de parents qui viennent pas aux rencontres parents-profs… Faudrait trouver quelque chose pour qu’ils comprennent qu’ils sont bienvenus et que c’est important….

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