Je reviens aujourd’hui sur le livre d’Olivier Maurel que j’ai déjà commenté dans mon post précédent.

Et je vais donc revenir sur des chiffres, sur l’étude qu’il a faite, pour voir dans quelle proportion, les chercheurs qui s’intéressent à la violence humaine dans son ensemble, incluent, ou non, la violence éducative dans leurs recherches.

En conclusion, N.Maurel nous dit ceci :

Ma recherche porte sur un corpus de 21 ouvrage sur la violence publiés entre 1998 et 2009.[…] Quatre de ces livres étant des ouvrages collectifs, leur ensemble réunit les compétences de 99 auteurs. […]
Pour le choix de ces ouvrages, j’ai adopté le critère de titres annonçant qu’ils traitaient :
-de la violence en général
-soit d’une forme particulière de violence
Je n’ai écarté aucun ouvrage correspondant à ces critères. […]

Sur les 99 auteurs qui ont participé à la rédaction de ces livres :
-6 auteurs ont donné toute leur place à la violence éducatives et à la maltraitance comme causes des différentes formes de délinquance et de violence manifestées par les adolescents et les adultes.
-1 auteure voit dans la violence subie par les enfants la principale cause de la violence commise, mais elle brouille ce message en attribuant à la « pulsion de mort » ou aux « pulsions anales de destruction » des enfants une part de responsabilité.
-10 auteurs citent épisodiquement des faits de maltraitance comme causes partielles de la violence humaine, mais n’en tirent pas de conclusion générale
-1 auteur écarte explicitement l’hypothèse que la violence éducative même intense puisse être à l’origine de la délinquance et de la violence des jeunes
-81 auteurs non seulement ne s’interrogent pas sur le fait que la violence éducative puisse être la cause de la violence humaine, mais ne citent même pas le violence éducative et la maltraitance comme réalités statistiques faisant partie de la violence humaine.

On constate donc que, sur 99 auteurs, seuls 8 d’entre eux se penchent réellement sur la violence éducative, 10 la mentionnent, sans plus et enfin 81 auteurs l’excluent purement et simplement de leurs recherches, comme si elle n’existait pas ou ne faisait pas partie des violences humaines.

Au delà du fait d’être d’accord, ou non, avec l’hypothèse de N.Maurel (à savoir : « oui, les violences éducatives sont à l’origine, (ou en tout cas la cause principale) des violences humaines » En tout cas, c’est l’impression que me laisse ce livre), il cherche ici, surtout, à « dénoncer » à montrer surtout la lacune manifeste qu’il y a dans les recherches de sciences humaines ayant traits à la violence humaine.
Il est à noter que la majorité (sauf 2) des auteurs repris dans son étude sont français ou francophone. Peut être que d’autres contrées sont moins aveugle  à cette problématique. Il note lui même que cela explique la grosse place accordée à la psychanalyse et à la théorie des pulsions dans les corpus qu’il a étudié ; « la France étant, avec l’Argentine, le pays où la psychanalyse a gardé le plus de prestige. »

Moi, tout cela me surprend et m’inquiète un peu. Avons nous tant de difficultés que ça à nous remettre en question, à questionner la façon de faire de nos parents, grands-parents, aïeux, afin de nous améliorer? Pourquoi tant de difficultés à regarder la violence éducative en face?

Qu’en pensez vous?

La Farfa