J’avais déjà écrit sur ce sujet polémique sur mon blog en réaction à un article dans le Huffington post.

L’article se base sur une étude américaine, dont la conclusion de l’auteur est «Le meilleur conseil que je puisse donner est de mettre les enfants au lit à des heures très régulières tous les soirs, de les laisser s’endormir seuls et de résister à l’envie de se précipiter quand ils se réveillent la nuit dès lors qu’on les sait en sécurité.»

Le conseil en lui-même me paraît assez sain ! Mais … cette conclusion est très nuancée et sans rapport avec l’étude en elle-même.

Une petite revue de la cyber-presse nous donne des points de vue assez contradictoires et le sujet fait débat (il faut croire que j’aime fourrer mon nez dans les conflits) :

  • Un article dans le Figaro qui engage à laisser pleurer les 30% de bébés qui se réveillent la nuit. « Selon une étude américaine, il faut laisser pleurer les 30 % de bébés qui se réveillent pour qu’ils retrouvent le sommeil.« 
  • L’étude citée par le Huffington et le Figaro : prétend que les bébés se réveillent la nuit à cause de leur mère : largement commentée dans mon article Ton môme se réveille la nuit ?. « The findings, taken together, suggest that individual differences in sleep awakenings early in the first three years of life may be largely affected by infant temperament, breastfeeding, illnesses, and parent responsiveness; sleep awakenings later in infancy may be related to illnesses and parent responsiveness. » Ce qui pourrait se traduire par : « Considérés comme un ensemble, les résultats de cette étude suggèrent que les différences individuelles dans les réveils au début des 3 premières années d’un enfant sont principalement dûes au caractère de l’enfant, à l’allaitement, aux maladies et à la sensibilité parentale. Les réveils d’un enfant plus grand (de 2 à 3 ans) pourraient être liés aux maladies et à la sensibilité parentale. »
  • Un article du Psychology Today qui enjoint à ne pas laisser pleurer son bébé pour lui donner confiance en lui et en vous. « The fact is that caregivers who habitually respond to the needs of the baby before the baby gets distressed, preventing crying, are more likely to have children who are independent than the opposite (e.g., Stein & Newcomb, 1994). Soothing care is best from the outset. Once patterns get established, it’s much harder to change them. «   Ce qui pourrait se traduire part : « Le fait est que les parents/éducateurs qui répondent habituellement aux besoins d’un bébé avant que le bébé s’énerve, évitant en cela les pleurs, auront plus probablement des enfants indépendants que l’inverse. Apaiser, réconforter, dès la naissance en est le meilleur moyen. Une fois que les habitudes sont prises, il est beaucoup plus difficile de les changer. »
  • Un article sur Slate qui critique l’article du Psychology Today et nous parle des différents types de stress. « Malgré ce qu’affirment certaines publications qui tentent d’alarmer les parents angoissés sur les conséquences irréversibles du stress infantile, la santé mentale d’un enfant qui pleure le soir n’est pas mise en danger. »

En résumant (beaucoup) ces divers points de vues, les messages entendus sont les suivants :

  • Laisser vos enfants s’endormir seuls et se rendormir seuls.
  • Les 30% de bébés qui se réveillent plus d’une fois par semaine à 6 mois sont des bébés plus irritables, plus probablement des garçons, allaités, nés d’une mère potentiellement dépressive.
  • Laisser pleurer son bébé la nuit génère un stress et peut détériorer les capacités relationnelles de l’enfant, mais il faut distinguer stress positif, stress tolérable, stress toxique.

Vous l’aurez compris, l’étude américaine m’a fait bondir, et les articles paru qui enjoignent aux parents de laisser pleurer sont (volontairement?) provocateurs, surtout celui du Huffington.

Mon expérience :

Évidemment, je me base sur ma toute petite expérience personnelle, ma fille faisant partie des 30% de bébés qui se réveillent plus d’une fois par semaine la nuit depuis ses 8-9 mois. Tout simplement pour cause de nez bouché, d’otite, de molaires qui poussent. Elle s’endort parfaitement seule dans son lit, à des heures régulières. Et elle ne nous a jamais appelé pour de mauvaises raisons, donc je lui fais parfaitement confiance à ce sujet.

Je peux vous assurer qu’il y a aussi différents types de réveils. Il y a le couinement solitaire de 22h, qui ne nécessite quasi jamais une intervention parentale, mais qui annonce souvent un réveil strident à 1 heure du matin. En cas de réveil strident, la meilleure façon de faire est bien de se précipiter pour moucher / dolipraner / consoler la petite, car plus tu attends, pire sera la suite, car elle sera mieux réveillée (et plus énervée) et plus longtemps tu seras debout.

Et il y a différents types de semaines aussi. Chez nous, une semaine avec sortie de canine, c’est une semaine de nuits pourries. On encaisse en sachant qu’ensuite, on aura sans doute une semaine beaucoup plus cool (ouais, on rêve encore).

Ce que j’entends chez les autres :

  • « Laisse la pleurer 10 minutes, tu vas voir, elle va s’endormir » (quand elle avait moins de 3 mois).
  • Quand je la relevais car elle ne voulais pas dormir (ou pas dans son lit seule) : « Bébé 1 – Maman 0 »
  • « Mes enfants ont tous fait leurs nuits à 4 jours : chez moi, on mange à heures fixes, et les câlins, ça se mérite, c’est quand on est gentils, pas quand on pleure. » (sic)
  • « La nuit, quand mon enfant se réveille, je le laisse pleurer 25mn. Si au bout de 25mn il pleure encore c’est qu’il y a vraiment un problème. »

Alors, oui, je suis partiale : ça me fait bondir. Déjà, un bébé qui pleure, ça me dérange en terme de niveau sonore. En plus, je considère qu’un bébé qui pleure nous dit quelque chose, même si on ne le comprend pas. Et si c’est mon bébé, je pense qu’à défaut de lui apporter une solution, je peux au moins être avec lui pendant qu’il pleure, pour le rassurer. Vous, en tant qu’adulte, quand vous avez de la peine ou quand vous souffrez, vous préférez être seuls ou avec une personne qui vous écoute et vous rassure? Moi, quand je fais un cauchemar, je réveille mon mec pour me rassurer.

Rassurez-vous, comme pour la fessée, avec du recul, je ne crois pas que cela soit si horrible de laisser un enfant pleurer tout seul. Encore faut-il faire la différence entre des pleurs de tout-petits et des pleurs de bébé de 1 an ou de 3 ans, faire aussi la différence avec un enfant qui pleure de colère pendant 2 minutes et celui qui a vraiment un problème, entre l’enfant qui pleure toutes les nuits tout seul et celui qu’on a laissé pleurer quelque fois pour ne pas le frapper (fatigue parentale chez nous aussi hein …), etc etc.

Est-ce qu’on pourrait faire cette différence dans les études et ne pas émettre de point de vue manichéen ?

Le blog du bonheur