C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu cette étude de l’INSERM, relayée sur le Twitter des VI.

En effet, une fois surmonté le choc de la GEU, la question qu’on se pose en général c’est : qu’en est il de ma fertilité ? En particulier dans le cas où la trompe n’a pas pu être conservée.
Moi j’étais persuadée que une trompe en moins voulait dire fertilité divisée par 2.
Cette étude montre que je me trompais, j’aurais bien aimé le savoir à l’époque.

Une GEU ou Grossesse Extra-Utérine, c’est quand l’embryon après la fécondation s’installe ailleurs que dans l’utérus.
Selon l’étude, cela concerne 2% des grossesse, soit 15 000 femmes par an en France.
Dans 95% des cas de GEU, l’implantation se fait dans l’une des trompes de Fallope. Il s’agit d’une urgence médicale grave, la femme peut y laisser la vie.

Le traitement consiste à interrompre cette grossesse et il y a 3 moyens pour le faire :
Un traitement médicamenteux par injection de Méthotrexate qui va détruire l’œuf sans toucher à la trompe
Une chirurgie conservatrice : on enlève l’œuf mais la trompe reste en place
Une chirurgie dite radicale : la trompe et l’œuf sont alors enlevés.

L’étude compare la fertilité des femmes après ces traitements.
Pour cela, elle a réparti les cas en 2 groupes, selon la gravité et l’urgence de la GEU :
Les GEU peu actives où on a le choix entre traitement médicamenteux ou chirurgical
Celles plus actives ou plus graves, dans laquelle le traitement chirurgical est obligatoire. Se pose alors la question de la conservation ou non de la trompe.

Pour cela, les chercheurs ont inclus des femmes présentant une grossesse extra-utérine traitées dans un des 17 centres français participants à l’étude entre 2005 et 2009. Un peu plus de 400 femmes ont été réparties en deux groupes selon l’activité (et la gravité) de la grossesse extra utérine. Dans chaque groupe un des deux traitements possibles a été tiré au sort et les femmes ont ensuite été suivies pendant 2 ans.

[Pour le premier groupe,] le taux de grossesse intrautérine deux ans après l’intervention était de 67 % après le traitement médical par méthotrexate et de 71 % après la chirurgie conservatrice dans la population des femmes en recherche de grossesse.

Dans le second groupe, deux ans après le traitement, 70 % des femmes qui ont désiré une nouvelle grossesse ont pu obtenir une grossesse intra-utérine après le traitement chirurgical conservateur et 64 % après le traitement chirurgical radical.

L’étude conclut donc que les différences de fertilité ne sont pas significatives selon le traitement qu’a reçu la femme.
L’étude ne donne pas de chiffre sur la fertilité des femmes dans la population générale. J’ai trouvé sur Wikipedia le chiffre suivant : 85% des femmes tombent enceinte dans l’année qui suit le début de leurs essais.
La fertilité diminue donc après une GEU. Je suppose que la GEU abime la trompe de toutes façons, quel que soit le traitement.
J’aurais bien aimé savoir si les grossesse suivantes ont été obtenues après une ovulation du côté de la GEU ou de l’autre côté. Cela permettrait de confirmer ou infirmer le mythe qui circule comme quoi la trompe est capable de capter un ovule émis par l’ovaire opposé. Je n’ai jamais trouvé de confirmation scientifique de cette théorie et je n’y ai donc jamais cru. D’ailleurs ma grossesse suivant la GEU a bien eu lieu du côté intact.

Enfin, les auteurs donnent des recommandations sur le choix des traitements en fonction de l’activité et de la gravité de la Grossesse Extra-Utérines :

Pour Perrine Capmas, « le traitement médical devrait être privilégié en cas de grossesse extra-utérine peu actives en raison d’une part de la préférence des patientes mais aussi des risques moindres notamment de par l’absence d’anesthésie et de chirurgie. Cependant, étant donné l’absence de différence pour la fertilité ultérieure, le traitement chirurgical doit être proposé en première intention aux femmes dont on craint qu’elles ne soient pas observantes (la surveillance après traitement médical pouvant être prolongée pendant plusieurs semaines) ».

Je suis bien d’accord avec ça. La surveillance après un traitement au Méthotrexate consiste en des prises de sang régulières, jusqu’à ce que le taux de beat-hcg soit nul.
Non seulement certaines femmes risquent de ne pas faire le suivi jusqu »au but, mais je trouve que c’est très anxiogène. Il existe en effet des cas où une seconde injection du produit est nécessaire, voire une chirurgie car le traitement n’a pas fonctionné.
Pour ma part, je dois dire que j’ai été soulagée que le problème ait été résolu d’un coup, même s’il a impliqué la perte d’une de mes trompes de Fallope.

« Dans le cas des grossesses extra-utérines nécessitant une prise en charge chirurgicale, les médecins peuvent rassurer les femmes sur le fait qu’une chirurgie radicale ne change pas leurs chances d’avoir par la suite une grossesse naturelle. »

Comme je le disais au début, j’aurais bien aimé qu’un professionnel de santé puisse me dire ça à l’époque. Le chirurgien qui m’a opérée était désolé de ne pas avoir pu sauver ma trompe, malgré ses efforts.
Quant à moi, j’étais désespérée que ce petit bout de moi soit parti en fumée.
Peut être que si on m’avait dit que cela ne changerait rien à ma capacité à concevoir, cela m’aurait rassurée. Ou peut être que je n’aurais pas été capable de l’entendre ?
En tout cas, 4 ans après ma GEU, je suis la maman de 2 beaux enfants.

GreenWitch