Avant, je trouvais que l’école, c’était pas facile mais c’était bien.
Bien comment ? Bien dans le genre incontournable.
Incontournable comment ? Incontournable dans le genre y’a pas le choix quoi !

Ca, c’était avant d’avoir des enfants. Avant d’avoir des enfants à besoins spécifiques qui obligent à mettre le nez là où ca sent mauvais (et bien remuer le tout ! ). Avant de voir leur souffrance au quotidien et de faire le lien avec ma propre histoire.
Et après ? Eh bien après on se remet en question en premier, il faut bien que la faute incombe à quelqu’un. Remettre en question ce que l’on est et ce qu’on lègue à ses enfants, les valeurs et l’éducation (cadre, sens de l’effort, altruisme, tolérance, persévérance…). Mais quand toutes ces pistes ont échoué, on en vient à remettre en question ce qui reste, et dans la vie d’un enfant, il ne reste plus grand chose à part l’école et tous les enjeux qui s’y jouent.

L’école est bien souvent un monde assez opaque, fermé, peu de choses en filtre à moins d’avoir un enfant qui n’a pas la langue dans sa poche et qui « ose » dire tout haut ce qu’il pense tout bas (qui a su garder son esprit critique). Or quand quelque chose ne va pas en classe, la plupart des enfants se font d’abord étiquetter, stigmatiser (fainéant, trublion, rêveur, inattentif, insolent, bagarreur…) mais surtout ils ne disent rien et acceptent l’étiquette imposée. Parallèlement, ils vont beaucoup somatiser, et c’est à nous de décortiquer ce langage si particulier. Entre autres symptômes de ce mal-être scolaire :  insomnies et cauchemars, crises d’angoisses, maux de ventre récurrents, pleurs « pour un rien », violence verbale ou physique, notes désastreuses et devoirs non fait, etc. Ca peut aller jusqu’à la dépression, jusqu’aux troubles alimentaires et certains même passent à l’acte, l’irréparable acte.

Certes parfois les équipes enseignantes sont à remettre en cause, comme partout il y a des gens mal intentionnés ou qui ont raté leur vocation.
Parfois c’est la gestion des conflits et de la violence entre les enfants qui pèche et qui fait des dégats.
Mais quand on creuse, on peut aussi trouver des réponses au coeur même du système éducatif.

Lors de mes recherches pour un mieux-être de mes enfants dans le cadre de leur instruction, je suis tombée sur ce petit documentaire très sympatique, un peu trop « condensé » pour moi (j’ai dû le regarder à plusieurs reprises pour bien me l’approprier en entier) mais qui a le mérite d’être très global et je dirais assez réaliste sur le système éducatif de la plupart des pays occidentaux.
Voici ce documentaire en français :

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE]

(Ce documentaire a été créé par RSAnimate, voix off originale en anglais de Robin Ashe-Roy, textes de Sir Ken Robinson, video originale disponible au bout de ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=zDZFcDGpL4U )

Extrait choisi :

« Nous adaptons nos enfants à l’instruction en les anesthésiant alors que nous devrions faire le contraire. Nous ne devrions pas les endormir mais les éveiller, révéler ce qu’il y a en eux.

Il me semble que notre système d’éducation répond aux intérêts de l’Industrie, qu’il est à son image. En voici quelques exemples. Les écoles sont calquées sur les usines : on y sonne la cloche, les salles sont séparées, on enseigne les matières isolément, nous instruisons toujours nos enfants par classes, je veux dire qu’on les soumet à un système organisé selon l’âge, pourquoi ? Pourquoi croyons-nous que le principal dénominateur commun des enfants est leur âge ? Comme si leur caractéristique principale était leur date de fabrication.

(…)

Quand on se penche sur la pédagogie, on n’adopte pas d’emblée cette conception issue du productivisme. Mais la conformité règne. C’est de plus en plus vrai, surtout quand on constate la standardisation des tests de connaissances et des programmes scolaires, leur normalisation. A mon avis nous devrions aller dans l’autre sens : c’est ce que j’appelle modifier le paradigme. »

Sans trop entrer dans les détails car ce documentaire pourrait faire l’objet de plusieurs billets à lui seul, le problème qui se pose actuellement, c’est que l’école n’a pas évolué avec la société. Elle est restée la même à peu de choses près que celle de nos ancêtres et n’est plus adaptée à notre société actuelle, ses besoins et nos enfants. Notre connaissance des enfants, de leur développement cognitif et leurs capacités cognitives (c’est-à-dire d’apprentissage et de mémorisation, prendre pour soi les connaissances extérieures) nous prouve que les pédagogies scolaires classiques peuvent être améliorées. De plus, nombreux sont les enfants qui ne rentrent pas dans les cases préformatées de l’école actuelle, d’ailleurs quel enfant est vraiment fait pour entrer dans ces cases ? Qu’apprend réellement l’école à nos enfants ? Le fait-elle de la bonne manière ?

Apprendre l’individualisme, la compétition, à obeïr à une figure d’autorité, à se conformer au groupe, à ne pas sortir du lot, à mettre de côté créativité, imagination et esprit critique aux profits de la logique, de l’application de règles et théorèmes. Est-ce là que se trouve l’épanouïssement de nos enfants ? Devons-nous sacrifier l’esprit critique, le potentiel créatif, imaginatif, cooperatif de ceux-ci pour en faire des individus conformes aux normes que la société tente de nous imposer ?

Leur apprendre à devenir de bons employés ? Alors que souvent ceux qui au final se font remarquer sont ceux qui ont réussi à ne pas oublier leur créativité et leur esprit de groupe, qui savent partager, voir au-délà de ce qu’on leur demande car c’est ainsi que la société va vers le « progrès » (mot à prendre avec des pincettes selon moi, vu que parfois voire bien souvent de nos jours progrès rime avec précipitation vers l’abîme tant notre regard sur le monde est biaisé et manipulé par la politique, les médias, les géants industriels et financiers, mhm un autre débat… mais qui a son importance dans tous les domaines de notre vie tant il est omniprésent !).

Suite à tous ces constats et questionnements, la question de réforme de l’école se pose, mais aujourd’hui, pensez-vous que nous allions dans le bon sens ? Quelles sont les issues pour ces enfants qui ne rentrent pas dans le moule imposé ? Quelles sont les solutions pour ces parents qui ne veulent pas de ce moule pour leurs enfants ?

Les options qui s’offrent à eux sont peu nombreuses ou nécessitent d’énormes sacrifices.

  • La premiere option est celle des pédagogies alternatives, mais bien souvent accéder à ces écoles est soit impossible géographiquement, soit impossible financièrement (sauf coup de bol au niveau des aides financières).
  • La seconde option est l’instruction en famille, voire le « unschooling », mais cela signifie qu’un des deux parents doit y sacrifier sa carrière, sans parler des nombreuses autres embûches sur le parcours de ces familles qui ont choisi la déscolarisation.

Je ne mettrai pas de conclusion à cet article, car chacun a la sienne selon ses attentes et ses possibilités, selon sa situation personnelle. Mais nous sommes tous en droit d’attendre des jours meilleurs pour nos enfants même si ce sera sans doute au prix de longues batailles en faveur de certaines réformes et contre d’autres bien sûr. Or avant que ces combats n’atteignent les hautes sphères de notre société, m’est avis que les consciences populaires vont encore devoir s’éclairer.

Pour ma part, j’ai fait un choix et j’en assume les conséquences, les bonnes comme les mauvaises…

Léona