dormir

 

Je me rappelle la première réunion d’accueil des parents lorsque notre fille est entrée en 6e. Le principal adjoint nous a fait un grand laïus sur la nécessité pour nos enfants de ne pas veiller devant la télé. Je me rappelle d’une maman qui s’était fâchée tout rouge…

Certes le discours était peut-être maladroit. Pourtant , Le sommeil est pour nous tous indispensable.

C’est un thème qui me tient à coeur, sans doute parce que sans être une grande dormeuse, un repos profond et réparateur fait pour moi partie des petits bonheurs à cultiver et savourer au jour le jour.

J’ai déjà parlé ici du temps de sommeil des ados et des mystères du sommeil.

Cette fois j’ai trouvé sur le site de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance, un carnet du sommeil, n°8 intitulé « Sommeil et scolarité » .

En voici l’avant-propos :

Chacun sait qu’un sommeil de qualité et en  quantité suffisante est indispensable pour l’apprentissage des enfants à l’école. Pourtant, au cours de ces dernières décennies, le temps de sommeil moyen des enfants a diminué du fait d’un coucher plus tardif le soir. Chaque année, les enfants entre 3 et 10 ans perdent 10 minutes de sommeil par nuit. Cette diminution progressive du temps de sommeil est liée à un retard progressif de l’heure du coucher souvent dû à la sur-sollicitation technologique (télévision, Internet, jeux vidéo, téléphone portable…)et au décalage du rythme des parents qui veulent profiter de leurs enfants le soir.

Il est donc primordial d’informer enfants, parents, enseignants et plus largement tous les éducateurs du rôle fondamental d’un sommeil de qualité sur les performances physiques et intellectuelles et plus particulièrement sur les fonctions d’apprentissage. C’est pourquoi l’INSV, en partenariat avec la MGEN, a souhaité, à travers cette brochure, faire le point sur les besoins de sommeil des enfants et des adolescents au moment où la question des rythmes scolaires est largement discutée. L’objectif n’est pas ici d’établir un modèle à suivre mais de replacer au centre de la discussion un élément fondamental et pourtant encore trop malmené : le sommeil.

Ce carnet me semble simple et clair pour expliquer le rôle du sommeil et les besoin des enfants par tranche d’âge.

Le sommeil de l’enfant présente de plus en plus de caractéristiques communes avec le sommeil de l’adulte, et notamment , trois stades de sommeil :

  • le sommeil lent et léger
  • le sommeil lent et profond
  • le sommeil paradoxal

Chaque phase de sommeil a sa fonction.

En résumé, pendant le sommeil on observe :
• Récupération physique et mentale
• Croissance et développement
• Renforcement des défenses immunitaires
• Apprentissage et mémorisation facilités

 

Les adultes ont besoin de 7 à 9 heures de sommeil par nuit. Mais les enfants et les adolescents ont besoin de davantage de sommeil :

besoin_sommeil_enfants

 

Ces chiffres correspondent au recommandations d’heures de sommeil par 24h sieste incluse.

Les nuits de week-end et de repos, les enfants rattrapent souvent 1 à 2 heures supplémentaires de sommeil sur 24h.

 

On sait que les transformations biologiques des adolescents font que leur sommeil est plus léger en début de nuit, et leur endormissement plus difficile.

Les sollicitations diverses, internet, jeux vidéos, … aggravent le phénomène, et la plupart des ados voient leurs nuits diminuer de parfois jusqu’à 2h entre 12 et 18 ans alors même qu’étant en pleine croissance, ils ont des besoins en sommeil plus importants.

 

Résultat :

Le déficit s’accumule au cours de la semaine, entrainant une dette de sommeil source de somnolence diurne préjudiciable à une bonne efficience intellectuelle. Cette dette de sommeil s’accompagne d’un rebond de sommeil  lors des week-ends,  laissant l’adolescent dans un état de grande fatigue le lundi.

Quelques idées fausses :

la semaine de 4 jours permet aux enfants de mieux se reposer FAUX

En pratique c’est l’inverse qui se produit car cela conduit à un désynchronisation des rythmes de sommeil par des couchers plus tardifs les mardis, vendredis et samedis

( voir le rapport de l’Académie de médecine de 2010  et ce que j’en disais sur mon blog perso à propos du temps scolaire )

Se coucher tard est compensé par une bonne grasse matinée FAUX

Le sommeil du matin n’apporte pas les mêmes possibilités de récupération. Coucher tard un enfant ne diminue pas trop sa quantité de phase lente et profonde, mais affecte le sommeil paradoxal qui sera déplacé sur le matin, dans une ambiance de lumière, bruit, température peu propices à un sommeil de qualité. Cela risque donc de sérieusement perturber les apprentissages.

 

En pratique, c’est le rythme de vie des parents, qui rend difficile le respect des besoins de sommeil des enfants :

En effet, les impératifs scolaires actuels (début des cours précoces le matin, devoirs le soir), le temps de transport et les horaires de travail des parents entraînent des couchers de plus en plus tardifs, car les parents veulent compenser leur manque de contact avec leurs enfants. On constate un horaire moyen de coucher vers 21h00 (endormissement environ 30 minutes plus tard) et de lever vers 7h00. Ainsi, pour un enfant âgé de 6 ans scolarisé en classe de CP qui a besoin de 11 h de sommeil, la dette journalière de sommeil sera de 1h30. Si cet enfant est en plus « long dormeur» elle pourra être de plus de 2h par nuit !

J’avoue en effet que ce sont bien les horaires de mes enfants depuis qu’ils sont scolarisés : coucher 21h (et encore nous n’y arrivons pas toujours :() et lever entre 7h et 7h15.

Mais clairement, être à la maison avant 19h relève de l’exploit, après cela il faut s’occuper des devoirs et du repas.

En revanche nous dînons toujours ensemble le soir : c’est le seul repas qui nous réunit en semaine.

Donc en effet pour respecter le rythme de nos enfants (et le notre !!), il faudrait être de retour à la maison bien plus tôt.

Et dans les discussions sur les rythmes scolaires des enfants, on se rend bien compte, que c’est notre utilisation du temps à tous qui aurait besoin d’être modifié en profondeur.

 

Le carnet donne ensuite quelques chiffres  qui font peur :

Sur 251 élèves de 3e interrogés :

– 48,3% se couchent après 22h30 en période scolaire

– 80,8% après 23h30 pendant les vacances

– 58,8% des élèves ont un écran dans leur chambre

– 20,8% d’entre eux utilisent un média plus de 5 heures par jour et notamment leur téléphone portable 

 

Viennent ensuite les inévitables conseils :

Pour que l’horloge biologique de l’enfant fonctionne correctement, il faut :
• Des heures de coucher et de lever régulières, y compris pendant le week-end et les vacances.
• Une exposition suffisante à la lumière extérieure dans la journée pour informer l’horloge biologique de l’alternance jour/
nuit. Au contraire, le soir, pas de lumière dans la chambre.
• Des donneurs de temps : heures de repas régulières, temps de jeu dans la journée, rituel du coucher, etc.
• Faire du sommeil un plaisir : bien aménager son lit, ne pas le surcharger de jouets
Et chez l’ado ?
Les parents doivent éviter les attitudes qui isolent leur enfant. Inutile de culpabiliser l’ado en disant : «Tu es bon à rien» ou de faire la morale : « le monde
appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Mieux vaut, en général, essayer de parler du problème, en dehors des moments où il se pose. Lui demander comment il pense pouvoir être aidé et se demander si notre organisation (activité professionnelle chronophage, dîner trop tardif, mauvaise organisation de la maison, téléviseurs ou ordinateurs dans toutes les pièces…) ne sont pas en cause dans ses problèmes de sommeil à lui. Il est bon de chercher en famille des solutions
que tout le monde peut accepter.
J’adhère assez à l’idée de stabilité et de régularité avec le jeune enfant, ainsi qu’à l’établissement d’un dialogue responsabilisant avec l’ado.
Pour ce qui est des écrans, chez nous, pour les enfants, ils ne sont utilisables qu’à certains horaires dans la journée, une fois les devoirs faits, et quasiment jamais dans leur chambre. Nous avons une seule télé partagée dans le séjour, où l’ordinateur est aussi utilisé.
A nous aussi de montrer le « bon exemple » , de ne pas se jeter compulsivement sur tablette ou smartphone, et de limiter nos temps d’ordi : j’ai déjà commencé, c’est en partie pour cette raison que je suis beaucoup moins assidue aux VI :))
Je travaille toute la journée sur écran et le soir , j’ai besoin de me reposer de cette sollicitation particulière que constitue l’interaction avec un écran.
Pour nous la télévision est restée un moyen de partager des images et les émotions qu’elles nous procurent.
Et j’aimerais que pour mes enfants aussi les écrans soient avant tout des outils de partage.
Reste à les amener à gérer progressivement par eux-mêmes leur équilibre sommeil / distractions, et j’avoue que je ne sais pas encore vraiment comment …
J’attends les commentaires à ce sujet !!