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Claaasse le costume, mais un tantinet peu pratique non? ^^

Aujourd’hui, je reviens sur le livre de Marlène Schiappa « L’éloge de l’enfant-roi ». La dernière fois, j’avais abordé le thème de la place des enfants dans la société. Cette fois, je vais parler du deuxième chapitre « Réhabilitons l’enfant-roi! »

Déjà, ça commence fort avec une citation de Dolto que je trouve particulièrement d’actualité :

Il est sain de secouer cette auto-satisfaction contemporaine qui consiste à dire « on n’a jamais autant fait pour les enfants aujourd’hui »

Je ne sais pas vous, mais moi, ce discours, je l’entends régulièrement. Et de la part de gens extrêmement bien intentionnés, qui estiment qu’on en fait trop, que je me pose trop de questions (et que mon fils est juste un vil capricieux quand il s’y mets)

Voici quelques passages de la première partie de ce chapitre :

Très peu de parents osent affirmer « J’ai un enfant-roi », même quand ils avouent acheter out ce que leur enfant désire, le laisser choisir ses horaires de coucher ou le menu de ses repas, et passer de longs moments à décrypter ses moindres besoins, ses moindres désirs. […] Est ce par crainte de s’élever contre le dernier dogme éducatif en vigueur, ou par refus de remettre en question la mode du moment? Toujours est il qu’il ne faut pas contrarier le grand come-back de l’autoritarisme.

Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette dernière phrase. Je pense plutôt que les « psychologies alternatives » à l’autoritarisme se développent.
Mais il est vrai que les parents qui veulent se lancer dans cette voie, qui refusent l’autoritarisme à tout crin (je ne parle pas des parents démissionnaires. Ceux là se contre-fichent de leurs enfants, ou sont tellement dépassés par la situation qu’ils baissent les bras et ne font plus rien) se heurtent au regard des autres, et notamment des proches (les grands-parents, nounou, instit’, médecin, etc), issus d’une éducation et d’une génération pour qui l’autoritarisme est la norme. Dans ce cas, le parent à l’écoute, qui gère comme il peut et avec ses convictions éducatives (comme tout parent quoi) a de bonne chances de prendre des critiques, plus ou moins bienveillantes. (j’avoue que me faire dire par ma belle-mère que mon fils « commence à me marcher sur la tête » alors que le-dit fiston a  tout juste 2 ans m’a un tantinet gonflé…)
Mais je pense que si on compare à la génération précédente, on verra une augmentation du nombre de parent affectionnant la communication non violente, le dialogue etc… (ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas encore améliorer les choses, mais parler d’un retour de l’autoritarisme me parait peut -être un peu exagéré.). Et peut être que la génération suivante nous taxera d’autoritarisme? ;)

Pourtant, la célèbre pédiatre (Dolto) n’a jamais dit que l’enfant devait être traité en adulte, elle a simplement énoncé qu’il était une personne.¨[…] Le sociologue François de Sinly a souligné cette nuance […] au sujet de l’enfant-roi, réaffirmait que « la reconnaissance de l’enfant comme individu ne signifie pas que l’enfant est un adulte » […] Dolto rendait « les parents attentifs à la différence entre un autoritarisme qui interdit toute discussion […], et l’autorité […], où le respect de l’enfant, de sa parole, de son intelligence  et les échanges qu’il permet n’entraine pas ipso facto que l’adulte se dérobe à ses responsabilités et refuse de dire non »

Il est nécessaire de rappeler cela en effet. Même si personnellement, je trouve que ça tombe sous le sens, faut bien reconnaitre que les défenseurs de l’autoritarisme accusent régulièrement les parents qui ne suivent pas leur préceptes de tous les maux et prédisent les pires catastrophes aux enfants de ceux-ci. Comme « il te marche sur la tête » par exemple. (Oui, je l’ai toujours en travers du gosier.) Parce qu’on peut le traduire par « c’est l’enfant qui commande ici, n’importe quoi! Mais où va le monde! Il va finir délinquant ». Ne riez pas, rappelez vous qu’il n’y a pas si longtemps, certains voulaient « dépister » les futurs délinquants à la maternelle…

Pourtant, l’enfant-roi A des qualités (j’ai envie de dire que tous les enfants ont des qualités. Ça vient de leur personnalité propre.) Et la première qui vient à l’esprit c’est la confiance en eux, l’assurance de leur valeur. Ce qui n’est vraiment pas rien! Si, en « cultivant » cette confiance en lui que mon fils a actuellement, en lui permettant de s’exprimer et lui montrant que je l’écoute ; je peux lui éviter de devenir un adulte qui doute constamment de lui, alors il est hors de question que je le brime juste pour me faciliter la vie.

Marlène Schiappa relève plusieurs qualités de l’enfant-roi, les voici (mes commentaires seront en italiques):

Intelligent (oui, bon, je ne pense pas que ce soit limité aux enfants roi. Par contre, peut être que les enfants roi, moins timide, font plus volontiers des démonstrations de leurs raisonnements et donc de leur intelligence)

Négociateur : Sans conteste, un enfant auprès duquel on a pris la peine d’expliquer les interdits va sûrement vite développer des qualités d’orateur et d’argumentation pour défendre son point de vue (et accessoirement, réduire en cendre votre argumentation. Bien pour ça que certains ne l’aiment pas, il montre la vacuité de certaines de leurs règles. C’est vrai que c’est un tantinet agaçant de se faire moucher par un gamin de 7 ans. Surtout si il a raison… XD)

L’enfant roi « revendique » et, si les parents n’acceptent pas pour autant de réaction violente, il se tournera rapidement vers la négociation. L’enfant-roi serait incapable de s’entendre dire non? Et ce serait très grave. C’est amusant quand on pense que « ne pas prendre non comme une réponse » est considéré comme une grande qualité. […] Que ce soit pour obtenir un emploi, un appartement, une promotion, un adulte lambda sera amené à insister, à refuser les non.

Tout en sachant quand même ne pas pousser le bouchon trop loin (Maurice). A insister trop, on finit par agacer son interlocuteur et se faire bouler. Mais ne vaut il mieux pas faire cette expérience en tant qu’enfant, que la découvrir adulte, lors d’une décision plus important? (entre insister trop pour pouvoir regarder un film à 8 ans et insister trop en demandant une augmentation au forcing et se faire mal voir de sa direction, quel est le plus grave? ;) ) Et ça ne signifie pas que les adultes lui céderont à chaque fois. (Perso, si un jour j’ai une fille, elle pourra argumenter autant qu’elle veut, hors de question qu’elle aille en cours avec un décolleté plongeant…)
L’Attachant

L’enfant-roi peut tisser des liens très profonds avec les adultes qui s’émeuvent parfois de ses réactions ou de son langage, en décalage avec son jeune âge.

Bon alors là, je ne sais pas trop quoi en penser. À part que je ne suis pas persuadée que cette qualité soit l’apanage des enfants-roi en fait.

Inspirant : Plus qu’inspirant, je dirai attirant (sur le papier au moins) puisqu’elle parle ensuite du succès des BD « Maé » et « Mortelle Adèle » (dans le même style, il me semble, mais sans les avoir lu, on a les « Sale Morveuse » de Gally). Ils nous font rire, sauf parfois quand on est leur « cible »
Leader : Ce n’est pas une grande surprise. Un enfant sûr de lui, conscient de sa valeur, n’hésitera pas à prendre la tête du groupe. D’autant qu’il a cette capacité d’argumenter comme on l’a déjà vu. Et alors, dans ce sens, il peut, en effet, être inspirant pour ses camarades de jeu ou de classe.
Drôle : En effet, certains enfants sont très doués pour éviter les conflits à l’aide de l’humour. Mais là encore, est ce vraiment l’apanage des enfants roi?
Empathique :

L’enfant-roi est épris de justice, et ne supporte pas qu’on s’attaque à quelqu’un sans raison.

Là encore, je pense que tout enfant a un potentiel empathique. Mais je crois volontiers qu’une enfant-roi n’aura pas peur de l’exprimer, en réprimandant un adulte qui rit des mésaventures de quelqu’un si besoin. C’est un enfant qui ose s’exprimer, qui ose donner son avis car on lui a appris que son avis a de la valeur. Rien que ça, c’est déjà pas mal non?

En fait, on constate que pour beaucoup, ces qualités ne sont pas forcément l’apanage des enfants-roi. Mais que contrairement à un enfant qui n’a pas le droit de s’exprimer, ou bien à qui on fait comprendre que son avis n’a pas de valeur pour les adultes, l’enfant-roi n’hésitera pas à intervenir, voir à réprimender, rabrouer un adulte dont il trouve le comportement injuste ou malvenu. (« Maman te moque pas de la dame, c’est pas drôle de tomber à cause du verglas! » par exemple.)
Moi, ce que je constate, c’est que le terme « enfant-roi » veut encore enfermer des individus dans une case. Et les cases, j’aime pas ça. Marlène Schiappa non plus d’ailleurs, comme elle l’explique à la fin de son livre. Mais ça sera l’objet d’une autre publication. ;)

La Farfa

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