famille-forum-groupe-de-icone-8774-48facebook-icone-7553-96Cette semaine, je réagis à un article paru dans Le magazine de Monde aujourd’hui , intitulé  «  Faut-il accepter sa mère comme amie Facebook ?« :

Effacer son blog fleuri d’adolescente, supprimer une ode à Rihanna ou encore des commentaires truffés de fautes de français… La défenseure des enfants, Marie Derain, demande dans un rapport un « droit à l’oubli » : l’effacement pur et simple des cyberdélires de jeunesse. Les Américains, eux, cherchent plutôt à prévenir qu’à guérir. Selon une étude, près de 80 % des parents dont les rejetons papotent sur Twitter ou Facebook sont présents sur ces mêmes réseaux et 50 % d’entre eux commentent ou répondent aux publications de leurs enfants. Une surveillance que ces derniers, précise l’étude, apprécient de façon « mitigée ».

Maud Noyon

Il y a dans cet article plusieurs idées : la pérennité de ce qu’on met sur la toile, et le droit à l’oubli évoqué en France.

Et la façon pour les parents de protéger leur enfant.

Selon une étude  (la journaliste ne précise pas laquelle et je trouve qu’elle aurait pu citer ses sources) dont je suppose qu’il s’agit de celle relatée sur le site de la CNIL  dans un article : « Réseaux sociaux, quelles sont les pratiques de nos enfants ? Quel est le rôle des parents? »

Voici les chiffres qui en ressortent :

  • 48% des enfants de 8-17 ans sont connectés à un réseau social (Facebook).
  • 18% des moins de 13 ans sont déjà connectés, et leurs parents sont au courant à 97%.
  • Le déclic a lieu au collège : 57% des élèves du collège sont connectés / 11% des élèves du primaire.
  • Les jeunes se connectent souvent seuls : depuis leur ordinateur personnel (50%) et leur mobile (23%).
  • Seule la moitié (55%) des 8-17 ans discutent avec leurs parents des réseaux sociaux, principalement du temps d’utilisation plus que des usages…
  • Une moitié (49%) d’entre eux sont « amis » avec leurs parents.
  • La moitié des enfants (55%) se disent surveillés dans leur utilisation de Facebook ; la vigilance des parents est plus marquée pour les plus jeunes (77%) et les filles (63%).

Nous à la maison, nous avons toujours été clairs : pas de compte facebook avant 13 ans. Et je suppose que mes enfants l’ont respecté.

Grande Puce avait demandé à s’y inscrire peu après son anniversaire, nous avions choisi des avatars, et puis nous n’en avons pas reparlé. Je ne sais pas trop où elle en est.

J’en avais profité pour lui donner ce document rédigé à l’attention des enfants , qu’elle a emporté au collège pour en parler avec ses copines.

Et puis au mois d’octobre, le suicide d’une adolescente canadienne qui s’était fait harceler via internet a été très médiatisé, et à l’occasion ( on écoute la plupart du temps la radio au petit déjeuner),  nous  avions parlé du caractère public de ce qu’on trouve sur internet, ainsi que des dangers à s’exposer à des inconnus, sur la toile comme dans la vie réelle .

D’ailleurs, l’étude diffusée par la CNIL  indique   que les jeunes sont pour la plupart informés des risques, mais ne savent malgré tout pas toujours s’en prémunir.

Les 8-17 ans semblent sensibilisés aux risques pour la vie privée et maîtrisent les paramètres de confidentialité, même si cela est moins vrai pour les plus jeunes.

Ils ont en moyenne 210 « amis » (un chiffre qui augmente avec l’âge), 30% d’entre eux ont déjà accepté en « amis » des gens qu’ils n’avaient pas rencontrés pour de vrai. Peut-on alors considérer qu’ils sont vraiment « entre amis » ?

Enquête réalisée pour l’UNAF, Action innocence et la CNIL par TNS Sofres par téléphone du 10 au 17 juin 2011 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 200 enfants et adolescents âgés de 8 à 17 ans.

Avec Grande Puce, nous avions recherché sur internet les profils de ses copines. Et l’une d’elle avait  autour de 250 amis … à environ 12 ans. Et je me rappelle avoir dit à ma fille « Cette copine-là a beaucoup trop d’amis, il faut vraiment faire attention à ce que tu partages avec elle », et Grande Puce avait l’air d’accord.

Donc pour l’instant, je ne suis pas trop inquiète.

Quant à l’idée de suivre mes enfants sur facebook : honnêtement, je n’en ai pas la moindre envie, car leurs centres d’intérêt ne sont pas les miens, et je crois que c’est parfaitement normal.

Il est de toute façon très simple de faire une recherche et de tomber sur un contenu trop public, et ce qui est privé entre amis ne nous regarde pas.

Voici les conseils aux parents qui sont délivrés conjointement par l’UNAF (l’Union Nationale des Associations Familiales, dont je n’approuve pas particulièrement les positions) , Action Innocence (si j’ai bien compris une association de lutte contre la pedopornographie, basée en Suisse), et la CNIL, pour participer à l’amélioration de la protection des enfants dont l’étude montre la nécessité.

Dialogue et partage

1. Essayez d’installer l’ordinateur dans une pièce commune et si votre enfant est équipé de son propre ordinateur, veuillez à ce qu’il ne l’utilise pas dans un endroit isolé, (par exemple, seul dans sa chambre).

2. Dialoguez avec votre enfant, intéressez-vous à ses pratiques et à ses « amis », posez-lui des questions sur les fonctionnalités mais aussi sur ses usages. Essayez de rester en veille sur ses pratiques car les technologies évoluent très vite ! Soyez également attentifs aux nouveaux usages mobiles.

3. Plus l’enfant grandit, plus il est à même d’échanger avec vous sur ce qu’il fait en ligne. N’hésitez pas à aborder avec lui les questions de vie privée et d’intimité.

4. En vous intéressant à ce qu’il fait (et non uniquement au temps passé sur le réseau) vous lui montrez que vous êtes à son écoute en cas de besoin ou de problème (exposition à des images à caractère pornographiques, violentes, etc). N’hésitez pas à le lui rappeler !

Mieux que de devenir « l’ami » de votre enfant, discutez avec lui de ce qu’il fait sur les réseaux sociaux. Faites lui prendre conscience de l’impact de ce qu’il publie et encouragez-le à préserver son intimité.

Education et responsabilisation

1. Si les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans, c’est que certains contenus peuvent être inadaptés. Soyez en conscients !

2. C’est à vous de rappeler que, comme dans la vraie vie, tout n’est pas permis sur les réseaux sociaux. L’injure, la diffamation ou le cyber-harcèlement sont punissables par la loi, tout comme la diffusion de photos/vidéos sans le consentement des personnes concernées.

3. Sans paramétrage, tout ce qui est mis sur un réseau social peut être vu et utilisé par tout le monde. Invitez votre enfant à réfléchir avant de publier une information personnelle. Abordez avec lui la question de la gestion de la vie privée et n’hésitez pas à consulter les tutoriels (dont celui de la CNIL) qui aident à mieux paramétrer les profils.

4. Expliquez à votre enfant qu’il n’est pas anodin de publier une photo gênante de ses amis ou de lui-même, car leur diffusion est incontrôlable, et il est très difficile, voire impossible, de faire supprimer des photos.

5. Plus votre enfant a de contacts sur son réseau, plus les risques d’être victime d’insultes ou de rumeurs augmentent : démystifiez la course aux « amis » et dialoguez avec votre enfant sur les critères d’acceptation des amis.

Même si vous souhaitez favoriser l’autonomie et respecter l’intimité de votre adolescent, vous restez son responsable aux yeux de la loi jusqu’à sa majorité.

A propos du piège que constitue la course au nombre « d’amis » sur facebook, voici une illustration de la BD Les nombrils que les enfants lisent dans Le Monde des Ados. Il s’agit d’une autre jeune fille avec laquelle elles se sont fâchées…

nombrils

Dans l’ensemble, ces conseils me paraissent assez pertinents.

Nous devons de toute façon vivre en sachant que nous ne pouvons pas protéger nos enfants de tout. Nous pouvons tout au plus les accompagner afin que leur usage de la toile soit adapté à leur maturité.

Et qu’il s’agisse des enfants ou des adultes, les relations sur le net sont assez semblables à celles des autres situations de la vie, les mêmes principes de respect de soi et des autres, les mêmes frontières entre privé et public s’y appliquent.

Dans l’article dont je suis partie,  est évoqué aussi le droit à l’oubli numérique, qui d’après le  le rapport de la défenseure des enfants  est encore plus nécessaire pour les enfants, car ils sont plus vulnérables à la publicité et aux effets de groupe.

En introduction au rapport se trouvent les 10 proposition de Marie Daurin pour renforcer la protection des mineurs sur internet :

  1. Instaurer une co-régulation des politiques du numérique en direction des enfants et des adolescents grâce à une plateforme de réflexion, de propositions et d’interventions rassemblant l’ensemble des acteurs publics et privés du numérique.
  2. Rendre visible sur tous les sites les modalités de signalement des contenus illicites et des contenus ou comportements inappropriés.
  3. Intégrer le droit au déréférencement au règlement européen actuellement en préparation.
  4. Inciter au niveau international les acteurs privés du numérique à l’autorégulation pour renforcer la protection des enfants.
  5. Développer une politique de recherche pluridisciplinaire et indépendante concernant les usages, les effets et les conséquences de la généralisation du numérique pour les enfants
  6. Assurer une formation effective aux TICE des principaux acteurs intervenant auprès des enfants (professeurs, éducateurs, animateurs…) abordant aussi bien la sensibilisation aux risques, les informations sur les systèmes de protection, que l’accès à la culture et à la connaissance.
  7. Former davantage et systématiquement les policiers et gendarmes à la spécificité des procédures (recueil de plaintes, recherche de preuves) liées à la cyberdélinquance dans laquelle des mineurs peuvent être impliqués en tant qu’auteurs ou victimes.
  8. Modifier la loi n° 2010-476 du 12 mai 2010 (i) relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne, afin d’y intégrer l’obligation dans toutes les publicités d’indiquer que ces jeux sont interdits aux moins de 18 ans.
  9. Élaborer un texte législatif afin de donner une portée contraignante aux recommandations existantes afin de protéger les enfants des publicités insérées dans les jeux vidéo.
  10. Étendre à la chaîne Arte les dispositions mises en place et promues par le CSA en matière de protection des enfants et des adolescents vis-à-vis « des programmes des services de communication audiovisuelle susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental et moral » (application de la signalétique en vigueur au CSA, protection des mineurs participant aux émissions télévisées, protection des tout petits, protection contre la pression publicitaire).

Reste à suivre ce qui entrera effectivement en vigueur. Ces propositions me paraissent de bon sens.

Pour plus d’information, le lien vers l’étude publiée sur le site de la CNIL :

l’étude sur l’usage des réseaux sociaux chez les 8-17 ans

 

Phypa