User de drogues douces…

L’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT) vient de publier son Rapport 2012 sur l’état du phénomène de la drogue en Europe. Pour ce qui concerne le cannabis (p.45), il nous révèle que la tendance générale mondiale est à la baisse de la consommation depuis 2001. Sauf… pour la France, où l’on observe une augmentation. France qui par ailleurs est championne de la consommation, en deuxième position derrière la République Tchèque! Ah bravo!

Dans ce groupe, seule la France a observé une augmentation d’au moins 4 % entre sa première enquête ESPAD en 1999 et l’édition la plus récente. Par ailleurs, alors que la tendance entre 2007 et 2011 était à la baisse ou à la stabilisation dans sept de ces huit pays, la France a, quant à elle, rendu compte d’une augmentation (8 %).

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En lisant cela, je me pose plusieurs questions: Est-ce inquiétant? Au niveau de l’Etat, est-ce qu’il y aurait quelque chose à faire? Et ensuite, à notre niveau de parents, comment s’assurer de la sécurité de nos enfants?

Fumer du cannabis, c’est très mal?

« La drogue a fait cent morts en France l’année dernière, l’alcool cinquante mille ! Choisis ton camp, camarade !  »

Coluche, 1980.

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En 1998, le Professeur B. Roques publiait un rapport sur la dangerosité des drogues, et p.182, on pouvait y lire le tableau suivant:

Voilà qui bouscule l’idée qu’on se fait du cannabis: Peu de dépendance, très faible toxicité, faible dangerosité sociale et ZERO neurotoxicité! Finalement, ce ne serait pas si terrible!

Cette conclusion ne correspond pas avec ma perception (toute personnelle) du cannabis: J’en ai fait l’expérience, et franchement, j’ai du mal à croire que quelque chose qui procure autant de plaisir, mais aussi altère autant la perception, la mémoire, l’esprit et l’humeur, pourrait n’avoir aucune neurotoxicité? Quoique, orgasme et allaitement ont également ce type d’effets sur moi… Alors que personne ne conteste qu’ils seraient tous deux FORMIDABLES pour ma santé. Donc, est-ce que ce serait mon éducation judéo-chrétienne qui me pousserait à croire que tout ce qui est bon = pêché (exemples: le chocolat, le saucisson, le sexe, regarder C’est du propre à la télé) et tout ce qui est pénible = vertu (exemple: les brocolis, le tofu, faire le repassage, lire Kant).

Non, pas tout à fait!! Le rapport a ensuite été remis en question, par exemple par le rapport Cabbal (2002) qui dit que  l’effet de cannabis varie selon les individus – du coup, les résultats des expériences sur les animaux ne sont pas forcément transposables aux humains – et que les conséquences à long terme font l’objet d’une controverse scientifique. Quant au risque addictif et la dérive vers des drogues plus dure, il est réel.

A mon avis, le problème est surtout qu’à l’adolescence, on est psychologiquement plus fragile, (donc peut-être plus sujet à la dépendance?), et peut-être qu’on mesure moins les conséquences (un décrochage scolaire par exemple?). Pour moi, même si fumer régulièrement ne devrait pas être systématiquement considéré comme le signe d’un mal-être, mais peut-être  tout simplement comme une recherche de plaisir, de stimulation des sens, une forme de partage, et bien probablement que les risques sont plus grands à ce stade de la vie.

Comment lutter au niveau institutionnel?

Ah là là, grande question. D’ailleurs sans elle, je ne serais probablement pas où j’en suis aujourd’hui, parce que la question « Que pensez-vous de la légalisation du cannabis » est LA question qui m’a permis de sauver les meubles et réussir mon Grand Oral de l’entrée à l’école du Barreau (Ahem, ils laissent entrer n’importe qui dans cette profession!).

Je ne prétends pas la résoudre aujourd’hui! Les débats semblent centrés sur la question de la répression, plutôt que la prévention – ce qu’on peut regretter

Les partisans de la légalisation du cannabis pourraient précisément se fonder sur le rapport de l’OEDT pour dénoncer l’inefficacité de l’interdiction du cannabis: on observe que dans les pays où fumer du cannabis est légal, la consommation semble diminuer progressivement, à la même allure que dans les pays où la consommation est interdite (voire plus vite, cf. p.52 du rapport). Ils évoquent aussi que ce serait un bon moyen de mettre fin au trafic, de mieux contrôler la qualité des substances vendues, et d’engranger des taxes au passage ( c’est la CRISE!).

Les opposants à la légalisation dénoncent quant à eux  la dangerosité du cannabis – pour la santé et au niveau social, et le mauvais signal que celle-ci constituerait de la part d’un gouvernement qui avaliserait ainsi l’usage de cette drogue. Le gouvernement a dernièrement rappelé que pour cette raison, la légalisation du cannabis n’était pas à l’ordre du jour (aujourd’hui 2/3 des français seraient opposés à la dépénalisation du cannabis).

J’ajouterais que ma consommation personnelle a été extrêmement limitée par le fait que je suis une trouillarde de première catégorie et que jamais je ne serais allée en acheter dans la rue – Et aussi par le fait que je suis une jardinière catastrophique malgré tous mes efforts  (Oui, car, je ne savais pas qu’il était interdit de cultiver du chanvre jusqu’à ce que Phypa me le rappelle!).

En terme de prévention, il est intéressant de lire ce qui est dit dans le rapport: plusieurs types de mesures de prévention ont été observées et semblent avoir montré leur efficacité. En particulier, l’information dans les écoles, mais aussi la lutte contre les inégalités sociales qui sont corrélées aux comportements à risque (grossesses précoces, drogue, etc.). Ainsi que les mesures « ciblées » sur les populations « à risque »: par exemple un soutien aux enfants des familles de milieux défavorisés.

Reste à savoir ce qui nous différencie, nous, en France de nos voisins européens? Et en l’absence d’efficacité de cette prévention, que pouvons-nous faire en tant que parents pour protéger nos enfants?

Que faire en tant que parents?

Encore une fois la question est complexe (ce qu’il nous faudrait c’est un GUEST hein !!), mais j’ai trouvé quelques pistes dans ce document, qui n’est pas en accès libre mais que Mme D. a déniché pour moi! L’article parle des addictions chez les adolescents, tabac et cannabis. En ce qui concerne le cannabis, il tente d’expliquer ce qui favorise la consommation en parle d’un « moyen d’intégration favorisé par une banalisation ». Et il insiste sur la notion d’usage: tout usage n’est pas inquiétant, il faut donc essayer de reconnaître quand la consommation de cannabis doit  alarmer:

 En matière de consommation de substances psychoactives la notion d’usage est importante. Il existe une classification des différents modes d’usage. Cela permet d’avoir des critères plus précis pour repérer si une consommation est à risque, si la dépendance est déjà présente ou s’il ne s’agit que d’un épiphénomène dans le parcours de vie du jeune. Surtout en matière de consommation de cannabis, c’est essentiellement le type d’usage qui détermine la dangerosité. N’oublions pas cependant que l’usage du cannabis en France est illégal. De la simple consommation particulière au trafic, à partir du moment où une personne est en possession de cannabis elle se trouve en infraction et peut encourir des peines dès les premières interpellations.

L’usage nocif est caractérisé par :

• une consommation répétée induisant des dommages somatiques, psycho-affectifs ou sociaux, soit pour le sujet lui-même, soit pour son environnement ;

• consommation régulière, solitaire, thérapeutique

La quantité consommée, la fréquence des consommations, le fait de fumer seul, de fumer pour atténuer un symptôme de mal être (anxiété, insomnie) sont des facteurs évoquant un mésusage.

La dépendance

État de dépendance: la dépendance est un état de sujétion à l’usage d’un produit psycho-actif, dont la suppression induit un malaise psychique, voire physique entraînant le sujet devenu dépendant à pérenniser sa consommation ; à noter que pour le cannabis la dépendance est de 5 % à 10 % des fumeurs réguliers. Bien inférieure à celle liée au tabac (47 % des adolescents ressentent les symptômes physiques du sevrage tabac même avec des consommations faibles, occasionnelles et irrégulières)

Si l’adolescent souffre effectivement d’un mal-être, alors encore faut-il savoir quoi faire. L’article oriente les médecins vers l’établissement d’une communication avec l’adolescent:

Quel que soit le produit psycho-actif consommé par les adolescents la prise en charge reste calquée sur le même modèle. Il s’agit d’évoquer le sujet avec le patient et d’établir une alliance thérapeutique avec ce dernier. Nous devons nous abstenir de juger ou de moraliser tout en offrant un cadre solide. Il nous faut éviter de banaliser le produit et la consommation tout en évitant de dramatiser. Le plus important étant d’aider le jeune patient à faire le lien avec certains aspects négatifs (somatiques en particulier mais aussi psychologiques) de cette consommation. L’aspect médical est souvent une porte d’entrée privilégiée et le rôle du praticien somaticien devient prépondérant. Ces conduites de consommations déstabilisent souvent l’entourage et les praticiens, il est important de ne pas se retrouver seul dans ces prises en charges. Nous ne devons pas hésiter à solliciter les structures spécialisées habituées à cette problématique chez les jeunes quand la situation devient complexe. La relation établie avec l’adolescent reste l’élément majeur du soin.

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Le document est à l’usage des médecins, de sorte qu’ici la sanction, la surveillance, l’interdiction, etc… ne sont pas évoqués.  Mais il me semble que l’on peut transposer certains de ces propos aux parents, et plus généralement à l’entourage: C’est la communication qui est importante – avec les parents, ou avec un tiers si nécessaire. A partir de là, est-ce que la sanction est un obstacle à la communication, ou au contraire est-ce qu’elle peut être un moyen d’aborder le sujet, et en tout état de cause,  est-ce qu’elle est parfois nécessaire aux vues des dangers immédiats?

Et bien, j’imagine que nous n’avons pas fini de réfléchir sur le sujet…

Drenka

31 réflexions sur “User de drogues douces…

  1. Bravo pour cette synthèse, Drenka (en même temps, tu nous a habitué à un haut niveau de qualité, faut croire que tu ne fumes quand tu écris pour les VI, toi ;-)
    Je salue aussi la mesure et la justesse – enfin selon moi – de ce que tu cites. Ce n’est pas si souvent avec un sujet aussi polémique.
    Aaahhh si seulement mes parents avaient lu ça il y a quelques années !!

    Quant à nous, et à la façon dont on gérera ça avec nos propres enfants, ben on verra bien j’envie de dire. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’ils risquent de croiser des substances dont nous n’avons jamais entendu parler et à la puissance psychoactive démesurée (rien que pour le cannabis, parait que la teneur en THC n’a cessé d’augmenter ces dernières années)

    Cliquer pour accéder à 050216_thc.pdf

    Bon allez, zou, j’vais m’boire une Tourtel ça va me détendre.

    • Je crois en effet que le problème est que le cannabis d’aujourd’hui est beaucoup plus concentré que celui des années 70.

      Et du coup, une dépénalisation avec un taux de THC contrôlé, ce serait peut-être mieux.

      • En effet, légaliser c’est mieux pouvoir encadrer, et peut-être protéger les consommateurs i.e. potentiellement nos enfants. Mais en même temps, garantir la « qualité » de la drogue, je me pose la question de savoir si c’est une bonne chose, parce que pour moi personnellement, le risque « d’empoisonnement » et le fait de ne pas savoir ce qu’il y a dedans, bin c’est un sacré frein à la consommation. Du coup, je n’arrive pas trop à trouver de réponse à cette question.

    • Merci!
      Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire de THC. D’une manière générale ma mère m’a transmis une peur viscérale des drogues autres que l’herbe toute simple, including la resine de cannabis, parce qu’on ne sait jamais trop ce qu’il y a dedans. J’espère subtilement le transmettre à mon fils!

      • Certes, dans la résine on peut trouver beaucoup de trucs dégueu, m’enfin ta mère, comment elle sait que dans l’herbe, il n’y a pas plein de pesticides ou un taux de THC qui va t’exploser le cerveau direct ? ;-) Aaahhh parce qu’elle a des copains qui font pousser ça dans leur jardin, et tu comprends, ils sont très portés sur le bio… (des vrais copains quoi !) Gaffe à l’herbe, pas moins dangereux que la résine. D’autant que maintenant, il parait qu’ « ils » s’amusent à faire des manips génétiques sur les plants de marijuanna pour multiplier le nombre de copies de chromosomes (genre 4 à 8 copies par chromosomes, au lieu du traditionnel un chromosome venu de la mère, un chromosome venu du père comme on l’apprend au collège) À quand la marijuanna OGM moi je dis…

        • Je suis trop une chochotte donc la majorité de l’herbe que j’ai fumée, en effet je l’avais vue pousser au fond d’un jardin ou dans un pot sur le balcon!
          Mais oui tu as raison, et c’est pas ma mère qui fait la distinction hein, note, c’est moi qui ai bêtement moins peur de ce qui parait « naturel » – même si je sais bien qu’avec le contenu « naturel » de mon jardin je peux tuer 20 personnes à peu près!

          • Ouais, sur ce point, t’as raison ;-)
            Tente donc l’ergot de seigle du champ de ton voisin paysan, 100% naturel je te le garantie, et là, tu vas la rencontrer en vrai Lucy, et ça va briller beaucoup dans le ciel !
            Oh mon dieu, faut que j’arrête, je vais me faire choper pour apologie des drogues, oui, parce que rien que parler de drogues, c’est répréhensible je vous le rappelle, selon l’article L.630 de la loi du 31 décembre 1970 :
            « Le fait de provoquer à l’usage de stupéfiants alors même que cette provocation n’a pas été suivie d’effet, ou de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 500 000 F d’amende.
            Lorsque le délit prévu par le présent article est commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. »
            zou, je file…

  2. Merci pour cet article très intéressant.
    Je n’ai pas encore eut à me frotter à cette épineuse question en tant que parent, mon cheminement s’est donc très vite arrêté mais les pistes abordées m’ont bien fait cogiter et je pense qu’elles germeront le temps que mes petits deviennent grands :)

  3. Bonjour,
    Cet article est intéressant pour moi parce qu’il défend une approche différente de la mienne ;). N’ayant pour ma part jamais consommé de cannabis (je ne me suis jamais trouvé en présence du fumeurs, personne ne m’en a proposé, et je n’en ai jamais cherché – ayant eu une vie scolaire, universitaire et sociale normale néanmoins !), ni d’ailleurs fumé ou bu d’alcool, dont je n’aime pas le goût, tout simplement, je ne comprends pas que pour le plaisir qu’ils sont censés procurer, on mette en jeu sa santé. Il me semble notamment que l’absence de neurotoxicité du cannabis soit sujette à controverses, son rôle a été évoqué récemment pour expliquer l’augmentation de certains cancers, etc. Mère moi-même maintenant d’une jeune ado, d’un pré-ado et d’un petit garçon, j’essaie de les élever dans l’idée du respect de leur corps, c’est-à-dire d’eux-mêmes. C’est le sens global de ma démarche écologique, l’humain est partie prenante majeure de l’environnement, et à ce titre mérite la même préservation et le même respect. L’attention portée à la non-violence éducative, au respect du corps de l’enfant donc, au respect et à l’écoute de ses émotions (avec mes propres faiblesses qui font qu’il ne s’agit que d’une tentative aléatoire et toujours à reprendre), l’attention portée à la qualité de l’alimentation et de notre environnement de vie, tout cela est essentiellement contradictoire avec l’usage de substances d’origine inconnue, alimentant des trafics, et agissant d’une façon indéterminée sur le corps et le cerveau. Je voudrais finir sur un point, l’idée de l’suage thérapeutique pour lutter contre l’anxiété ; outre la question de la présence d’un entourage humain, dont l’efficacité est variable, et que le jeune peut ne pas souhaiter solliciter, je pense qu’il faut aussi transmettre à nos enfants l’idée que se sentir mal, malheureux, angoissé, fait aussi partie de la vie normale ; que ce ne sont pas des états à « éradiquer » absolument, que nous avons des expériences à en tirer, fut-ce au prix élevé de la douleur morale. Bien sûr, je n’ai aucunement la prétention de croire qu’avec cela, mes enfants seront nécessairement à l’abri des drogues ; simplement, je ne me résigne pas à ce qu’ils soient consommateurs parce que tous le sont, pour moi il est possible, et extrêmement souhaitable, de ne pas l’être.

    • Merci pour ce commentaire riche!
      J’essaie de répondre à un peu tout ce que tu soulèves!
      – Déjà pour moi, nous n’avons pas fondamentalement une approche différente! Je ne suis pas résignée et je pense aussi qu’il est souhaitable que les adolescents ne consomment pas de cannabis. Mais il est vrai qu’une fois adulte, je pense qu’en faire l’expérience en toute conscience ne traduit pas forcément un manque de respect envers soi-même.
      – Sur le respect à son corps, nous sommes en fait assez d’accord: je pense aussi mettre beaucoup de soin à choisir ce qui constitue notre alimentation (même s’il est illusoire de penser qu’on contrôle tout ce qu’on mange dans notre société hyperindustrialisée) et notre environnement. Et comme je le dis plus haut, il y a une peur en moi qui fait que j’ai peur de consommer une substance dont je ne connais pas la composition – d’où mon expérience très limitée à l’herbe que j’ai quasi vu pousser. Et comme je le dis aussi plus haut, j’espère transmettre cela à mon fils.
      – En revanche sur la notion de santé sacrifiée au plaisir, je suis plus réservée. Parce que finalement, vivre ça abime la santé. Quand on devient mère on perd une certain nombre d’années d’espérance de vie par enfant, par exemple. Et en ce qui me concerne, une longue vie dans l’ascètisme ne me tente pas tellement (surtout qu’une longue vie n’est en aucun cas garantie!). Donc je crois qu’il appartient à chacun de trouver un « équilibre bénéfice / rique ». Comme toi je ne fume pas, et je ne bois que très très occasionnellement pour goûter un vin particulièrement bon: J’estime que ces deux « vices » ne m’apportent pas assez de plaisir pour les dégats qu’ils causent. Mais quand le plaisir est réel, à partir du moment où les conséquences sont *limitées*, j’estime qu’il est dommage de s’en priver, la vie est courte et les plaisirs sont rares! Après, l’appréciation de la notion de *limitée* est personnelle!
      – Enfin, sur l’usage thérapeutique, je suis asssez d’accord avec le document que je cite selon lequel l’usage thérapeutique du cannabis est un mésusage. Et quand tu dis que se sentir malheureux, angoissé, fait aussi de nous ce que nous sommes, je suis d’accord dans une certaine mesure. Mais j’y mettrais quand même un bémol: Je pense que la douleur morale, comme la douleur physique, et ce qu’on peut en supporter, varie considérablement d’un individu à l’autre. A ce titre, je pense qu’il peut-être cruel d’exiger des autres de supporter ce que l’on estime supporter très bien soi-même. Pour moi, c’est valable pour l’accouchement par exemple, et c’est valable pour l’anxiété et le mal-être: je ne dis pas que l’usage systématique est une bonne chose, loin de là, mais réclamer une aide médicamenteuse est TROP souvent considéré comme une faiblesse.

      • Bon ben là encore, j’applaudis des deux mains. Merci Drenka pour ces opinions mesurées et non prosélytes. Je partage à 400% (sauf peut-être sur cette histoire de cannabis thérapeutique, cf certains cancers, sclérose en plaques… où le débat est vraiment très très différent) Et merci aussi de rappeler aussi que certains se droguent simplement par plaisir, et que c’est à chacun de mesurer la balance bénéfices/risques (pour la santé, pour le porte-monnaie, pour son casier judiciaire…) Sauf que pour ça, il faut être INFORMÉ !

        • Oui, le document parle juste de mésusage dans le cas d’un adolescent qui fume pour « s’automédicamenter ».
          Je ne parlais pas du tout de l’usage du cannabis comme médicament prescrit par un médecin (comme c’est courant au USA si j’en crois les séries médicales que je suis??)

  4. Je n’arrive pas à remettre la main sur des informations à ce sujet sur le net, mais pour avoir une belle-mère spécialiste de l’addiction, je confirme que le cannabis est un neurotoxique : il atteint la zone spatiaux-temporelle du cerveau. Les ados grands consommateurs (plusieurs fois par jour) se retrouvent ainsi, à 20 ans, à ne pas retrouver le chemin de la boulangerie de la rue d’à côté, à ne plus savoir mesurer le temps (et donc arriver l’après-midi au boulot où ils étaient attendus le matin)… Bref, ma mère (vive la famille) les retrouve en commission CDAPH (anciennement COTOREP) avec un handicap à 80%…
    Ma lecture du moment, « Retrouver son rôle de parent » de Gabor et Mate en parle avec une approche intéressante, j’ai hâte d’arriver au chapitre des solutions !

    • Euh… que le cannabis soit neurotoxique, je n’en doute pas une seule seconde, et il est facile de trouver des études là-dessus (mais elles ont tendance à montrer une faible neurotoxicité à long terme par rapport à d’autres substances et notamment l’alcool)
      Par contre, je suis un peu gênée par ton exemple un peu trop catégorique à mon goût. Pour avoir fumé quotidiennement et plusieurs fois par jour entre l’âge de 16 ans et 24 ans, je t’assure que j’ai toujours trouvé le chemin de la boulangerie ! J’ai eu mon bac avec mention, et n’ai pas redoublé à la fac. J’ai commencé à travailler à 21 ans, en tant qu’indépendante, et je n’ai jamais eu de problèmes de retard au boulot. Certes j’aurais pu faire beaucoup mieux, mais j’en ai bien profité (en tout cas, c’est comme ça que je le vois). Et aucun de mes amis de l’époque n’est passé par la CDAPH, sauf un, après un accident de voiture où le conducteur d’en face était ivre.
      Voilà, ne le prends pas mal oops06, je ne défends pas le cannabis, je le considère comme une substance qu’il faut manier avec des pincettes, tout comme l’alcool ou certains médicaments dont la France fait un usage immodéré (et ce d’autant plus, que alcool et médocs sont contrôlés par l’état, pas le cannabis…), mais je n’aime pas les arguments à l’emporte pièce !

      • « Pour avoir fumé quotidiennement et plusieurs fois par jour entre l’âge de 16 ans et 24 ans, je t’assure que j’ai toujours trouvé le chemin de la boulangerie ! »

        Bin c’est vrai que comme le cannabis mets tous les sens en éveil y compris le sens de l’odorat ET donne une faim de loup, l’example est en effet mal choisi! Perso, après avoir fumé, j’aurais quasi épousé un pain au chocolat!

    • Je pense que la raison pour laquelle tu ne peux pas mettre la main sur ces informations, c’est qu’elle sont difficiles à trouver et pas si catégoriques! Alors il semble qu’on s’accorde à dire que le cannabis aggrave la neurotoxicité des substances avec lesquelles il est consommé (tabac et alcool en particulier), mais la revue systématique faite par The Lancet (qui est en lien dans l’article), conclut qu’il n’y a pas de consensus scientifique la dessus: en l’état actuel des chose, il semble les preuves que la consommation de cannabis a des effets neurotoxiques à long terme soient faibles:

      The evidence is consistent with the view that cannabis increases risk of psychotic outcomes independently of confounding and transient intoxication effects, although evidence for affective outcomes is less strong. The uncertainty about whether cannabis causes psychosis is unlikely to be resolved by further longitudinal studies such as those reviewed here. However, we conclude that there is now sufficient evidence to warn young people that using cannabis could increase their risk of developing a psychotic illness later in life.

      Si tu trouves des pistes de solutions dans le Gabor & Mate, je suis preneuse!

  5. Merci beaucoup Drenka pour ce bel article!!!! Pour tout te dire: je suis exactement comme toi! Moi aussi mes parents m’ont filé la trouille de ces trucs, moi aussi j’ai fini par tester (parce que je reste une scientifique dans l’âme!) sans jamais ne le faire que sur le dos des copains (parce que hors de question d’aller faire commerce avec un type patibulaire-mais-presque !) et (là je ne sais pas pour toi) moi ça me rendait malade (nausées et angoisses). Donc, forcément, je n’ai jamais eu trop envie de réitérer…
    Du peu que j’avais entendu concernant les risques neurotoxiques (donc pas du tout aussi documentée que toi), il me semble que cela accentuait le risque de voir se déclarer certaines maladies mentales… donc à la dangerosité variable selon les fragilités innées des individus.
    Et enfin OUI, je cherche un GUEST!! J’en ai un sur le feu depuis plusieurs mois sur la question des addictions mais qui peine à se jeter à l’eau!! Je vais relancer tout ça!!!

    • Ah non moi le problème, c’est que autant alcool et cigarette me rendent malades comme un chien, autant l’herbe j’aime le goût, j’aime l’odeur, et ça me donne des quasi-orgasmes, gustatifs, sensuels et philisophiques!
      Par contre le lendemain je ne suis pas malade mais comme dans un cocon: incapable de me lever et rien ne m’atteint!
      Donc bon, j’aime mieux que ce ne soit pas à ma portée tous les jours, tu vois.

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