Le sujet du mariage entre personnes du même sexe et par extension de l’homoparentalité est un sujet qui me touche et sur lequel j’ai un opinion (oui parce qu’il m’arrive de ne pas en avoir … d’opinion), mais je n’avais pas spécialement envie d’en parler sur mon blog. Très certainement, parce qu’en ce moment les débats font rage et qu’on nous rebat les oreilles sur la réforme en cours, je n’avais pas particulièrement envie de mettre mon petit grain de sel.

Oui, mais voila, l’autre jour nous avons récolté ceci, dans notre boite aux lettres :

Notez l’utilisation du terme « duos » au lieu de « couples », ça leur brulerait la langue …

Outre le fait que de voir ce genre de prospectus accumulant un nombre impressionnant d’amalgames me donne tout simplement la gerbe, j’ai eu aussi envie d’argumenter un peu plus en profondeur sur le sujet.

Comme point de départ, on pourrait donner quelques chiffres. Les homosexuels, en France, représentent quel pourcentage de la société ? Pour cela, je vais citer Gaëlle Dupont qui a écrit dans le Monde, un article intitulé « Filiation, état civil, héritage : ce que la loi changera pour les couples homosexuels ». « Selon une enquête IFOP publiée en janvier, environ 6,5 % de la population âgée de 18 ans et plus se définit comme homosexuelle ou bisexuelle. » Et combien d’enfants vivent en permanence avec des parents homosexuels? « L’INED estime entre 24 000 et 40 000 le nombre d’enfants vivant dans ces familles. » Le chiffre passe à 200 000 ou 300 000 si on prend en compte tous les enfants vivant dans un contexte homoparental, dans un sens plus large.

L’objectif de la réforme en cours serait donc, au delà de tout débat idéologique, de garantir une sécurité juridique, au combien nécessaire, pour les enfants qui vivent déjà avec des parents homosexuels. Or comme l’a dit  le député UMP de Seine et Marne  qui compte voter pour la réforme malgré le positionnement de sa famille politique, ce qui compte c’est la protection de l’enfance.

En effet, l’idée sous-jacente est que le droit est là pour gérer la société telle qu’elle existe. Les lois viendraient régenter la société telle qu’elle fonctionne à un instant T. D’où les nécessaires réformes régulières car la société est mouvante. Si on pense que la loi est là uniquement pour donner une direction en amont de ce qui doit être fait ou ne pas être fait, il y a à mon avis, un fort danger de se retrouver dans un Etat dirigiste, ou pire … Bien sur, des limites sont nécessaires. Mais justement qu’elles seraient justes et bonnes ces limites qui viendraient à garantir à un enfant qu’on ne va pas lui arracher un père ou une mère depuis toujours, après le décès de son autre parent ! Qu’il est difficile de se sentir complet quand au sein de sa famille les statuts ne sont pas clairement définis par la loi ! Cela n’empêche pas de vivre, mais cela peut être pesant. Imaginez le père ou la mère (de fait) qui ne peut autoriser certains soins pour son enfant, à l’hôpital, car il n’est pas officiellement détenteur de l’autorité parentale ?

L’autre argument avancé par les détracteurs de la réforme est que les enfants de couples homosexuels ne seraient pas épanouis. Pour cela, certains mettent en avant une récente étude réalisée au Texas (haut lieu de la tolérance, soit dit en passant …) intitulée Regenerus. Selon cette étude, les enfants vivant avec des parents homosexuels seraient plus enclin à sombrer dans la dépression, la boulimie, l’anorexie, la drogue … etc. Je ne sais pas du tout ce que vaut cette étude ni le contexte dans laquelle elle a été réalisée. Je ne prétends pas non plus connaitre l’impact que peut avoir l’homoparentalité sur un enfant, d’un point de vue purement psychologique. Cependant, il me semble, comme peut en témoigner une blogueuse, instit et lesbienne, qui évoque les conditions très difficiles dans lesquelles vivent certains de ses élèves que la dualité mère-père ne garantie pas l’équilibre d’un enfant. Comme elle, j’ai pu voir que certains enfants vivent dans des conditions difficiles, avec des parents qui se sentent parfois très peu concernés. Où est-ce que je veux en venir ? Tout simplement au fait que des façons d’être mal éduqués, mal aimés, il y en a des milliards. L’homoparentalité viendrait apporter sa pierre à ce triste édifice ? Je ne pense pas, tout simplement parce que ces parents qui ne sont pas naturellement et biologiquement « équipés » pour procréer ensemble vont devoir mener un véritable parcours du combattant pour devenir parents. Que ce soit par le biais de l’adoption ou par celui de la procréation médicalement assistée. La plupart du temps, ils devront garantir une sécurité financière, affective,  psychologique et rester un couple uni. Ils  auront donc passé des épreuves que la grande majorité des parents ne connait pas. Alors, à mon humble avis, il s’agira là de parents imparfaits comme nous tous, un poil traumatisants, comme nous tous mais très certainement attentifs, aimants et impliqués. Et c’est bien là le principal, toujours selon moi !

Mais qu’en est-il de la simple question du mariage ? Qu’en est-il de ces hommes et femmes homosexuels ? Je me rappelle encore d’une question formulée très naïvement par une personne de mon entourage « Mais pourquoi veulent-ils le droit de se marier ? » Pourquoi vouloir le même droit que les autres ? Et bien juste pour avoir le même droit que les autres … C’est une question d’égalité. Dans l’article cité plus haut, Gaëlle Dupont nous rappelle les différences entre le mariage et le PACS. « Le mariage, quant à lui viendrait protéger, juridiquement, les couples de même sexe. Célébré en mairie, ce dernier engage une solidarité des dettes plus importante. Il permet de porter le nom de son conjoint et entraîne une communauté de biens de principe. Le conjoint survivant est automatiquement héritier de son époux. Le conjoint bénéficie également de la pension de réversion. » Et de façon plus romantique et légère, j’imagine que bon nombre de couples homosexuels ont envie de célébrer leur amour autour d’une jolie cérémonie, comme n’importe qui.

Il faut tout de même rappeler que la France semble en retard en la matière puisque bon nombre de pays ont déjà voté en faveur du mariage entre personnes du même sexe. Ainsi en Espagne, en Argentine, au Mexique, (et ce ne sont que des exemples) les mariages homosexuels sont autorisés. Pourtant il s’agit là de pays traditionnellement catholiques et très croyants. A méditer …

Enfin, pour répondre à la question si intelligemment posée par les personnes ayant rédigé le prospectus à l’origine de mon billet, je dirais que oui, je confierais des enfants à « ces gens-là ».

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