Homoparentalité. Le mot est lâché. Chargé d’espoir pour les uns. Abominable pour les autres. Toujours est-il que le 3 juillet dernier, Jean-Marc Ayrault a annoncé, dans sa déclaration de politique générale, que « le droit au mariage et à l’adoption sera ouvert à tous les couples sans discriminations » au premier semestre 2013. On a presque du mal à y croire tant le débat agite le pays depuis des années.

Voilà un premier pas attendu par nombre de familles, qui vivent à la marge d’une société bien-pensante, sclérosée par ce modèle traditionnel, presque archaïque, de la cellule parentale, défendu par quelques conservateurs dont on se demande s’ils n’ont pas de la merde dans les yeux.

L’homoparentalité en chiffres

Ben oui, les familles homoparentales n’ont effectivement pas attendu la bénédiction gouvernementale pour vivre la vie dont elles rêvaient. Ainsi, l’Institut national d’études démographiques aboutit en 2005 à « une estimation situant le nombre d’enfants résidant avec un couple de même sexe dans une fourchette de 24 000 à 40 000, la grande majorité vivant avec un couple de femmes ». D’autres comme, l’ADFH et la plupart des associations homoparentales françaises, établissent à « 250 000, le nombre d’enfants vivant avec au moins l’un des parents homosexuel ». Bref, on n’en sait pas grand-chose comme le constate Atlantico, si ce n’est que cette réalité existe. Et qu’avec le temps, le tabou se lève.

Une chose est sûre, la question de l’homoparentalité avance doucement mais sûrement en France. Au moins en ce qui concerne l’adoption. Ainsi, 51% des français se prononceraient en faveur de l’adoption par les couples homosexuels, contre 46% en 2005. Pour autant, la question n’est pas réglée : Atlantico remarque ainsi que « l’adoption par des parents du même sexe est rejetée à 78% par les catholiques pratiquants réguliers, à 65% par les pratiquants occasionnels, et à 52% par les non-pratiquants ».

Le 15 août dernier, l’Eglise a d’ailleurs une nouvelle fois réaffirmé, dans un grand brouhaha parfois nauséeux, son opposition au mariage gay et à l’adoption. D’après l’Express, elle préparerait même la riposte, si le droit au mariage venait à être ouvert aux homosexuels.

Oui à l’adoption homoparentale

Je ne vais pas revenir ici sur les dizaines d’arguments plus ou moins pertinents échangés, entre deux noms d’oiseaux, depuis le milieu de l’été, par les partisans comme par les détracteurs de l’adoption par les couples homosexuels. Néanmoins, s’il y a bien un point sur lequel les deux camps se rejoignent, c’est le bien être de l’enfant. Tous s’en réclament pour défendre leurs idées. Et ça tombe bien, car je vois mal comment on peut accepter de laisser des enfants croupir grandir dans des foyers, jusqu’à leur majorité. Adopté alors que ma vie ne se comptait encore qu’en mois, je remercie chaque jour le bon Dieu – s’il existe – de m’avoir donné la chance de trouver une famille aimante. Je pense aussi souvent à tous ceux qui n’ont pas pu connaître comme moi ce bonheur. Et pour être honnête, je ne crois pas une seconde que l’on puisse mesurer la capacité d’un couple à devenir parent à sa sexualité plutôt qu’à sa détermination à accompagner un enfant avec amour sur le chemin escarpé de la vie.

Mais la question de l’homoparentalité ne se résume pas à la question de l’adoption. Parmi les sujets de débats à venir, gageons que la gestation pour autrui ou l’insémination avec donneur devraient également faire du bruit. Mais c’est une autre histoire…

Je suis papa !

Crédit photo : tellmeastory