Depuis qu’elle est née, ma fille est une grande adepte des colères. J’ai pu comparer ses pleurs à ceux d’autres bébés et je me rendais bien compte que la mienne savait monter dans les tours bien plus rapidement que d’autres… Ma réaction (un brin désemparée) était alors de la prendre dans mes bras, de marcher et d’attendre que ça passe parce que de toutes façons, les comptines ne franchissaient pas le mur du son.

Au fond, j’ai toujours été très contente de voir mon P’tit pois exprimer aussi clairement son mécontentement, parce que sa mère n’était pas un modèle dans ce registe et il a fallu remédier à cela à l’âge adulte…

Bref, toujours est-il que ce sujet m’intéressait particulièrement, ayant un bébé virulent. Alors quand j’ai entendu parler  du livre d’Aletha Solter « Pleurs et colères des enfants et des bébés » dans les Vendredis intellos, grâce à un article signé la Mère ordinaire, je dois vous dire que j’étais vraiment intéressée, j’ai aussitôt commandé le livre.

Mais après l’avoir dévoré, force est de constater que mon scepticisme a frappé à plusieurs reprises, même si le fond me paraît bon et utile. Le plus gros défaut du livre ? Manquer cruellement d’assise : les thèses de la psychologue s’appuient sur des études discutables et ses recommandations sont mal justifiées.

Oui je sais, j’y vais fort ! Mais voici deux exemples parmi tant d’autres :

  • page 63 : « Des chercheurs se sont intéressés à ce qui se produit quand les mères portent leurs bébés plus longtemps que d’habitude. Ils ont demandé à un groupe de mamans de porter leurs bébés deux heures supplémentaires par jour et à celles d’un groupe de contrôle d’accroître la stimulation visuelle des leurs. Quand les bébés eurent atteint 6 semaines, les chercheurs ont comparé la fréquence des pleurs dans les deux groupes. Les bébés des mères qui avaient passé deux heures de plus à les porter avaient pleuré une heure de moins par jour que les bébés du groupe de contrôle. Il en ressort que plus les bébés sont portés, moins ils ont besoin de pleurer.

Cette dernière affirmation est peut-être vraie, j’ai même tendance à la partager. Beaucoup d’amour et de proximité pour le bien-être du bébé. Il n’empêche, quelque chose cloche dans cette étude : un groupe de contrôle est sensé être un groupe qui agit « normalement », sans recommandations particulières. Ici, on demande aux mamans d' »accroître la stimulation visuelle » des bébés. Pour quoi ? On ne nous l’explique pas. Qu’induit cette stimulation ? Car on sait qu’une surstimulation engendre des pleurs chez un bébé. Pour moi, cela décrédibilise totalement cette étude, qui ne prouve rien. Dommage qu’une spécialiste plus aguerrie que moi sur le sujet s’en serve pour sa démonstration.

Jarmolaine