Que nous soyons parent, ou enfant, nous avons tous en tête une idée de parents.

Quand on est enfant, ce sont ceux que nous voudrions avoir, et bien sûr ce sont rarement ceux de la vraie vie.

Pour certains enfants, il y a une période où on s’en invente carrément d’autres. C’est ce dont nous parle Claire dans son article « La quête des origines »

Claire nous parle d’un livre « l’étonnant voyage de Polyxène » de Bianca Pitzorno, qui raconte le parcours initiatique d’une petite fille qui part en quête de ses origines.

Pour certains enfants c’est le besoin à un moment donné de s’inventer une autre vie, pour d’autres, nés sous X ou adoptés, c’est une réalité avec laquelle il faut se bâtir « un roman familial ».

Il y a beaucoup de battage médiatique autour de la quête des origines, et des accouchements sous X qui privent des personnes de savoir d’où elles viennent. Bien sûr, l’idéal serait que la femme qui accouche sous X , et qui pour toutes sortes de raisons qui méritent le respect ne se sent pas apte à assumer son enfant, lui laisse une lettre à lui remettre quand il sera adulte. Sans doute y a-t-il un accompagnement à inventer. J’avoue que je connais assez peu la question.

On pourrait aussi discuter du concept de « vrai parents » qui fait bondir les adoptants, qui ne se sentent pas « des parents en silicone ».

C’est un concept abordé par Françoise Dolto dans son livre « Tout est langage » où elle indique que la « génitrice » n’est pas forcément une « maman », et qu’il faut l’expliquer à l’enfant.

Mais du coté de l’enfant, cela n’empêche qu’une mère biologique même maltraitante, reste une référence. Et on retrouve bien là l’idée, qu’il y a une vérité que la société veut objective, et l’image que chacun s’en fait aux tréfonds de lui-même et qui lui appartient.

Et quelle que soit l’histoire de vie de l’enfant, la construction d’un « roman familial » est nécessaire à son développement psychique.

Pour plus d’informations sur la théorie psychanalytique, on trouvera ici quelques compléments.

Les neurosciences confirment d’ailleurs que ce sont les mêmes zones du cerveau qui sont impliquées dans l’accès à son histoire personnelles, que celles utilisées pour construire des projets.(c’est décrit dans un numéro des Cerveau et psycho consacré à la mémoire si mes souvenirs sont bons ;-) )

Et du coté des parents, il y a les parents qu’on rêve d’être, et celui que notre enfant perçoit.

C’est parfois cruellement différent, comme en témoigne l’article de La mère cane, « une mère est l’esclave enchantée de ses enfants« .

La mère cane nous parle d’un livre « L’avalée des avalées » de Réjean Ducharme, où une mère et sa fille ne se comprennent pas du tout, où la mère s’est imposé de montrer d’elle-même une belle image et qui aboutit à un rejet.

Je crois que cela résume la peur de tous les parents : on fait tout ce qu’on peut pour que nos enfants chéris aient ce qu’on peut leur offrir de mieux, et ils n’en veulent pas, ils en nous supportent plus.

Toute la question est dans « ce qu’il y a de mieux » finalement, qu’est-ce que c’est ?

C’est ce que nous croyons en tant que parents, à la lumière de l’enfant que nous avons été, et souvent de l’éducation que nous avons reçue, dont nous voulons reproduire les bons cotés, et bannir les mauvais, mêlé à ce que nous bricolons issu de nos lectures et de nos expériences, du regard de la société…

Mais est-ce que cela correspond aux besoins de notre enfant, avec sa personnalité à lui, … et non l’enfant dont nous rêvons (??!!)

Trouver un équilibre entre rêve et réalité, ne pas renoncer à ce qu’on est tout en restant ouvert à autrui, c’est le fruit de tout une vie de maturation continue, le questionnement de tous les parents du monde. Et n’est-pas un peu la raison de nos discussions ici ?

De quoi débattre encore longtemps, les VI ne sont pas au chômage !