Voilà deux contributions qui résonnent particulièrement en moi.

18 mois après avoir arrêté la contraception, espoir après espoir, déception après déception, nous avons pris conscience que nous n’aurions peut-être jamais d’enfant. Je m’étais rêvée à la tête d’une famille nombreuse, que j’imaginais composée de nos enfants « biologiques », mais aussi d’enfant(s) adopté(s). Et pourtant, à ce moment là, nous n’avons pas envisagé l’adoption une seule seconde.

La poignante contribution de Madame Sioux montre que la décision d’adopter peut être tout à fait indépendante d’une situation d’infertilité: Il s’agit du témoignage de Sophie, déjà maman, qui s’est lancée dans l’aventure de l’adoption. Elle confie ce qui a motivé cette décision, leurs espoirs, leurs projections, comment leur fille est associée à ce projet, et enfin les obstacles supplémentaires qui se dressent devant eux puisqu’ils ne sont pas infertiles.

Cette envie nous l’avions séparément et nous l’avons partagée dès les premières semaines de notre relation, en nous disant qu’un jour, nous adopterions un enfant. Sans pour autant que ça interfère sur notre envie d’enfant biologique, présente également. De longues années plus tard, nous avons eu notre petite fille, qui nous a comblés et il y a un an, alors que beaucoup pensent alors à concevoir un deuxième enfant, c’est cette envie d’adopter qui nous est revenue comme une évidence : nous avons décidé de nous lancer!

C’est une chose difficile à expliquer et qui ressemble d’ailleurs à l’envie de concevoir un bébé, un sentiment qui “prend aux tripes”.

Ces obstacles sont-ils justifiés? Il m’a toujours semblé que non. La lecture des commentaires de l’article m’a amenée à réfléchir à ma position, pour deux raisons. La première est pratique: Il y a peu d’enfants adoptables. Concrètement il est possible que la présence de couples fertiles dans la « course » à l’adoption, puisse priver ou retarder l’accès à l’adoption pour des couples infertiles. La seconde a été soulevée par une commentatrice qui rappelle que lorsque l’on parle d’adoption, on oublie bien souvent le point de vue des premiers concernés, c’est-à-dire les enfants adoptés: cette commentatrice parle d’expérience et raconte les difficultés de son frère adopté à trouver sa place dans la fratrie biologique, et les doutes qui ne l’ont jamais quitté quant à l’amour de ses parents.

Mais pour moi, choisir d’adopter n’a rien à voir avec le fait d’être infertile. D’une part parce que, comme le dit Sophie, l’envie d’adopter un enfant était inscrite en elle-même, inexplicable et irrationnelle, au même titre que celle d’avoir un enfant biologique. Partant de là, ne pas permettre la réalisation de cette vocation peut être à l’origine d’une véritable souffrance. D’autre part, parce que cela ferait peser sur les couples infertiles une certaine responsabilité vis-à-vis des enfants à l’adoption – une quasi-obligation en somme qui me semble d’ailleurs ancrée dans beaucoup d’esprits.

Deux ans après notre premier rendez-vous chez le médecin en vue d’un bilan de fertilité, j’étais finalement enceinte. Après notre combat pour cette grossesse, nous avions presque perdu de vue (et cesser d’espérer) qu’au bout de celle-ci… il y aurait un enfant! Nous avions lu tous les ouvrages possibles et imaginables sur la grossesse. Aucun sur ce qui se passe après la naissance. Et notre bonheur nous paraissait si fragile que nous ne parvenions tout simplement pas à nous projeter. La première échographie – à 12 semaines –  a  été pour moi un choc. Et peut-être encore plus pour le papa, qui semblait atteint, au cours de cette consultation, d’une forme soudaine d’hyperactivité: 200 questions à la minute! Je ne l’avais pas encore compris mais c’était probablement pour lui une façon de commencer à prendre sa place de père.

Dans sa contribution, Père de famille revient sur l’article commenté la semaine dernière par Kiki The Mum, et nous offre son point de vue de père sur la place du papa, avant, pendant, et après l’accouchement.

Alors voilà, je retrouve des questions que je me posais pendant la grossesse de ma femme. Je ne me sens pas encore papa, à qui puis-je en parler ? D’ailleurs ai-je vraiment envie d’en parler où est-ce un cheminement personnel ? Est-ce que devenir parent se vit à deux, entre sa femme et soi, et devenir père s’appréhende seul ? Est-ce mon rôle de couper le cordon ? Pour le symbole, parce que “c’est-comme-ça” ? Est-ce que je vais le trouver beau ? Comment je vais l’aimer ?

Ses réflexions portent notamment sur la frustration des pères lorsque les proches et le personnel médical semblent obnubilés par l’état de la maman et du bébé mais en oublient complètement de se soucier de ce que le papa peut ressentir. Et parfois, leur tendance à s’effacer et ne pas poser les questions qui les tourmentent, par peur d’être jugés, d’être ridicules, de « voler » le temps de parole de la maman. Père de famille offre ainsi de précieuses pistes pour les papas afin de trouver leur place, ainsi qu’aux mamans pour aider leur partenaire sur ce sinueux chemin.

Bonne lecture !