Le temps.
J’écrivais il y a peu que le temps était sans doute le paradigme du luxe dans notre société qui vit une montre vissée au poignet.
Avant, le temps était plus lent, rythmé par les saisons, le soleil.
Aujourd’hui, on court, après quoi, je ne sais pas.
Plus personne ne prend le temps, d’écouter l’autre, de s’écouter, de trouver son propre rythme dans sa vie, celui qui nous va bien.
Qui n’a jamais eu l’impression de danser un fox trot alors qu’une valse serait plus adaptée ?
Quand on est jeune, on nous demande quand on va avoir un chéri.
Une fois qu’on a le chéri, quand est-ce qu’on se marie.
Puis quand on va avoir un enfant.
Puis un deuxième, le premier à peine né.
Comme s’il y avait un ordre à tout, un ordre sociétal, une injonction à faire les choses « comme il faut », « quand il faut« . Education ? Héritage catholique ? Si l’on sort des sentiers battus, on est montré du doigt. On nous met la pression. Difficile d’en sortir même si on en est conscient.
La preuve : qui n’a pas été impatiente de voir un trait rose s’afficher sur un test de grossesse ? Baigné dans le « tout tout de suite », on oublie que la nature a son rythme, ses raisons que la raison ne connaît pas. Et puis le désir d’enfant, on l’a ou on l’a pas. Et quand on l’a, on ne peut pas toujours voir se concrétiser ce projet… la nature en ayant décidé autrement. Heureusement la médecine est là ! Miliochka nous parle justement de ce désir d’enfant face à l’aide médicale à la procréation. Dans une société où on a du mal à comprendre les couples qui ne veulent pas d’enfant, on ne tolère pas pour autant ceux qui ne peuvent pas en avoir et qui décideraient de ne pas faire appel à la médecine…
Drenka nous apporte sa vision de ce désir d’enfant et d’AMP en commentant le même article. Un sujet qui lui est personnel et qui donne une vision éclairée sur la véritable vision de l’aide médicalisée à la procréation. Même si la médecine permet une aide à la procréation et que la société part du principe que c’est « normal » d’y avoir recours, avoir à effectuer un parcours de PMA n’est pas si bien perçu/compris/accompagné (rayer la mention inutile) par l’entourage plus ou moins proche…
Un paradoxe étrange que l’on sent poindre. Tout comme celui du temps de la parentalité qu’évoque Une mère ordinaire. Si on nous met la pression pour procréer, on ne nous donne pourtant pas le temps de nous y consacrer lorsque l’on parvient à tomber enceinte. Pire : on nous demande de continuer à vivre et travailler comme si de rien n’était. Hormis ce que prévoit la loi (selon les conventions, les femmes enceintes ont droit à une réduction du temps de travail quotidien si elle le souhaite, de 20 à 30 minutes, et elles disposent également du droit d’aller aux examens durant leurs heures de travail sans perte de salaire), il n’y a aucun cadeau de fait aux femmes enceintes. « Ce n’est pas une maladie » : j’entends encore la voix de mon boss de l’époque m’asséner cette vérité, lui qui n’avait ni ovaires et enfant qui lui poussait dans le ventre. Et une fois l’enfant né, c’est pire : deux mois et demi plus tard, hop, au travail ! A moins d’avoir pris ses dispositions et d’avoir mis une petite fortune de côté pour pouvoir subvenir convenablement à ses besoins sans travailler, on est un peu obligé de reprendre le chemin du travail, la mort dans l’âme… et les cernes sous les yeux.
Paradoxe, vous avez dit paradoxe : la société actuelle en est pleine ! Mais si on finissait par accepter que l’autre est différent, que ce qui est bon pour nous ne l’est pas forcément pour son voisin, on parviendrait sans nul doute à en éradiquer au moins la moitié !
Je vous laisse avec les paroles d’une chanson que j’aime de Charles Aznavour, Le temps :
Laisse-moi guider tes pas dans l’existence
Laisse-moi la chance de me faire aimer
Viens comme une enfant au creux de mon épaule
Laisse-moi le rôle de te faire oublier
Le temps qui va
Le temps qui sommeille
Le temps sans joie
Le temps des merveilles
Le temps d’une jour
Temps d’une seconde
Le temps qui court
Et celui qui gronde
Le temps, le temps
Le temps et rien d’autre
Le tien, le mien
Celui qu’on veut nôtre
Le temps passé
Celui qui va naître
Le temps d’aimer
Et de disparaître
Le temps des pleurs
Le temps de la chance
Le temps qui meurt
Le temps des vacances
Le temps, le temps
Le temps et rien d’autre
Le tien, le mien
Celui qu’on veut nôtre
Le temps glorieux
Le temps d’avant-guerre
Le temps des jeux
Le temps des affaires
Le temps joyeux
Le temps des mensonges
Le temps frileux
Et le temps des songes
Le temps, le temps
Le temps et rien d’autre
Le tien, le mien
Celui qu’on veut nôtre
Le temps des crues
Le temps des folies
Le temps perdu
Le temps de la vie
Le temps qui vient
Jamais ne s’arrête
Et je sais bien
Que la vie est faite
Du temps des uns
Et du temps des autres
Le tien, le mien
Peut devenir nôtre
Le temps, le temps, le temps
Kiki the mum
Merci pour cet article qui du début à la fin résonne fort en moi en ce moment…
Merci pour cet article qui me réchauffe le cœur…. J’ai le privilège d’avoir eu du temps du début de ma grossesse, à maintenant pour accompagner ma puce, et parfois je me sens bien à côté du » monde »…. :(
Quand on pense que le temps moyen de « travail » estimé dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs ne dépassaient pas 20H00 par semaine… on se demande quelle est la société la plus évoluée..^^
Merci pour ce mini débriefing éclairé et cette note musicale de fin… La lecture de ton article et celle des trois contributions me laisse chose et me fait me rendre compte que si l’on continue comme ça on va droit dans le mur et on risque de passer à côté de nos vies… #prise de conscience… Maintenant que je suis consciente de ça, comment faire pour faire changer les choses…