La relation entre Léo (7 ans) et sa petite sœur Lou (bientôt 3 ans) a toujours été parfaite !

Léo était jusqu’à présent le « grand frère idéal ». Il ne s’est presque jamais montré jaloux de sa frangine et a toujours été « aux petits soins » pour elle, allant jusqu’à la défendre vaillamment « tel un preux chevalier lorsque les manants de la piscine à balles lui faisaient des misères ».

Il a d’ailleurs aussi toujours été d’une gentillesse et d’une patiente exemplaire, pendant la longue période du « terrible two » de Lou (sa phase d’opposition)… dont nous commençons à peine voir la fin (oufJ).

Depuis quelques mois pourtant ça a bien changé !

Nous n’en avons encore jamais parlé sur le blog, mais il faut que vous sachiez que Léo, notre grand (en fait mon grand, dont Camille s’occupe avec moi depuis qu’il a 2 ans et demi), ne vit pas 100% de son temps avec nous : nous l’avons à chaque vacances scolaire et de nombreux week-ends, mais il vit chez sa maman à Paris.

Depuis quelques mois donc, les disputes se multiplient et la maison devient parfois un vrai champ de bataille. Ils se cherchent mutuellement et bien entendu, lorsque l’un veut jouer, l’autre ne veut pas. A l’inverse, quand l’un cherche un peu de calme, l’autre est surexcité et vient l’embêter. Lou nous écoute à peu prêt désormais, mais Léo ne nous écoute (ou ne nous entend) plus lorsque nous lui demandons d’arrêter d’embêter sa sœur. Nous sommes même obligé de venir les séparer lorsqu’il risque (intentionnellement parfois) de lui faire mal.

Malgré toutes nos lectures et apprentissages pour arriver à les canaliser sans crier ni s’énerver… il faut avouer que nous avons du mal en ce moment.

Ce qui nous fait mal au cœur, c’est que nous sentons bien que Léo est jaloux de sa sœur… alors que cela n’avait jamais été le cas. Il refuse de l’embrasser ou de se faire embrasser d’elle (alors qu’elle en crève d’envie) et nous a même dit qu’il « ne l’aimait pas ».

Nous sommes un peu démunis face à son attitude et nous nous posons beaucoup de questions. Pour comprendre ce qu’il se passe d’abord, et ensuite pour trouver des solutions qui apaiseront la situation.

Pour être tous les deux passés par là, nous savons ce que c’est que « d’être l’aîné », de devoir partager papa et maman avec le ou les ptits frères et ptites soeurs. Nous savons aussi que la jalousie est parfaitement normale et que dans quelques temps, Léo sera ravi d’avoir une petite partenaire de jeu, prête à tout pour lui faire plaisir. D’ailleurs, il y a quelques jours, juste avant de repartir pour Paris, Léo est allé dire un secret à l’oreille de sa sœur… le soir, en se couchant elle nous l’a révélé : « il ma dit : Je t’aime ».

Il n’empêche que nous allons nous pencher sérieusement sur la question des jalousies et disputes entre frères et sœurs ! Il nous a été recommandé de lire le livre de Adele Faber et Elaine Mazlish « Jalousies et rivalités entre frères et sœurs ». Il est commandé. Mais en l’attendant nous avons fait quelques recherches sur Internet.

Voici un article de Christine Legrand, trouvé sur le site Internet de La Croix… avec nos annotations « en bleu ».

« Il est jaloux », « Elle est jalouse »

Quel parent n’a pas un jour prononcé ces mots. D’un air inquiet : on aurait bien aimé que nos enfants « s’entendent bien ». Ou d’un un air rassuré : il est « normal », puisqu’il est jaloux.

La jalousie fraternelle est un sentiment vieux comme le monde, qui a alimenté, depuis Caïn et Abel, de nombreux mythes. Elle s’inscrit depuis la nuit des temps dans cette ambivalence de haine et d’amour, qui caractérise la fratrie. « Fais-toi des amis ; les ennemis, le ventre de ta mère te les donnera », dit cruellement la sagesse populaire.

C’est l’un des tout premiers sentiments que l’enfant éprouve ou, comme le dit la psychiatre Sylvie Angel, « le premier mouvement émotionnel repérable dans la petite enfance », quand l’enfant découvre qu’il n’est pas pour sa mère l’unique objet d’amour.

Mais c’est aussi un sentiment évolutif, malléable qui nous accompagne toute notre vie. Et qui peut resurgir à différents moments de notre histoire avec plus ou moins d’acuité : les cabinets de notaire regorgent d’histoires de jalousies mal digérées qui se cristallisent, chez les frères et soeurs adultes, dans les conflits d’héritages, au moment du décès des parents.

« C’est une chose complexe et compliquée que la jalousie, souligne Sylvie Angel, et qu’on ne peut occulter ; elle fait partie de nous, même lorsqu’elle est fortement refoulée, déplacée, sublimée, intellectualisée. » En tout cas, elle n’est plus un « vilain défaut ».

Alors qu’elle a longtemps été considérée comme un sentiment inavouable et réprimé -« C’est pas beau d’être jaloux », disait-on aux enfants, ce qui a conduit bon nombre d’entre eux à la refouler-, la jalousie est aujourd’hui délestée de jugement moral. Elle est présentée par les psys comme un sentiment « naturel », inévitable, qui peut et doit s’exprimer sans honte. On lui a même découvert, à la lueur de la psychanalyse, des vertus positives et structurantes.

La psychanalyste Danielle Dalloz, qui lui a consacré un livre, explique : « Ce sentiment premier de l’être humain, qui émerge à partir du moment où la mère s’intéresse à quelqu’un d’autre que son bébé, l’aide à sortir de la dyade mère-enfant pour rencontrer l’autre. La première personne qui trouble cette dyade, c’est le père, mais la naissance d’un frère ou d’une soeur le réactive, en même temps qu’elle constitue une chance nouvelle de dépasser ce sentiment d’exclusivité de l’amour maternel. C’est difficile, précise-t-elle, pour un enfant de comprendre que sa mère peut l’aimer tout en aimant quelqu’un d’autre que lui, mais la plupart d’entre eux traversent bien cette épreuve-là. » À condition qu’on laisse cette jalousie s’exprimer.

Léo, à 7 ans, a dépassé ce stade. D’autant plus qu’il a sa mère en exclusivité lorsqu’il n’est pas avec nous.

Les psys sont en effet unanimes pour conseiller aux parents de « mettre en scène la jalousie plutôt que de la taire ». « Il est important que les enfants puissent dire leur jalousie, sans qu’il y ait un jugement négatif des parents », insiste Danielle Dalloz. Les parents sont invités à repérer chez leurs enfants ces jalousies qui se taisent ou se déguisent dans ces « gros câlins » faits au bébé au risque de l’étouffer, ou ces phénomènes de « régressions » bien connus des pédiatres.

« Au lieu de dire à un enfant jaloux : vous devez vous aimer, il vaut mieux lui dire : parle-moi de tes mauvais sentiments, afin d’incorporer dans leur psychisme ces sentiments négatifs », conseille également le professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre.

C’est ce que nous avons fait récemment : nous avons laissé/aidé Léo à nous exprimer par des mots sa jalousie (pas devant sa sœur bien sur… car cela l’aurait sûrement blessée) sans le juger, le réprimander ou « chercher à lui faire entendre raison en niant son émotion par un « mais si tu aime ta sœur ».

Nous lui avons demandé pourquoi il embêtait toujours sa sœur et il nous a expliqué qu’elle l’énervait parce qu’elle « chouine tout le temps » et que « vous vous occupez tout le temps d’elle ».

La question reste de savoir jusqu’à quelles limites on peut laisser ces jalousies s’exprimer. Car ces sentiments sont souvent empreints d’une extrême violence. Un enfant de 4 ans peut tenter d’étrangler son petit frère ; il peut penser « je veux que tu sois mort », et le dire. « On peut alors aider l’enfant à aller jusqu’au bout de cette pensée, suggère Nicole Prieur (4), philosophe et psychothérapeute, qui explique : Fraterniser, c’est accepter cette part de violence qui est en soi et l’accepter permet de ne pas avoir à l’agir. Mais il est très difficile de reconnaître sa haine : les frères et soeurs dépensent une énergie terrible à la refouler. C’est la leçon des mythes qui redeviennent actuels : reconnaître le crime fratricide pour ne pas avoir à le jouer. Il faut symboliser cette haine pour ne pas avoir à l’agir. »

Autrement dit, certains enfants doivent pouvoir « écrabouiller » leur frère ou leur sœur en pâte à modeler dans le cabinet d’un psy pour éviter de le faire dans la vie réelle. « Ce n’est pas facile à gérer, reconnaît Nicole Prieur, car si les parents ne doivent pas éviter la jalousie, ils doivent bien sûr poser des limites : respecter l’intégrité de l’autre, ne pas lui faire mal, le blesser, veiller qu’il n’y en ait pas un qui empiète sur le territoire de l’autre ; or il y a souvent, dans une fratrie, un enfant “autorisé” à le faire. »

La jalousie peut être aussi destructrice, comme le rappelle Danielle Dalloz, quand elle conduit à « se perdre dans des luttes et souffrances imaginaires et sans fin de ne pouvoir être l’autre ou d’avoir ce que l’autre a, au lieu de développer ce qu’on a ».

Il reste aussi que si la jalousie est « normale », elle n’est pas une fin en soi, insiste Nicole Prieur : c’est simplement un passage, une épreuve. Et si elle est importante à reconnaître, c’est pour pouvoir la dépasser. Car elle doit déboucher sur cette nécessité de faire place à l’autre. « Comment permettre à un autre d’exister, comment le reconnaître et le respecter dans sa différence », qui fait du lien fraternel un apprentissage de l’altérité. Dans sa version « dynamique et structurante », la jalousie permet alors à l’enfant de réaliser qu’il n’est pas le centre du monde ; elle lui apprend à partager, à commencer par l’amour de ses parents. Elle lui permet de faire l’expérience de l’autre qui possède des qualités ou des biens matériels qu’il n’a pas et l’aide à comprendre qu’« on n’est pas tous pareils ». À condition que ses parents ne prétendent pas (et c’est une de leur tentation) « faire pareil » avec tous. Car, rappelle Danielle Dalloz, « faire pareil » entretient la jalousie chez l’enfant, qui va sans cesse se comparer à l’autre.

Les enfants cherchent le chouchou

Le cœur des parents n’est pas un gros gâteau qui se partage à parts égales. Il serait illusoire de croire qu’on aime tous ses enfants de la même manière. « On passe notre vie, poursuit Marcel Rufo, à faire semblant de les aimer autant, or les enfants ne sont pas dupes et cherchent le chouchou. » Un parent peut avoir davantage d’affinités avec un enfant, et plus de difficultés relationnelles avec un autre ; et les enfants le savent, et souvent le disent, parfois très tard (« mon père a toujours préféré mon frère »).

Même si j’avais déjà lu plusieurs fois ce constat… je dois avouer qu’il me fait mal au cœur !! Je sais maintenant que j’ai (ou aurais?) des préférences envers tel ou tel de mes enfants… il m’est pourtant aujourd’hui absolument impossible de m’en rendre compte: Je les aime tous les trois… peut être (sûrement) différemment, mais je les aime aussi fort tous les trois. Ce qui diffère par contre dans notre cas, c’est le temps : nous en passons forcément plus avec Lou et Lili qu’avec Léo… C’est peut-être ça qu’il nous reproche.. ou qu’il reproche à sa sœur ?

En prendre conscience, cela ne veut pas dire se résigner et ne rien faire. « Se dire qu’on a plus de facilités avec un enfant qu’avec un autre, ça protège celui avec qui on en a moins, souligne Marcel Rufo. Être parent, c’est faire des efforts avec celui qui pose le plus de difficultés. » C’est aider chaque enfant à trouver sa place, en l’aidant à prendre conscience de sa valeur à lui et à l’accepter, en évitant « l’impudeur des comparaisons». « Car chaque enfant est unique. Et à chaque nouvel enfant, nous sommes un nouveau parent. »

En résumé :

selon cet article, pour aider un enfant à « dépasser » sa jalousie nous pouvons :

  • Lui faire prendre conscience de sa jalousie
  • L’aider à l’extérioriser : exprimer oralement et physiquement si besoin (avec de la pâte à modeler !!)
  • Ne surtout pas chercher à « faire pareil », à donner la même chose aux frères et soeurs, sous prétexte que nous les aimons « pareil » ! (Il faut bien vous l’avouer… nous sommes pourtant tombés dans le panneau).

Dans un autre article, sur Doctissimo, voici quelques autres conseils qui me semblent être de bon sens :

  • Ne pas intervenir systématiquement car « en se disputant, ils apprennent à régler leurs comptes seuls et testent leurs limites. Cela pousse chacun à développer ses propres compétences. Ils s’apprécieront mieux plus tard en ayant chacun une personnalité et des qualités bien différentes. »
  • Partager une activité spécifique avec chaque enfant « cela évitera à l’un ou l’autre d’avoir le sentiment d’être le vilain petit canard, et l’aidera à acquérir une identité propre ».
  • Mettre en avant les qualités de chacun, en évitant les comparaisons.

J’ai tout de même hâte de recevoir « Jalousies et rivalités entre frères et sœurs » pour en savoir plus sur le sujet !

Camille et Olivier du blog Les Supers parents