Dès la grossesse, même si on ne veut pas connaître le sexe de son bébé, il me semble que nous avons des représentations bien précises de ce qu’est une fille ou un garçon.

Dans l’encyclopédie « La Naissance », rédigée sous la direction de René Frydman et Myriam Szejer, Serge Héfez a écrit un article sur les représentations en fonction du sexe de leur enfant par les couples parentaux.

Même si c’est souvent involontaire, les modes de communication que nous offrons à nos enfants sont très souvent sexués. Des études ont montré qu’à partir d’un même livre d’images, les parents racontent les histoires différemment à un garçon ou à une fille. Les pères utilisent par exemple davantage de termes émotionnels lorsqu’ils s’adressent à leur fille. A l’école, les enseignants sourient davantage et manifestent plus d’affection aux petites filles qu’aux petits garçons.

Selon Serge Héfez :

«Nous sommes dans une période ou peu à peu ces choses là sont en train de changer, et c’est plutôt réjouissant ! Dans la famille occidentale, les deux mondes, masculin et féminin, s’interpénètrent. Il y a de moins en moins d’objets masculins et d’objets féminins, de tâches masculines et de tâches féminines, de métiers masculins et de métiers féminins…Nous sommes sur la voie de la complicité et peu importe si elle s’accompagne parfois de rivalité… ».

Pour l’auteur, « le monde a changé, mais hommes et femmes continuent à se débattre avec des représentations contradictoires des rôles sexués. Apaiser ce conflit ne signifie en aucun cas éduquer les filles et les garçons de la même manière. »

Selon Elisabeth Badinter (Dans « Fausse route ») :

« Les parents vont comprendre que calomnier la féminité chez les garçons et la masculinité chez les filles, c’est interdire à une partie d’eux-mêmes d’exister ».

Pour ma part, je me pose beaucoup de questions par rapport à cette différence des sexes. Ce que je remarque clairement, c’est qu’à partir d’environ 18 mois, les comportements des filles et des garçons ont tendance à changer. J’ai l’impression que les garçons ont davantage besoin d’être dans l’action, les filles dans l’observation par exemple. Mais ceci n’est que le fruit de mes observations sur les enfants que je rencontre à la crèche, à la ludothèque et dans mon entourage.
Et c’est peut-être induit par notre façon de communiquer avec eux, de les éduquer. C’est peut-être aussi à cause de la différence « biologique » qui existe entre les deux sexes. On a prouvé des tonnes de fois que le cerveau masculin et féminin ne fonctionnait pas de la même manière. On dit communément qu’un homme ne sait pas faire deux choses en même temps et que la femme ne sait pas lire une carte routière. Ces différences existent-elles à la naissance où se construisent-elles dans le vécu de chacun ?

C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup en ce moment, y compris parce que je vais avoir un bébé (dont je ne souhaite pas connaitre  le sexe pour le moment ) et surtout parce que j’observe beaucoup de différences dans le comportement des filles et des garçons. Et je ne réussi pas bien à savoir si ces différences sont innées ou induites par la façon dont nous avons de les éduquer et de communiquer avec eux.

Et puis je dois avouer aussi que bien que ne souhaitant pas connaitre le sexe de mon enfant je ne peux m’empêcher d’avoir une préférence pour l’un ou l’autre, ce qui était déjà le cas pendant ma première grossesse (et qui s’est complètement envolé à la seconde où elle est née).

Oui, c’est certain, je pense que nous avons tous des représentations bien précises de ce qu’est une petite fille ou un petit garçon. Je pense aussi que nous communiquons différemment en fonction du sexe de l’enfant que nous avons face à nous (inconsciemment bien sûr).

En effet des études ont démontré que nous n’utilisons pas le même registre de langage si nous nous adressons à une fille ou un garçon. Les mots empruntés pour s’adresser à une fille seront plus de l’ordre de l’émotionnel et ceux utilisés pour un garçon seront davantage dans le registre de l’action.

J’ai également lu une étude dans laquelle était démontrée que dans une crèche, pour une même action menée par un garçon ou une fille, la réponse donnée par le professionnel ne sera pas la même. Par exemple, si une fille pousse une chaise, l’adulte lui dira « Fais attention, tu vas te faire mal », si un garçon pousse cette même chaise exactement de la même façon, la même personne lui dira « Attention, tu vas la casser ! ».

Et je pense qu’on agit tous de cette manière à des degrés plus ou moins marqués.

Serge Héfez (psychiatre et psychanaliste) dit que  « Si l’on projette le film d’un bébé qui pleure à 20 adultes en leur demandant « Pourquoi  cette petite fille pleure t-elle? », ils répondent tous : « Parce qu’elle est triste », ou « Parce qu’elle a du chagrin ». Si on leur demande : « Pourquoi ce petit garçon pleure t-il? », la réponse est immédiate : « Parce qu’il est en colère ». L’environnement de ce bébé qui crie peut-être parce qu’il a faim, ou qu’il a mal quelque part, projette sur lui une émotion qui ne lui appartient pas, mais qu’il va adopter et dont il va s’imprégner.

Selon Serge Héfez, « c’est comme ça que la colère vient aux petits garçons et le chagrin aux petites filles ».

En ce qui me concerne, je n’émettrai pas un avis aussi tranché que cet auteur qui ne tient compte que de l’aspect environnemental pour traiter des différences entre les sexes. Je pense que bien qu’il y ait beaucoup d’influences liées à l’éducation des enfants, les filles et les garçons naissent avec des différences « biologiques » qui font que leur comportement se différencient.

Pour moi, nier ces différences à l’extrême pourrait également empêcher les filles d’assumer entièrement leur féminité avec tout ce que cela comporte et il en est de même pour les garçons et l’expression de leurs besoins.

Evidemment, je suis pour l’égalité des sexes, le partage des tâches et des rôles mais je suis contre nier les différences qui existent entre les sexes… On peux lutter pour l’égalité hommes-femmes tout en tenant compte de leurs particularités.

Il faut juste faire attention aux stéréotypes poussés et l’extrême et surtout veiller à ne pas opposer constamment les deux sexes.

Pour ce qui est de mon désir d’avoir un enfant de tel ou tel sexe (désir qui ne s’exprime que pendant mes grossesses !), je ne saurai dire qu’elles en sont les raisons, car j’imagine qu’elles sont essentiellement inconscientes, qu’elles proviennent des représentations que j’ai ou que la société diffuse. Une chose est sûre, je ne parviens pas à aller contre mais cette préférence s’efface totalement le jour où je rencontre mon enfant. Et si j’ai un garçon, je pourrais vous faire part de mes observations quant aux différences avec ma fille. Différences qui seront induites et par leurs différences biologiques et par ce que la société, puis ce que nous parents, nous leur transmettrons…

À la mère si