De ces jours-ci, je me sens lamentablement fâtiguée. Babycolle demande de l’attention de tout les instants : elle se met debout absolument partout, ne calculant pas encore les dangers, et trouvant toutes les bêtises du monde à faire… (c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je suis en retard pour ce mini-débrief).

La semaine passée, je ne sais pour quelles raisons, elle était de meilleure humeur, et donc j’avais réussi à m’octroyer quelques heures rien que pour moi : je m’étais bichonnée, des yeux aux ongles des mains.

Cette semaine, la fatigue s’accumulant, je n’ai de femme que le bout de mes seins, et la queue de cheval. Tout le reste de mon être respire la mère : mon vernis écaillé, mes chaussettes dans mes ballerines, mon long pull noir bien chaud parsemé de nourriture séchée, mes cernes, et mes 3 cheveux blancs.

Et en plus, j’ai eu 30 ans. Hier. Nouvelle décennie que je n’ai sû fêter pour toutes les raisons énumérées ci-dessus.

Heureusement, pour ce mini-débrief, je n’ai que 2 articles à lire. Non pas que je ne trouve pas les articles des VI intéressants, mais ma capacité de concentration est très limitée. Très, très.

J’ai eu du plaisir à vous lire les filles.

Drenka, et son billet sur Jennifer Worth : les contes d’une sage-femme. J’aime beaucoup les anecdotes en tout genre, parce que je suis un peu voyeuriste, j’aime par ce biais connaître un peu la vie des autres. Drenka nous présente ses sélections parmis toutes les anecdotes de ce livre, les anecdotes de femmes, de mères, de cette femme : Jennifer, qui les a rencontrées, soutenues, d’où qu’elles soient, quel que soit leur niveau social.

Elle nous parle d’une Angleterre des années 50. Ces années où les femmes n’étaient encore que très peu respectées autant pour leur être que leurs idéaux.

Elle y parle de viol, d’avortement clandestin, de fragilité de la femme, d’irrespect de ce corps si merveilleux, si fort.

En la lisant, je me suis dit qu’on avait quand même avancé pas mal dans les idéaux féminins. En 2012, même si tout n’est pas encore parfait, on tend à un plus grand respect de nos corps et de nos esprits. Lire par exemple qu’un avortement se fait sur la table de la cuisine avec des outils rouillés, n’est heureusement plus d’actualité.

On avance doucement mais sûrement.

Comme le dit si bien Drenka :

Le combat féministe (et d’une manière générale les combats sociaux) est loin d’être achevé. Tous les matins, je passe devant l’hopital, dans le bâtiment qui abritait jadis une Workhouse, et traverse ce qui a été le quartier des prostituées pour aller travailler. Chaque jour, j’ai une pensée pour celles qui subissent encore ces horreurs, et celles qui se sont battues au sang, et se battent encore pour que les femmes n’aient plus à les subir.

Dans notre bataille contre l’injustice, dans nos poings levés, et nos voix stridentes, n’avons-nous pas été un peu trop loin ? Nous avons l’égalité…? Vraiment ?

Les femmes sont égales aux hommes ? Les hommes aux femmes…?? VRAIMENT ?

J’en doute.

Je ne parle pas ici d’égalité salariale, ou tout autre égalité matérialiste. Non, je parle égalité face à nos enfants.

Ici à la maison, je ne suis pas l’égal du Cheum Grognon. Et lui non plus. Il en est loin.

Car c’est moi qui gère Babycolle a 98%. L’histoire que je l’allaite, l’arrange bien, car il peut se cacher derrière le fait qu’elle ne s’endort qu’au sein. Par là, il n’a même pas remarqué qu’elle avait grandit, et qu’elle n’a désormais plus forcément besoin du sein ni pour être calmée, ni pour être endormie. Un gros câlin. Voilà ce qui l’endort. Que ce soit contre mon coeur, ou celui de quelqu’un d’autre.

En ce moment il faudrait bien avoir 4 yeux pour la surveiller. Mais je n’en ai que 2. Les deux autres qui pourraient me venir en aide sont rivés sur un écran d’ordi a jouer à du « pan-pan-t-es-mort ».

Une des autres raisons pour lesquelles j’ai du mal à me tenir à l’horraire des VI. Si il pouvait la gérer un peu, de sorte que je puisse prendre au moins une petite heure tranquillou… Enfin, je ne suis pas ici pour me plaindre, ou le noircir…

Mais à la question de l’article de Kiki The Mum : Le père peut-il remplacer la mère?  Je dis oui !!

Oui qu’il PEUT ! Mais le veut-il ?

J’ai dit tout à l’heure au Cheum qu’il risque de regretter son manque d’attention actuel. Un jour, si il ne se remet pas en question, sa fille risque bien de lui faire comprendre qu’elle n’en a que faire de lui.

L’idée est neuve et réjouit tout le monde, à commencer par les féministes suisses. “Il est grand temps. On aurait dû impliquer les hommes depuis le début“

En effet.

On a plus qu’à se plaindre. Ou moi. Je n’ai plus qu’à me plaindre… voulant bien faire, j’ai sûrement pris trop sur moi au début de la vie de la Babycolle, du coup, un train-train s’est installé, qui convient à tout le monde, sauf moi.

La Babycolle est heureuse, elle à sa disposition, chose qui me plait, je ne m’en plains pas. Le Cheum est heureux, il peut continuer dans sa vie d’adolescent attardé, et parfois de père. Il a ses moments de détachement qui doit lui faire du bien, l’aider à décompresser.

Oui mais voilà.

Et moi. Mon sas de décompression. Il est où…?

Je suis femme. Je suis mère. Je suis fâtiguée.

Franchement. Un homme qui veut s’investir dans sa vie familiale et l’affiche, c’est un demi-héros aux yeux de la société… tellement c’est rare.

Pour moi ça relève du film fantastique. A ranger dans la même catégorie que les lutins, les elfes, et les fées.

Car on peut se poser la question, en tout légitimé, de ce que représente ce temps passé en famille. Se reposer ? S’amuser avec les enfants ? On ne sait pas ce qui se cache derrière cela (même si je doute que l’homme rêve d’enfiler son tablier et ses gants pour récurer les toilettes ou se mettre aux fourneaux)

Je ne vais pas vous retranscrire tout le billet de Kiki, zavez qu’à aller le lire. Mais ça me rassure dans le sens où, le Cheum n’est pas le  seul homme à être totally détached de la vie de famille……. Enfin, me rassurer…. je ne sais pas si c’est le bon terme.

Je vous laisse là. Ma fille s’est mise en tête d’harceler le chat le plus dingue de la maison  en le poursuivant avec un jouet en plastique couinant qu’elle brandit dangereusement, le tout en avançant sur une fesse et demi.

Mam’Sauterelle