Avoir un enfant est-il un droit?? Voilà la difficile question à laquelle Cécilie s’est attelée dans son billet du 11 février... A la lecture de son billet, très beau commentaire d’un article paru dans le fameux numéro de Books consacré à la maternité, je me suis (je l’avoue) sentie un peu un paumée au milieu de ces différents termes – droit, besoin, désir – utilisés tantôt pour soutenir tantôt pour juger la volonté de certains couples de devenir parents lorsque la nature de se montre pas docile…
C’est donc dans ce contexte que j’ai demandé à Pom, jeune agrégé de philosophie et ancien élève de Normale Sup’ (et bien bien loin encore de devenir papa!!) de revenir sur les Vendredis Intellos afin de nous débroussailler un peu la question… L’idée de ma demande était simple et pragmatique:  nous expliquer simplement ce que pouvait signifier dans ce contexte le « droit »et quels liens cette notion entretenait-elle avec celles de « besoins » et de « désirs » dans l’espoir que ceci permette à chacun de réfléchir plus aisément sur ce sujet hallucinamment complexe!!!
Avertissement au lecteur: l’objectif de cet article n’est pas de traiter cette question sous l’angle sociétal (ce que Books et Cécilie ont déjà admirablement bien fait) mais bien plutôt analytique (du point de vue de la philosophie éthique), d’où le sentiment de distanciation trop prononcée et/ou déshumanisation que certain-e-s ressentiront peut être…J’espère pourtant qu’il pourra vous donner quelques pistes de réflexions supplémentaires… N’hésitez surtout pas à réagir si un élément ou plusieurs vous interpellent, vous questionnent, vous étonnent ou vous choquent…l’espace des commentaires est fait pour ça!!
 La question du « droit à l’enfant » est certainement une question complexe : il est notamment impossible de se prononcer dessus sans éclaircir précisément les techniques médicales mises au service de ce «droit» hypothétique (traitement contre l’infertilité, FIV, don de gamètes, congélation des ovules, gestation pour autrui, etc.).
               Il peut toutefois être intéressant d’aborder la question de manière a priori, à savoir : que l’on défende ou que l’on condamne le fait d’accorder un « droit à l’enfant » aux individus, de quel type de droit pourrait-il s’agir ? Que peut-on entendre exactement par là  ?
               On distingue classiquement, au sein des droits, les « droits-libertés » des « droits-créances ». Les premiers sont des droits de faire ou de ne pas faire (on les appelle parfois les « droits de ») : déclarer un droit-liberté, c’est déclarer l’absence d’interdiction sur un sujet précis. Ces droits sont ceux qui sont le plus âprement défendus dans la tradition libérale, qui remonte au 18ème siècle, et qui a fondé nos démocraties : le droit de s’exprimer et de se réunir librement, de choisir son appartenance religieuse, relèvent éminemment de cette catégorie. Les « droits-créances », en revanche, parfois nommés « droits à  », sont des droits qui ouvrent à leur bénéficiaires des prestations concrètes, dont l’effectivité doit être assurée par la collectivité (l’Etat). Le droit à l’emploi, le droit au logement, etc. constituent des exemples de droits-créances. Les droits-créances sont les héritiers des luttes politiques et sociales du 19ème et du 20ème siècle : ils trouvent leur parachèvement dans la forme d’organisation économico-politique que l’on a nommé « Etat-Providence ». On accorde généralement un droit-créance parce que l’on considère que l’obtention d’un type de biens particulier (un logement, un emploi), est une condition nécessaire à la recherche du bonheur par les individus, et qu’à ce titre l’Etat doit assurer cette obtention. La question de savoir si un bien doit relever ou non d’un droit revient donc, au moins au premier abord, à décider si un bien constitue une condition nécessaire et indispensable dans la recherche du bonheur par les individus, ou dans l’atteinte d’une vie bonne. Notons que ces droits créances ont longtemps été considérés comme naturellement non-opposables à l’Etat, au contraire des droits libertés, mais que ce dernier point est en train d’être remis en cause – ce qui n’est pas sans poser des problèmes (voir la loi DALO).
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               Lorsqu’on parle du « droit à l’enfant », on peut en parler de deux façons. On peut évoquer :
1/ Le fait d’autoriser ou d’interdire certaines pratiques procréatives (ou d’aides à la procréation) : FIV, don de gamètes, gestation pour autrui, et, dans une perspective futuriste, clonage humain reproductif ou utérus artificiel. La question est alors une question de droit-libertés : l’Etat doit-il interdire ces pratiques, ou doit-il les autoriser, c’est-à -dire ne pas empêcher les individus d’y recourir (sans pour autant se prononcer sur le caractère souhaitable ou non de ces pratiques) ? Généralement, dans ce cas, la question porte sur le caractère moralement acceptable de ces pratiques. Certaines pratiques sont considérées par beaucoup comme portant atteinte à la dignité de la personne humaine (clonage, GPA), ce qui mène à les interdire et/ou les encadrer.
 Mais, par « droit à l’enfant », on peut aussi évoquer :
 2/ Le fait, pour un Etat, de permettre à tous d’accéder aux pratiques autorisées d’aide à la procréation. Exemple : la collectivité peut décider de subventionner, partiellement ou totalement, des pratiques comme la FIV, les traitements contre l’infertilité, la congélation des gamètes, etc. La question est alors de savoir jusqu’à quel point il faut considérer que le fait d’avoir un enfant relève d’une condition nécessaire à la recherche du bonheur.
C’est évidemment sur la question de savoir ce qu’il faut entendre précisément dans l’idée de condition nécessaire à la recherche du bonheur que va porter tout le débat (c’est le cas dans ce billet de Cécilie). Estimer qu’un bien X est une telle condition semble en effet relever d’une appréciation subjective, au sens où deux individus peuvent rationnellement être en désaccord à ce propos. De plus, une telle appréciation semble aussi changeante en fonction des conditions culturelles, sociales, économiques (comme l’est d’ailleurs l’existence même de droits-créances). D’où l’existence d’un désaccord.
Tentons toutefois de partir des droits-créances les moins contestables. Dès le moment où l’on accepte l’idée que l’Etat doit tenter de favoriser l’obtention d’une vie heureuse et/ou bonne par les individus (ce qui, en soi, n’est pas évident : les libéraux purs et durs contestent cette idée), certains droits semblent devoir leur être directement accordés : notamment, les droits aux conditions de la survie. Pas de vie heureuse sans vie, cela mettra tout le monde d’accord. Donc, chacun aura droit à obtenir l’alimentation et les soins médicaux de base. Ces biens sont des besoins au sens le plus évident et corporel du terme. En allant un peu plus loin, on peut considérer qu’il y a consensus sur le fait qu’un minimum de bien-être physique et de reconnaissance sociale est également une condition préalable à la recherche du bonheur : d’où le droit au logement et à l’emploi, inscrits dans la constitution.
Le droit à l’enfant, toutefois, ne semble pas relever de ces catégories : tandis qu’un affamé ou un sdf heureux de l’être nous semblent des quasi-paradoxes (c’est moins évident pour le chômeur, cela dit), nous connaissons tous des gens qui choisissent de ne pas avoir d’enfants et s’en estiment très heureux. L’aspiration à avoir un enfant peut-être très forte chez certains, il n’en reste pas moins qu’elle semble relever d’un goût individuel. Pour le dire dans des termes qui ne sont pas toujours très clairs ni très fixés, mais qui disent assez bien les choses : on peut avoir tendance à penser que le fait d’avoir un enfant relève moins d’un besoin que d’un désir. Le fait qu’il soit très partagé ne dit rien en sa faveur : beaucoup de gens ont l’aspiration très forte (= le désir) d’avoir une belle voiture ou de partir en vacances au soleil, mais on ne leur reconnaît pas, pourtant, un droit à obtenir ces choses-là (au sens du droit-créance). Cela semble constituer un argument contre l’idée d’un droit à l’enfant.
On pourra répondre à cette idée « relativiste » que :
1/ Pouvoir avoir un enfant est une aspiration extrêmement partagée, en tout temps et en tout lieu, même si certains individus ne l’éprouvent pas. En cela, elle n’est pas comparable à un désir aussi contingent et culturellement déterminé comme le désir d’une voiture ou d’un voyage
2/ L’impossibilité d’avoir des enfants peut parfois empêcher radicalement les individus d’être heureux. Celui qui n’est pas heureux parce qu’il ne possède pas de BMW nous semble ridicule : nous lui conseillons de se changer lui plutôt que l’ordre du monde, dans la mesure où nous pensons qu’il suffit de se convaincre soi-même pour parvenir à être heureux sans voiture de sport. Cela ne semble pas le cas de certaines personnes stériles. Bref, on peut insister sur l’idée selon laquelle l’enfantement est une aspiration fondamentale, qu’il se rapproche d’un « besoin », même si ce n’est bien sûr pas au sens corporel ou (« primaire ») du terme.
Il me semble que cette position est la position la plus partagée, et qu’elle est d’ailleurs aussi la position officielle de l’Etat français (à ma connaissance, mais je peux me tromper, il existe au moins certaines pratiques d’aides à la procréation qui sont encouragées par la Sécurité Sociale).
Je ne suis toutefois pas sûr que, pour être instinctivement partagée, cette position soit ultimement justifiable autrement que par un préjugé culturel. Je veux dire par là que, si nous n’avons pas de difficultés à accepter la prise en charge étatique de l’aide à la procréation, ce n’est pas tellement parce qu’avoir un enfant est une aspiration très forte et très universelle (qui se rapproche d’un besoin) mais plutôt, à mon avis, parce que nous aimons que les autres aient des enfants (nous y trouvons un intérêt, matériel ou idéologique).
En effet, je pense que deux contre-exemples (peut-être un peu « provocateurs ») peuvent être mis en avant pour éclairer ce point.Â
D’abord :
A/ Le désir d’être beau et physiquement jeune. Je pense que nous partageons tous le premier désir, et qu’à mesure que nous vieillissons nous partageons tous le second. Il s’agit donc d’un désir extrêmement répandu (et, je crois, en tout temps et tout lieu, même si sa force peut bien sûr varier). Ce désir peut parfois prendre une forme extrême, au sens où certaines personnes n’arrivent pas à être heureuses parce qu’elles se trouvent vieilles : la beauté peut donc apparaître comme une condition du bonheur. Pourtant, je crois que, sauf dans certains cas extrêmes (par exemple, les grands brûlés), nous ne considérons pas que la chirurgie esthétique doive être remboursée.
B/ Encore plus radical, le désir d’avoir des relations sexuelles. Je pense que chaque être humain désire avoir des relations sexuelles, et que l’absence totale de relations sexuelles au cours d’une vie peut réellement empêcher quelqu’un d’être heureux (je parle bien sûr d’une chasteté subie, et non d’une abstinence qui serait le résultat d’un choix délibéré). Je suis même quasiment certain que la grande majorité des individus considéreraient cette situation comme pire que la stérilité : plutôt une vie sans enfants mais avec du sexe qu’une vie sans sexe (sans sexe du tout, attention !) mais avec enfants. Pourtant, peu d’entre nous seraient prêts, pour cette raison, à non seulement autoriser mais également subventionner la prostitution pour les personnes qui ne parviennent pas, par ailleurs, à trouver des partenaires consentants.
Ma conclusion personnelle est que, si nous sommes prêts à accorder un « droit à l’enfant » au sens d’un droit créance, c’est-à -dire si nous pensons que l’Etat doit matériellement prendre en charge les pratiques d’aide à la fécondité (dès lors que nous les considérons comme moralement acceptables), ce n’est pas avant tout (ou pas seulement) parce que le désir d’enfant est très fort, très répandu, ou que son accomplissement peut être, pour de nombreuses personnes, un préalable au bonheur. C’est, je crois, parce que nous considérons qu’il est bon pour nous que les autres aient des enfants : les gens qui font des enfants (et qui les élèvent) nous semblent faire un acte en quelque sorte altruiste et qui profite à tout le monde. En revanche, nous sommes indifférents au fait que les autres parviennent à être plus beaux, ou arrivent à trouver des partenaires sexuels (à l’extrême, un sentiment d’envie peut même nous rendre ces faits désagréables !). Dans cette hypothèse, le droit à l’enfant serait plus un chapitre d’une politique naturaliste que la véritable continuation de l’Etat-Providence.
N.B. : il aurait peut-être également été intéressant de distinguer plus précisément ce qu’on met derrière « enfant » dans l’expression « droit à l’enfant ». Admettons en effet que l’on déclare un « droit à l’enfant » : s’agit-il du droit de faire un enfant, c’est-à -dire de créer un enfant porteur de la moitié de ses gènes ? Du droit d’élever un enfant ? (ce qui est bien différent, comme dans le cas de l’adoption) S’agit-il, pour les femmes, du droit de porter un enfant ?
Tous ces aspects sont très différents ; si l’on dit qu’avoir un enfant est une aspiration fondamentale, il faut au moins savoir si l’on parle de la création, de la gestation ou de « l’éducation ». Certaines sociétés, comme celle des spartiates (ou plus récemment, certains systèmes totalitaires) autorisaient les individus à avoir des enfants mais la garde de ceux-ci étaient confiée très précocement aux soins de l’Etat. A l’exact inverse, Lévi-Strauss, dans Tristes Tropiques, décrit une société amazonienne, les Mbaya, qui pratiquaient conjointement l’avortement systématique (sur eux-mêmes) et l’adoption systématique (d’enfants d’autres tribus).
POM
Je crois qu’associer le fait de vouloir associer un enfant à désirer des choses matérielles comme une voiture, c’est quand même nier un aspect de la question, genre, les individus ne sont pas programmés à la naissance pour avoir une voiture, on n’aime pas sa voiture autant qu’un enfant (ou alors on a un problème psychologique), on n’accouche pas de sa voiture et on ne lie pas une relation parent-enfant avec elle. Accessoirement, avoir une voiture n’assure pas non plus la reproduction de l’espèce, enfin pas que je sache, la voiture ne permet pas de fonder une famille.
Nan parce qu’on peut pas nier, avoir une famille c’est sympathoche quand même. Même que ça rendrait presque heureux en fait. Même qu’il y a des gens sans famille qui sont malheureux pour beaucoup. Alors comment qu’on fait pour fonder une famille tiens? Bah on fait des enfants.
Je trouve que les comparaisons utilisées dans ce billet biaisent le débat et le réduisent à une dimension consumériste, alors que le désir / besoin / droit d’essayer d’avoir un enfant va un peu plus loin que ça. Mais ce n’est que mon humble avis bien entendu.
Bonjour,
Vous avez parfaitement raison sur le fait que la comparaison avec la voiture était contestable (=le désir d’une voiture est non naturel, etc.). Il me semblait que, dans mon texte, il était visible que c’était aussi mon avis (je n’ai évoqué cet exemple que dans une première étape). D’où mes comparaisons suivantes, avec des désirs très largement partagés et sans doute « naturellement » déterminés: le désir d’avoir des relations sexuelles et le désir d’être beau/belle. Ces désirs sont beaucoup plus comparables au désir d’enfant, à mon sens.
Quand à l’argument de la « reproduction de l’espèce », je suis d’accord avec vous, mais cela rejoint mon dernier point: l’idée que nous avons tendance à accorder un droit à l’enfant aux autres simplement parce que nous considérons qu’il est « objectivement » bon que les autres aient des enfants (et pas parce qu’il s’agit d’un désir fondamental et d’un besoin pour l’épanouissement de l’être humain, sinon on pourrait aussi leur accorder un « droit » aux relations sexuelles).
En espérant avoir éclairci ma position,
Pom
Oui enfin, vouloir un enfant et vouloir être belle, (et même pour les relations sexuelles je dirais, d’ailleurs je me permets d’opposer comme argument que souvent, on met une vie sexuelle épanouie entre parenthèse pour mettre en place les démarches nécessaires pour pouvoir avoir un enfant), c’est aussi d’un autre ordre. Et même que si c’était la même chose, il parait que certains actes de chirurgie esthétiques sont pris en charge par l’état si on juge que vraiment ça pourrit trop la vie des gens. Et de toute façon, le droit à l’enfant, ça n’existe pas, on ne peut pas contraindre la nature à donner des enfants aux gens. En revanche, le droit à essayer d’en avoir, ça existe. Et si je veux des enfants ce n’est pas parce que je trouve ça sympathoche et utile que les autres en aient aussi, c’est pour plein de raisons débiles qui me sont propres, et je ne pense pas qu’une seule raison universelle puisse réunir tous les couples.
Merci beaucoup Faith, d’avoir pris le temps de mettre par écrit ton point de vue… Tu écris « on ne peut pas contraindre la nature à donner des enfants aux gens »: n’est-ce pas aussi ce qui est débattu dans la question du « droit à l’enfant » notamment lorsque l’on réfléchit à la place de certaines méthodes telles que gestation pour autrui, voire utérus artificiel dans un futur plus lointain…?
Il y a nécessairement une concurrence entre la médecine et la nature, c’est ce qui fait que le plus souvent il y a aussi progrès. Pour la GPA il ne faut pas oublier que comme pour toutes les techniques, ça ne fonctionne pas à tous les coups, ou demande un investissement personnel et économique énorme. Ces techniques posent aussi la question à chacun de jusqu’où il est prêt à aller pour avoir un enfant, et personnellement, je préfère ne pas trop me risquer sur le sujet parce que j’estime ne pas avoir assez de connaissances dessus pour pouvoir me faire un vrai point de vue.
Je comprends ton point de vue… je me risque néanmoins à une question personnelle (tu n’es pas obligée de répondre bien sûr!): toi qui a connu à la fois les souffrances (morales et physiques) du parcours de PMA et également éprouver la force du désir d’enfant, qui penses-tu (du médecin ou du patient) serait le plus à même de décider « jusqu’où être prêt à aller »… En ce sens, les limites selon toi devraient-elles être posées à titre individuel ou sociétal? C’est une question totalement ouverte, car je n’ai pas le début de commencement de réponse ni dans un sens ni dans l’autre!!
Je pense justement que le but de cette comparaison très (trop?) provocatrice était de montrer de façon radicale que le désir/besoin d’avoir un enfant va bien au delà d’un désir/besoin « simplement » largement partagé mais s’ancre bien plus profondément dans nos aspirations et nos idéaux, personnels et sociétaux….d’où la nécessité que nous ressentons d’en faire un « droit »… Mais je peux me tromper biensûr…
Ceci étant, tu as raison quand tu soulignes que la question de l’inscription de ce désir/besoin dans la « nature » de l’individu au titre d’instinct de reproduction n’a été qu’effleurée…et sa complexité simplement suggérée dans la note de fin….J’espère sincèrement que nous pourrons y revenir…
Sur cette phrase « Je suis même quasiment certain que la grande majorité des individus considéreraient cette situation comme pire que la stérilité : plutôt une vie sans enfants mais avec du sexe qu’une vie sans sexe (sans sexe du tout, attention !) mais avec enfants » j’avoue être dubitative…
Le sexe est certes un besoin/une envie primaire dure à réfréner, mais la souffrance de l’abstinence est sans commune mesure avec celle de ne pouvoir avoir de famille ou d’enfant…
Personnellement, je n’imagine pas une vie sans enfant, tandis qu’une vie sans sexe ma foi, je suppose qu’on peut s’en accommoder…
Mais globalement le droit à l’enfant est traité comme un bien de consommation dans cet article, et j’avoue ne pas être très sensible aux arguments avancés, du coup.
Quant à la conclusion, je ne crois pas que si la société est prête à accorder un droit à l’enfant, cela n’a rien à voir avec le fait que « nous considérons qu’il est bon pour nous que les autres aient des enfants  » mais car la grande majorité des gens aspire à construire une famille, à ne pas vivre seule, et que cela répond à un instinct de survie de l’espère programmé dans notre physiologie. Dois-je rappeler que chaque moi, les règles rappellent à une femme qu’elle n’est pas enceinte…
Je t’avoue que, comme toi, je me sens davantage prête (et de loin!) à renoncer à une vie sans sexe qu’à une vie sans enfant!! Mais je suppose que cela varie selon les individus…
Je ne suis pas entièrement d’accord avec l’idée que le droit à l’enfant est ici traité comme bien de consommation: lorsque l’on parle du droit à ne pas mourir de faim il n’est pas question de nourriture en tant qu’objet de consommation mais bien de nourriture en tant que nécessaire à la satisfaction de besoin vitaux, de même pour le droit au logement…
Je comprends aussi que la formulation « nous considérons qu’il est bon pour nous que les autres aient des enfants » t’interpelle, elle m’a également interpellée… Ceci étant, je ne pense pas qu’elle remette en cause le fait que l’on peut désirer pour soi (qu’il s’agisse d’un désir/besoin naturel ou culturel) le fait d’avoir un enfant… La question était ici de savoir en quoi le « droit à l’enfant » était légitime et pouvait être en ce sens soutenu par la société, l’idée consistant à dire que nous reconnaissons la légitimité d’un droit à l’enfant parce que nous pensons qu’il est bon que les autres aient des enfants ne me semble pas révoltante…
En sollicitant Pom, j’ai fait le choix de demander à une personne totalement extérieure à la communauté et la culture des parents/futurs parents/anté-pré-parent de parler de ce sujet difficile (peut être justement parce qu’il était si difficile d’ailleurs!)…Ceci transparaît incontestablement dans son discours (d’où peut être l’impression de froideur et de distanciation que tu ressens) C’est un choix que j’assume entièrement ne serait-ce que parce qu’il permet la rencontre de points de vue qui seraient probablement restés dans l’ignorance les uns des autres, c’est donc avec beaucoup de plaisir que je transmets tes remarques à Pom!!
Bonjour,
Je ne pense pas avoir traité le « droit à l’enfant » comme un bien de consommation, au sens où l’enfant n’apparaît pas, dans mon texte, comme un bien que l’on pourrait acquérir, échanger, qui aurait une « utilisation », etc.
Au sens le plus large, par contre, je pense que l’on peut considérer l’enfant comme un « bien », tout comme l’amitié, l’amour, le fait d’avoir un bon travail, etc. peuvent être considérés comme des « biens ». C’est-à -dire comme des choses qui comblent des désirs ou des besoins: mais en disant cela, j’essaye d’être assez neutre sur la valeur à accorder au désir/besoin d’enfant (=l’idée étant d’évaluer rationnellement la question du droit à l’enfant, j’ai essayé de rester neutre afin de ne pas être biaisé d’un côté ou d’un autre).
Pour la question de « vie sans sexe » ou « vie sans enfant », il y a beaucoup de choses à dire.
-d’un point de vue trivial, et au-delà de l’alternative amusante mais un peu creuse, j’avoue (« tu préférerais avoir une jambe en mousse ou manger des épinards toute ta vie? »), il n’y a sans doute pas de consensus. Après avoir envoyé ce billet au site, j’ai fait un petit sondage autour de moi, et tout le monde préférait renoncer aux enfants plutôt qu’au sexe. En même temps, il ne s’agissait que de gens sans enfants, le biais est donc évident. D’un autre côté, les gens qui ont des enfants sont certainement biaisés aussi: lorsqu’ils imaginent la vie sans sexe, ils pensent peut être surtout à « ne plus avoir de relations sexuelles » et non pas à quelqu’un qui n’aurait JAMAIS de relations sexuelles.
Demander à quelqu’un de 15 ans de choisir entre renoncer au sexe ou aux enfants serait intéressant. Mais au fond, c’est une question empirique (de sociologie, ou de psychologie sociale) et pas tellement une question de droit. Ce serait intéressant de la trancher mais pas essentiel.
-L’essentiel, pour le raisonnement, consiste à admettre ceci: pouvoir avoir, par ex, des relations sexuelles au cours de sa vie, est quelque chose de très important pour l’épanouissement de la personne humaine (sans pour autant aller jusqu’à dire que c’est plus important que d’avoir des enfants). Or, sommes nous prêts pour autant à subventionner, disons, la prostitution? Je ne crois pas. Est-ce simplement une question d’intensité et de force du désir? Dans ce cas, il faudrait subventionner la prostitution pour les personnes qui ont le plus de désir sexuel (à condition que ce soit vérifié objectivement, par ex. par une équipe spécialisée de neuroscientifiques??). Mais je ne crois pas que nous soyons prêts à dire ça non plus.
Ma conclusion est que, quoique nous prétendions, notre désir (que je partage) d’accorder une forme (plus ou moins large) de droit à l’enfant ne vient pas du fait qu’avoir un enfant est quelque chose de très important pour l’individu, qui lui permet de s’épanouir, etc,etc… mais du fait que nous considérons qu’il est objectivement bon en général que « les gens » aient des enfants.
Je pense par contre qu’on pourrait m’objecter que l’exemple du sexe est biaisé: peut-être que nous refusons de subventionner la prostitution uniquement parce que 1/ nous avons, sans forcément nous en rendre compte, un jugement moral défavorable persistant à l’égard du sexe ou 2/ nous portons un jugement moral défavorable sur ,le principe de la prostitutuion. On pourrait éventuellement dire pareil pour l’exemple de la chirurgie esthétique. Je ne sais pas trop, en fait.
J’espère ne pas avoir été trop long ou trop embrouillé,
Pom
Comme me fais remarquer une lectrice sur twitter: la société ne subventionne certes pas la prostitution mais par exemple (ça c’est moi qui le donne) les consultations de sexologie, considérées comme relevant du domaine médical… La comparaison est-elle donc soutenable?
Je dirais même que les personnes n’ayant pas la possibilité d’avoir une érection bénéficient d’aides médicales aussi remboursées par la sécurité sociale comme c’est le cas pour des médicaments comme l’edex, et que pour les personnes ayant été excisées la chirurgie réparatrice est remboursée par la sécurité sociale. Donc de même que rembourser l’amp ne donne pas un droit à l’enfant mais bien un droit à essayer d’en avoir, le fait d’être dans l’incapacité d’avoir des rapports sexuels donne lieu à un droit à obtenir des conditions physiques qui permettraient d’en avoir.
Je ne savais pas pour la sexologie, c’est intéressant. Peut-être que du coup la bonne comparaison serait à faire entre « autorisation des mères porteuses » et « prostitution » (plutôt qu’entre FIV et prostitution, c’est vrai). Mais du coup, le problème devient plus celui de la « location » d’un corps humain, qu’on peut accepter ou refuser pour diverses raisons.
Ho que cette comparaison entre prostitution et GPA m’agace… mais qu’elle m’agace ! Pour connaitre de nombreuses femmes qui ont aimé etre enceintes et le revivraient bien encore une ou deux fois, mais sans se taper l’enfant derrière, et seraient donc ravies de « rendre service » à une femme en mal d’enfant, je me de quel fantasme forcément masculin sort cette idée de « merchandisation du corps ». Car ne vous en déplaise, les raisons pour se prostituer et pour offrir une gestation ne sont pas le mêmes. Je peux tout à fait imaginer une femme suffisement désespérée pour louer son corps 9 mois par besoin (mais en quoi est-ce pire que travailler 12h par jour dans une usine de produits toxiques ou dans une filature, dites-moi ?), mais ériger ce modèle en modèle unique, ignorer avec un mépris sans borne la solidarité sororale entre femmes procréatrices en décrétant qu’une femme saine d’esprit ne PEUT PAS accepter de porter l’enfant d’une autre, ca commence à bien faire !
Quant au droit-liberté (de tenter d’avoir des enfants, et de les élever et les protéger), il est bel et bien bafoué en France, la PMA (à leur frais pourtant) étant strictement interdite pour certaines catégories de personnes, à qui ont met également des bâtons dans les roues une fois que par chance et opiniâtreté elle ont réussi à procréer.
Vous éludez totalement ce sujet, alors qu’il est passionnant : de quel droit interdir à certains un droit qui ne dérange personne, ne cause de tort à personne et ne coûte rien à l’état ?
Quelle idéologie nauséabonde décide qui a le droit de se reproduire et qui ne l’a pas, comme dans certains dictatures où des minorités opprimées sont stérilisées de force ?
Quelle idéologie nauséabonde décide, une fois l’enfant né, s’il aura ou non une vie normale, le droit d’être protégé et d’avoir les mêmes droits que les autres (parallèle : le 2e enfant en Chine) ? La France est pourtant signataire de la Convention de la Haye pour la défense des droits de l’enfant. Ouais, ben pas tous, faut pas déconner. Les enfants des migrants et ceux des couples de meme sexe, changez de rang !
désolée pour les fautes, j’aurais du me relire !!
Je trouve egalement que l’analyse de Faithfull est bien meilleure que celle de Pom! Mais mon point de vue est sans doute biaisé par mon infertilité et mon hypersensibilté sur le sujet!
Je comprends que le debat est de savoir si dans notre societe on reconnait un veritable droit d’avoir des enfants.
Concretement, ce droit se traduirait par l’acces a tous, fournie par l’Etat, a la procreation assistee. POM deduit de l’aide consentie en France que ce droit est bien reconnu et donc essaie de l’expliquer en le differenciant d’autres desirs. Mais il me semble que c’est hors sujet.
En premier lieu, l’assistance de l’Etat est certes en partie fondee sur la reconnaissance d’une certaine legitimite du desir d’enfant. Mais je pense qu’elle est principalement justifiee, d’une part, par le fait qu’avoir une enfant est un devoir: Il est tres important que notre societe est un fort taux de fecondite, et la politique familiale tient une part importante du debat politique. D’autre part, parce que l’infertilite a au niveau europeen ete reconnue comme une maladie qui a des repercussions importantes sur l’individu, avec un fort taux de depression, d’absenteisme au travail, et des maladies « accessoires ». L’aide est donc aussi justifiee par le droit a etre en bonne sante et l’interet qu’a l’Etat a faire en sorte d’avoir une population en bonne sante.
Mais je pense que la question fondamentale ici est d’explorer les limites poses par notre societe a ce « droit » a l’enfant. La situation actuelle en France est que l’aide a la procreation assistee est consentie sous certaines conditions : etre mariés ou en couple stable, hétérosexuels, jeunes et en bonne santé. Il y a egalement des limites d’ordre bioethiques, et enfin des limites d’ordre financieres.
De mon point de vue ces limitations sont contestables, et c’est cela qui devrait faire debat ici.
– La discrimination par rapport a l’etat de sante et celle relative a l’orientation sexuelle sont fondee sur le bien-être de l’enfant, et de mon point de vue pas forcément justifiées. C’est une des grandes questions: Faut-il privilegier le desir des parents ou le bien-etre du futur enfant? Comment juger l’aptitude des futurs parents avant meme que l’enfant soit conçu?
– L’interdiction du recours a certaines techniques de procreation assistee est basee sur les considerations bioethique, le sort des produits du corps humains et leur commercialisation (y compris les gametes et les embryons). C’est une deuxieme question qui merite d’etre debattue mais a mon sens en France elle ne l’est pas assez puisque l’Etat a pose une interdiction une fois pour toute, et que les techniques interdites (meres porteuses, don de gamete remunere, ou entre personnes d’une meme famille…) sont systematiquement diabolisees.
– Enfin, les limites financiere, la France est bien lottie pour ca, pour vivre en Angleterre je peux temoigner que c’est loin d’etre le cas partout. La aussi, il serait interessant de debattre des limites du droit a l’enfant dans le cadre d’une societe en crise et qui doit faire des sacrifices financier. Concretement, j’ai deja croise des gens scandalises d’apprendre que mon premier cycle FIV etait pris en charge par le systeme de securite sociale, a l’heure ou la question se pose de rembourser le traitement des recidives de cancer chez la personne agee en Angleterre.
Voila, moi c’est de ca que je pense qu’il faut parler plutot que de comparer le desir d’enfant au desir sexuel, ce qui pour moi n’a pas vraiment de sens. Et la ou je pense que mon point de vue est biaise, c’est que ces 3 types de limitations me herissent! Je pense que le droit a l’enfant devrait etre beaucoup moins limite!
Les deux analyses n’ont surtout pas du tout le même objectif, ni bien entendu le même point de vue dans la mesure où Faithfully a eu la malchance d’être confrontée à l’infertilité (et le talent de trouver les mots justes pour en parler); Pom n’a ni d’enfant ni le désir pour l’instant (à ma connaissance du moins) de devenir père…
Par ailleurs, comme je le signalais en introduction, ce billet n’a pas la prétention de répondre aux nombreux développement de ce débat du « droit à l’enfant » que tu résumes d’ailleurs très bien dans ton commentaire…je ne pense d’ailleurs pas qu’il soit possible de le faire au sein d’un unique article (mais si tu connais quelqu’un qui le puisse, envoie le moi, j’aurais du boulot pour lui! ;) )!!! Mais simplement de faire réfléchir sur ce terme de « droit » à l’enfant qui est tellement utilisée actuellement dans les médias…
Enfin, je partage complètement ton intérêt à évoquer et à débattre plus généralement du « droit à la parentalité » qu’il s’agisse de la dictature de la « mère parfaite » qui pousse les jeunes mamans à l’épuisement, ou plus généralement de l’expression autoritaire des normes et clichés en matière de parentalité qui met injustement au banc de la société les parents trop âgés, trop malades, trop jeunes, trop gays, etc… Les contributrices des Vendredis Intellos ont souvent évoqué ces questions et j’espère bien que ça va durer!!!!
Oui mais je continue de penser que cet article est hors sujet.
Ici il me semble que Pom ne parle pas vraiment de « droit a l’enfant » (qui selon moi ne donne pas vraiment lieu a debat – l’infertilite est une maladie, et en tant que maladie il est du devoir de l’etat d’essayer de mettre fin a la souffrance des personnes infertiles, et en outre l’interventionisme de l’etat est justifie par des raisons politiques) mais de reconnaissance de la legitimite du desir d’enfant dans la mesure ou ce n’est pas un besoin vital. C’est une question tres differente. Pourquoi est-ce que le desir d’enfant est plus legitime que le desir d’avoir des relations sexuelles ou d’etre physiquement attirant. Et les deux questions ne sont pas forcement liees puisque l’un ne resulte pas de l’autre.
C’est pour cela que je pense que pour repondre a cette question du droit a l’enfant il faut la prendre a l’envers et voir quelles sont les limitations de ce droit.
Par ailleurs le parallele avec la prostitution ne fonctionne pas. Le droit a l’enfant fait que l’Etat assiste medicalement ou avec l’adoption des parents a le devenir. De meme que les traitements pour rehabiliter la fonction sexuelle est prise en charge. Mais on ne fournit pas un partenaire sexuel, de meme qu’on ne fournit pas un partenaire de reproduction!
Je suis d’accord avec la nuance que tu indiques dans ton dernier paragraphe à propos du souci de cette comparaison, Pom m’a promis de repasser pour continuer de répondre à nos commentaires, j’espère qu’il pourra nous expliquer ce qu’il entendait par là …
Je n’ai par contre pas le sentiment qu’il parle de « reconnaissance de la légitimité du désir d’enfant » mais plutôt des raisons qui font qu’à l’échelle d’une société (entendue à mon avis plutôt comme société des individus que comme structure politique) on estime souhaitable de soutenir, de valoriser le projet de ceux qui souhaitent avoir des enfants en dépit d’une nature récalcitrante. La légitimité intervient donc mais pas pour juger des motivations personnelles qui sont incontestables mais plutôt des aspirations sociétales, d’où le positionnement sur la question du « droit à l’enfant »…
à drenka (8 mars 2012): je ne suis pas d’accord. Dire « L’infertilité est une maladie, et donc doit être soignée », c’est faire une pétition de principe. Il est intéressant de se demander justement pourquoi l’infertilité est considérée comme une maladie, et non pas, disons simplement comme l’absence comme une autre d’une capacité. Par ex, si je ne suis pas capable de courir le 100 m en 10 secs, ce n’est pas une maladie, car il ne s’agit pas d’une norme dans mon milieu. Pourtant, il y a une capacité que je n’ai pas et que d’autres ont. La maladie est toujours fonction d’une évaluation « comme maladie » (par une communauté médicale, par le patient lui-même,etc.). Et ce n’est pas seulement une question de moyenne (je peux manquer d’avoir une capacité X que 99% des gens ont mais sans être considéré comme handicapé ou malade). Il y a des cas limites qui font consensus (la maladie qui entraîne la mort) mais l’infertilité n’en fait pas partie.
La question étant: puisque nous considérons cela comme une maladie, puisque nous considérons effectivement que nous devons aider les gens qui en sont atteint: pourquoi? Est-ce en raison de la force du désir d’enfant? Mon avis est que non: cf mon exemple du désir sexuel ou du désir narcissique d’être beau. Je penchais donc plutôt pour l’idée selon laquelle, au moins en partie, nous reconnaissons la légitimité de ce désir à être en partie pris en charge par l’Etat sur la base du caractère désirable, pour nous, de la reproduction d’autrui. Ce n’est certainement pas le seul facteur, mais il me semble important.
@Pom: Ah mais je persiste et signe, l’infertilité est definie comme une maladie par l’OMS:
http://www.icmartivf.org/ivf-glossary.html
Infertility (clinical definition): a disease of the reproductive system
defined by the failure to achieve a clinical pregnancy after 12
months or more of regular unprotected sexual intercourse.
C’est un dysfonctionnement du corps qui provoque une souffrance, tres souvent physique (avec l’endometriose, les desequilibres hormonaux, le syndrome des OPK, etc…), et toujours psychique. On ne peut pas nier cette souffrance, donc c’est une maladie (c’est la difference avec ne pas pouvoir courir un 100m en 10s, la notion de souffrance).
Et la pour reprendre la comparaison avec le sexe, j’ai envie de citer cet article:
http://infertility.about.com/b/2010/08/02/is-infertility-a-disease-or-a-lifestyle-choice.htm
There are people who choose to never have sex, priests for example. Therefore, is impotence a lifestyle choice?
Il y a des gens qui choisissent de ne pas avoir de relations sexuelles, par exemple. En consequence, peut-on considerer l’impuissance comme un style de vie?
Le billet comme les commentaires m’évoquent plein de choses, un peu en vrac :
Un détail d’abord : 3ème paragraphe avant la fin, « Dans cette hypothèse, le droit à l’enfant serait plus un chapitre d’une politique naturaliste que la véritable continuation de l’Etat-Providence. » Je ne comprends pas ce que vient faire le naturalisme là -dedans, est-ce que Pom ne voulait pas plutôt dire « nataliste » ?
Pour revenir au débat renoncer au sexe vs renoncer aux enfants, je signale que l’accès à la contraception et le remboursement de certains moyens de contraception est quand même une politique importante de soutien à ce droit au sexe ! Personnellement je trouve la question pas hyper intéressante, on ne demande pas aux gens ce qu’ils choisiraient entre manger et respirer. Et je crois qu’il est à peu près impossible de répondre sincèrement à ce genre de question tant qu’on n’y a pas été confronté réellement…
Enfin je crois que la difficulté du débat se situe surtout autour de l’équilibre entre « droit à l’enfant » et « droit(s) de l’enfant » (ou intérêt de l’enfant). C’est important que la société puisse protéger les enfants des parents défaillants (mais où est la limite ? hors les cas évidents genre enfant du placard ? quand cela justifie-t-il le placement de l’enfant, qui est loin d’être la panacée ? quels moyens met-on en oeuvre pour aider ces parents à devenir meilleurs ?). Mais par exemple je trouve les critères autour de la PMA et de l’adoption hyper restrictifs (et notamment les parents homosexuels, en dépit des faits qui montrent que ce n’est pas un critère pertinent). Et puis on commence à dire qui devrait et qui ne devrait pas avoir d’enfants et on risque fort d’être entrainé sur la pente très glissante de l’eugénisme, qui n’est pas si loin de nous qu’on le croit (http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9rilisation_contrainte). JP Rosenczweig, juge des enfants à Bobigny, revient régulièrement sur l’équilibre droit à l’enfant / droit de l’enfant (avec aussi les questions de résidence alternée par exemple -chaudement débattues sur d’autres billets des VI d’ailleurs ;-)), avec un biais vers le second pôle mais je trouve ses réflexions très construites et ancrées dans l’expérience. Bref à lire ici http://jprosen.blog.lemonde.fr/
Je n’ai pas compris comme toi le « naturaliste »… je pensais qu’il faisait référence à une forme d’inscription biologique du désir de perpétuation de l’espèce (d’où le terme)…Pom m’a promis de repasser, j’espère qu’il lèvera cette ambiguïté…
Je suis entièrement d’accord avec toi pour dire que la question telle qu’elle a été traitée ici n’a pas la généralité et l’intérêt de celle qui consiste à s’interroger plus généralement sur ce qu’on pourrait appeler le droit à la parentalité, non en tant que droit « légal » mais bien en tant que droit à l’exercer au quotidien (j’estime en ce sens que des parents qui voient leur enfant placés ont été jugés inaptes par la société à exercer leur droit à la parentalité…) et tu as raison de souligner que le traitement de cette problématique dans sa globalité est l’un de projets majeurs des VI (autour de l’homoparentalité, parentalité des personnes handicapées, parentalité à l’adolescence ou à la sénescence, garde alternée bien entendu…) non soluble (et heureusement!!) en un seul article!!
L’article que tu nous envoies lire est vraiment très intéressant, si ça te tente de le commenter un vendredi bien sûr, tu m’en verrais ravie!!! ;)
Tu parles de l’article sur la stérilisation contrainte ou du blog de JP Rosenczweig (ou des deux ? ;-)) ? En tout cas je trouve que ce dernier a une approche en profondeur et pas démago de ces problèmes et qu’il est vraiment intéressant à suivre. Après justement face à un discours déjà si construit et argumenté finalement je n’ai plus grand chose à dire !
Je parlais du second, la première thématique a commencé à être débroussaillée par La Tellectuelle qui s’en sort plutôt très bien et qui doit nous rédiger la suite de son billet (http://lesvendredisintellos.com/2012/02/17/parentalite-et-handicap-mental-1-quel-encadrement-reglementaire-pour-la-sterilisation/) la semaine prochaine normalement…
J’imagine que tu n’as peut être plus grand chose à dire, mais l’idée c’est plutôt de présenter l’article pour celles et ceux qui n’iraient pas spontanément vers lui…comme on fait souvent par ici! Le mettre en lien aussi avec les billets qui sont déjà parus sur les thématiques très diverses (et partielles) se rapportant au sujet (qu’on a évoquées précédemment) un peu à la façon d’un débrief, ça peut aussi être intéressant…
Oui, en fait le « naturaliste » était une coquille, je voulais écrire « nataliste ».
Pom.
La Poule a été plus perspicace!! :P
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