Je suis toute « émotionnée » pour ma première contribution aux Vendredis Intellos ;-) … J’espère que vous l’apprécierez !

Donc j’ai lu récemment l’article de Sauterelle, à propos d’un enfant qui rentre en conflit avec la nourriture. Une maman se posait des question sur le fait que son enfant refuse de manger … Une question qui est à l’origine de très nombreuses consultations médicales tant ce sujet est inquiétant et angoissant …

Voici donc l’article de Sauterelle Box à ce sujet : « Quand l’enfant rentre en conflit avec la nourriture »

Le contenu de l’article cité par Sauterelle – malheureusement assez courant – m’a fait bondir – vous trouverez mon coup de gueule à ce sujet sur mon blog – et suite à cet article et aux commentaires qui ont suivi, j’ai donc décidé, pour ma 1e contribution aux Vendredis Intellos, de vous faire un résumé commenté d’un livre plein de bon sens, écrit par un pédiatre espagnol. Ce livre s’intitule «Mon enfant ne mange pas» de Carlos Gonzales … et à mon avis, il devrait être mis entre les mains de tous les parents … et aussi de tous les médecins, pédiatres et autres professionnels de santé en contact avec des enfants et des parents !

Je vous cite déjà une partie de l’avant-propos écrit par Pilar Serrano Aguayo, médecin endocrinologue et spécialisée en nutrition, qui est à mon sens tout à fait révélatrice du contenu du livre en lui-même :

«Au cours des dernières années, le connaissance de la physiologie de l’appétit a avancé de façon notable. Nous nous émerveillons devant le processus complexe qui règle l’ingestion des aliments. Cependant il est étonnant de voir la quantité de préjugés qui existent quand il s’agit de l’appétit des enfants et la quantité de normes rigides qu’on impose à son enfant.

(…)

Après de nombreuses années d’étude, ma première impression fut confirmée : c’est l’appétit qui régit l’ingestion des aliments et, du moins chez les enfants, il le fait de manière à répondre à ses besoins. Chaque espèce animale a ses préférences alimentaires déterminées génétiquement. Nous ne faisons pas exception, à tout le moins tant que nous n’avons pas acquis les préjugés de l’époque à laquelle il nous est donné de vivre. Avec les années, nous en venons à manger sur la base de motivations diverses : selon que ce soit Noël ou le Carême, selon qu’on veuille plaire à se belle-mère ou bien paraitre en bikini … Par contre, les enfants n’ont pas d’idées préconçues sur la quantité ou la nature de ce qu’ils doivent manger. Ils ne connaissent pas (et n’ont pas besoin de connaitre) les recommandations du pédiatre ou celles de l’OMS, ni de savoir ce que mange l’enfant de la voisine. C’est pourquoi ils n’acceptent pas facilement les normes rigides qu’on veut parfois leur imposer.»

D’entrée de jeu, le ton est donné !

Mais je vais entrer un peu plus dans les détails …

Dans un premier temps, Carlos Gonzales parle de la croissance des enfants, expliquant que ce qui détermine l’appétit d’un enfant, c’est essentiellement la vitesse de sa croissance, bien plus que son âge, son niveau d’activité, … Ainsi un petit bébé de quelques mois mange énormément – relativement à sa taille – parce qu’il grandit énormément (triplement du poids en quelques mois). A partir de 6 mois, mais surtout à partir de 1 an, il explique que la croissance se ralentit énormément. Ce ralentissement explique une baisse relative de l’appétit de l’enfant qui peut commencer vers 8/9 mois et se poursuit généralement jusque vers 6 ans, voire toute l’enfance, l’adolescence revenant donner de l’appétit puisqu’il s’agit à nouveau d’une période de croissance «rapide».

Bref, qu’un enfant mange peu – voire moins – autour de 1 an et dans les années qui suivent, est juste normal selon lui … et très courant ! Je le crois volontiers, vu le nombre de témoignages que j’ai entendu ou lu sur ce sujet.

L’auteur relativise aussi bien les courbes de croissance des carnets de santé. Il donne ainsi l’exemple de 2 courbes de croissance qui varient – vers le haut et le bas – et ne suivent pas la courbe «moyenne» … et il dit pose une question que je trouve très pertinente à ce sujet :

«Pourrait-on dire que les 2 fillettes ont des problèmes de nutrition parce qu’elles ne suivent pas leur courbe. Bien sur que non ! C’est la moyenne qui ne suit pas la courbe des fillettes.»

Il remet bien les choses à leur place, expliquant clairement que son travail de pédiatre n’est PAS de faire manger plus un enfant de faible poids mais de vérifier qu’il n’y a aucune pathologie sous-jacente. Si c’est le cas, soigner la pathologie permettra à l’enfant de retrouver de l’appétit, et donc du poids. Et si ce n’est pas le cas, que l’enfant va bien, alors c’est simplement que l’enfant a un petit appétit et une petite corpulence.

Quand on a lu ça, déjà, on relativise le faible poids et le peu d’appétit …

Je trouve aussi ultra-intéressantes ses explications sur la façon dont l’enfant est capable de réguler son appétit seul. Il prend notamment l’exemple de l’allaitement maternel où l’enfant contrôle entièrement son alimentation, non seulement les quantités mais aussi la qualité (proportion de graisses et de protéines du lait ingéré) en modulant la quantité bue à chaque têtée ainsi que l’intervalle entre les têtées, la composition du lait variant selon ses 2 critères notamment.

Pour lui – et j’en suis moi aussi totalement convaincue – c’est la preuve qu’un nourrisson sait parfaitement adapter son alimentation et manger ce dont il a besoin … et que nous devons donc apprendre à lui faire confiance sur ce sujet ;-).

Il parle aussi du fait que le refus catégoriques de certains aliments peut venir d’allergies alimentaires non détectées et qu’il est important de s’y intéresser, plutôt que de lutter contre ce rejet.

Ces points étant posés, Carlos Gonzales vient aussi attaquer la relativité du «mon enfant ne mange pas ou peu». Il explique ainsi qu’un enfant qui consomme 500 ml de lait par jour à 1 an ou plus consomme déjà plus de 40% de ses apports journaliers quotidiens, autant dire un truc énorme ! D’où notre impression ensuite qu’ils mangent peu alors qu’en fait, leur ration quotidienne est déjà atteinte. C’est particulièrement vrai avec les bambins allaités car nous ne mesurons pas ce qu’ils prennent. S’ils s’arrangent pour têter du lait bien nourrissant – ce qu’ils savent très bien faire tout seul s’ils ont été allaités à la demande – alors il est possible qu’ils prennent au sein largement ce dont ils ont besoin pour grandir. Les aliments solides sont alors juste là pour le plaisir de la découverte et leur place s’augmentera progressivement au fur et à mesure de l’intérêt de l’enfant et de son envie de manger comme son entourage.

Dans la suite du livre, Carlos Gonzales analyse et décrypte les «calendriers d’alimentation» proposés dans différents pays, il donne de nombreux conseils sur une façon de procéder qui respecte l’enfant dans son appétit et sa façon de s’alimenter. Il relativise très fort les «conseils» habituellement donnés, expliquant à quel point il est important de simplement se faire confiance en tant que parent et faire confiance à son enfant sur sa capacité à nous exprimer ce dont il a besoin.

J’aime aussi beaucoup la façon dont Carlos Gonzales explique comment on peut effectivement construire un conflit autour de la nourriture en se focalisant un peu trop sur ce problème. Là on rejoint ce qui était exprimé dans l’article cité par Sauterelle.

J’aime donc la façon dont il explique que ce n’est pas intrinsèque à la fonction de parent mais que c’est juste logique de réagir comme cela au vu de la pression qui existe autour de ce sujet : nos enfants mangent trop, pas assez, pas ce qu’il faut … et on nous rebat les oreilles avec ça.

Et donc ce livre tombe à pic pour nous aider à lâcher un peu prise ce sujet en nous présentant une approche de bon sens !

Alors, vite : tous à la lecture de «Mon enfant ne mange pas !» de Carlos Gonzales !!!

Et je vous propose une lecture complémentaire, qui ne concerne pas directement les enfants mais qui remet bien les idées en place autour de l’alimentation : «maigrir sans régime» de Jean-Philippe Zermati, ainsi qu’une petite visite sur le site : http://www.gros.org

Bonne lecture ;-) !

Sandrine S comme C