ou la comptine, c’est du rythme et le rythme, c’est la vie

J‘adore chanter avec mes filles, avec mes élèves. J’essaie d’élargir mon répertoire, de varier, et je sens depuis longtemps l’importance que ça revêt chez moi et à l’école, pour les enfants, sans vraiment intellectualiser la question.

Et puis j’ai eu le plaisir de découvrir Marie-Claire Bruley dans une conférence, et j’ai aussitôt acheté son livre (dont sont cités les extraits) Au bonheur des comptines. Plutôt adressé aux professionnels de la petite enfance, je crois que chacun peut y puiser beaucoup : un peu de théorie, simple et poétique, et plein de ressources de comptines, jeux de doigts, et jeux de nourrice. Largement de quoi se renouveler, à la maison comme à l’école.

Les comptines possèdent la grâce de l’enfance, sa légèreté et sa profondeur, elles ont l’art de dire des choses grave sur un mode chantant et dansant. De leur légèreté elles remuent des émotions profondes et savent rejoindre chez l’enfant une source vive qui ne demandait qu’à s’épancher.

Dans les chansons d’école que les enfants se transmettent entre eux, sans aucune intervention des adultes, dans la cour de récréation, on trouve souvent des mots grossiers, des thèmes effrayants : la mort, la guerre, le meurtre, … Les enfants essayent par le biais de la comptine, de se réapproprier ces mots angoissants, de les digérer petit à petit en les enveloppant d’une forme rassurante.

A un niveau archaïque, la comptine, c’est du rythme et le rythme, c’est la vie. Par son parler scandé ou par son chant toujours marqué, elle apporte une pulsation, un souffle que l’enfant reçoit directement dans son corps.

Les comptines et jeux de nourrice sont universels, pas une civilisation n’y échappe …

Certains bébés, en la recevant à plat ventre sur le tapis, battent des pieds, bougent leur tête ou tout leur corps, réceptifs à la pulsation reçue. Par son tempo tout simple, la comptine fait écho aux nombreux rythmes auxquels obéissent les fonctions vitales et les besoins du corps. Ceci explique qu’elle paraît très tôt si naturellement familière.

Les battements du cœur de la maman in utero, les sons extérieurs atténués, … Qui se souvient d’avoir senti son bébé bouger en entendant une énième fois la même chanson à fond dans la voiture ?

L’enfant cherche et crée des rythmes dans sa vie, en sautant à cloche-pied ou en marchant une chaussure dans le caniveau, une chaussure sur le trottoir (tout en s’inventant des règles l’amenant à ne jamais marcher sur les rainures ou sur la grille des caniveaux). Il imagine d’autres rythmes et d’autres jeux sur le carrelage noir et blanc des maisons, sur le dallage des terrasses et sur celui des balcons.

Que dire de plus ? Chantons, berçons, chantons, berçons …

Quelques livres de comptines très très sympas :


Elodie, du blog Conseils éducatifs