S’il y a bien une chose dont je suis sûre dans l’éducation (au sens large) que je donne à mes enfants, c’est que ce sont des enfants. Je garde en tête cette information banale voire triviale: ce sont des enfants. Cette phrase m’apaise dans mes moments d’incompréhension, me rassure dans mes moments de doutes, me calme dans mes moments de colère, me flatte dans mes moments d’admiration.

Je vais donc aborder une fois de plus l’importance de laisser l’enfant être un enfant.

Je m’appuie sur « Papa, maman, laissez moi le temps de rêver » d’Etty Buzyn.

« Abreuver exclusivement les enfants de connaissances académiques dans le souci d’en faire des adultes efficaces, armés pour l’avenir, revient à faire d’eux des « enfants-esclaves », du désir de leurs parents d’abord, d’une société prônant la rentabilité ensuite. C’est déjà leur imposer la frustration de l’imaginaire et du rêve, les engager dans une impasse. Car il ne s’agit pas tant d’enseigner un savoir que de partager un « ressenti » dans un échange parents-enfants tous les jours renouvelé. Il serait souhaitable d’en finir avec des parents-professeurs produisant des bébés-savants gavés d’informations. Ces pratiques comportent un danger réel. Dans la perspective d’une « réussite » qui s’impose – et de plus en plus tôt – comme le dogme absolu de notre société, les parents guidés par un souci de stimulation à n’importe quel prix ne font qu’imposer leur propre vision des choses à l’enfant et prennent le risque de décourager ses initiatives futures. »

Il y a dans cet extrait deux points importants que j’ai envie de soulever.

D’une part, on ne parle pas à un enfant comme on parle à un adulte. Dès leur plus jeune âge, même les bébés ne peuvent tout entendre. Ce ne sont ni nos confidents, ni des adultes de petite taille. Une parole banale pour un adulte peut fortement marquer un enfant. Ils n’ont pas conscience du second degré et n’ont pas la capacité de faire la part des choses.

D’autre part il faut laisser à l’enfant le temps d’imaginer, d’avoir son propre raisonnement, de prendre son propre chemin. Bien sûr nous devons l’accompagner et répondre à ses attentes, susciter ses envies, l’aider à la découverte. Sans pour autant forcer les choses. Nous n’avons pas à imposer connaissances et savoirs.

Il faut laisser le temps au temps… passer librement… oups non là je m’égare.

Par contre il y a un temps pour tout. Et la période de l’enfance, ne doit pas être abrégée. C’est peut être le seul moment où les rêves sont possibles, où l’imaginaire est encore plus vrai que le réel.

Dans Notre Bulle, on s’est toujours dit qu’on ne voulait pas forcer les choses. On ne voulait pas imposer des « connaissances » des « apprentissages ». Notre souhait est simplement de mettre à disposition et de les laisser se servir.

Pour mon premier enfant, je suis pourtant tombée dans le panneaux; à deux ans j’ai fait un stock de cahiers d’exercices en tout genre, substituts de tout ce qu’on pouvait apprendre à l’école. J’ai même acheté le programme du CP. A ce jour ces livrets n’ont presque pas été ouverts.

Régulièrement aussi, je dépose dans leur chambre ou laisse traîner sur la table des livres pour enfants sur les découvertes, les sciences, les pays… je n’impose rien. Ils viennent, ou pas, me poser des questions sur les images qu’ils regardent. Parfois on lit le livre tout entier. D’autres fois on le range et on le ressort bien plus tard.

Je n’impose jamais de « temps de travail », je ne force ni à la lecture ni à l’écriture. Mais je remarque qu’il y a des moments où tout seul, mon grand prend une feuille et un crayon et reproduit ce qu’il apprend à l’école.

Il est n’est en avance sur rien. Mais il s’intéresse à beaucoup de choses. Il passe des heures à rêver et se créer des histoires. Il vit sa vie d’enfant. Simplement. Ce temps là ne se rattrape pas, ne se retrouve pas.

Je le sais heureux. D’ailleurs il nous dit souvent qu’il veut toujours avoir 4 ans et demi.

Notre Bulle à nous.