S’il n’a jamais été aussi important d’être un bon parent, il n’a peut-être jamais été aussi difficile de l’être ! La parentalité contemportaine s’affiche donc comme une véritable épreuve, face à laquelle chaque couple ou individu en charge d’enfants doit trouver des solutions pratiques, la bonne attitude éducative, écouter les nombreux avis.

A l’heure où les parents sont coupables de tout, et les enfants toujours des victimes de leurs parents – ou de toute personne adulte se trouvant dans leur vie -, la pression exercée sur lesdits adultes est considérable. C’est ce dont parle une partie du dossier sur la parentalité du magazine Sciences humaines de décembre 2011.

Etre un « bon parent » relève de plus en plus de la prouesse. A l’heure où l’avenir de l’enfant semble se jouer de plus en plus tôt, chaque étape de son développement suscite des questionnements existenciels : « Faute de pouvoir disposer d’un corpus de règles suffisamment claires et légitimes, les adultes doivent concevoir leur travail parental sur un mode plus réflexif. »

Quel parent ne se demande pas, tous les jours, s’il fait comme il faut, s’il fait comme c’est le mieux pour le développement de son enfant ? Quel parent ne s’est pas senti culpabilisé par telle ou telle étude sur les effets de telle ou telle pratique sur son enfant ? Quel parent n’a pas cherché à se rassurer en se référant à telle étude ou à tel témoignage ? Nous passons notre temps à nous interroger, même pour choisir des jouets !

Cette réflexion est le principal signe de la pression qui s’exerce sur les parents. Aujourd’hui, tout adulte se trouvant dans la sphère d’un enfant se doit d’être parfait. Cette mission est rendue d’autant plus impossible que les points de vue sont multiples et toujours différents. Les parents n’osent même pas écouter leur instinct car « ma mère m’a dit que » ou « mon pédiatre m’a dit que » ou encore « le livre qui parle très bien de ce sujet m’a dit que ». Les conseils peuvent être contradictoires, ils ont toujours pour objectif de rendre le parent « meilleur » pour son enfant.

L’injonction à la performance parentale est donc particulièrement manifeste aujourd’hui. Reste que, malgré une neutralité de façade, la pression continue de peser beaucoup plus fort sur les femmes.
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Même quand le père participe, c’est souvent en tant qu’exécutant. La charge mentale liée à l’organisation repose en général sur les femmes.

Les études le prouvent, même si les discours des pères démontrent une vraie volonté de modifier cette habitude : les femmes assurent la majorité des tâches du quotidien, plus particulièrement les plus désagréables (le ménage, le repassage, les devoirs des enfants… et même l’autorité).

En matière d’implication parentale, les pères ne se comparent pas aux mères et ne réfléchissent pas en termes d’égalité ou de partage des tâches. Ils disent vouloir, plus modestement, « avoir un rôle » dans la vie de l’enfant. Ce qui passe moins par une présence de tous les jours que par le partage de quelques moments choisis, généralement le week-end, où ils se consacrent entièrement à leurs petits. D’où leur sentiment d’être pleinement investis dans leur rôle paternel, malgré la faiblesse objective de leur participation aux tâches domestiques.
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Pour l’essentiel, la paternité reste donc envisagée comme un loisir, intense mais ponctuel.

Le « nouveau père » serait-il donc celui qui laisse l’aspect barbant de la parentalité à la mère et qui se garde les moments de bonheur ? Il y a encore du travail pour arriver à l’équilibre. Les mères sont d’ailleurs les premières cibles des livres invitant à la réflexion sur la parentalité, des magazines parentaux, de la pression de l’entourage pour faire de l’enfant un être beau, fort et intelligent. Un simple exemple : on accusera toujours une mère d’être trop ou pas assez protectrice ; pas un père.

Cécilie