« Vous avez peut-être remarqué si vous êtes parents que le fait de vivre avec un enfant est une aventure complexe à laquelle nous ne sommes pas préparés. Nos attentes correspondent rarement a la réalité, et passés les premiers jours de vie de notre bébé, quand la magie qui entoure la naissance se dissipe. nous pouvons être confrontés à de grosses surprises. La plupart du temps, nous souhaitons ce qu’il y a de meilleur pour notre enfant. Au moment de sa naissance nous avons généralement modifié notre ordre de priorités. Nous avons conscience que cet enfant est dépendant de nous, et qu’il a besoin de soutien et de protection. Pourtant, nous avons parfois beaucoup de difficultés à répondre à ses besoins. Notre enfant en grandissant nous pose beaucoup de défis, et nous sommes quelquefois surpris par nos réactions qui ne correspondent pas à ce que nous aurions souhaité. Sous l’emprise de la colère, il arrive que nous les frappions, que nous les punissions, que nous leur fassions peur. »

Dans cette plaquette de la Maison de l’Enfant pour la journée de la non violence éducative (2007), Catherine Dumonteil-Kremer expose les effets nocifs des punitions corporelles et tente d’expliquer comment poser les limites autrement tout en comprenant les besoins des enfants.

Je me suis permis de reproduire ici l’introduction de ce guide qui est en téléchargement libre car j’ai malheureusement eu l’occasion d’assister récemment à un épisode du genre. Sachant qu’en Espagne la fessée est interdite par la loi, je ne m’attendais pas à voir un enfant se prendre une fessée dans un endroit public…

Samedi dernier, notre famille Ordinaire s’en est allée solder dans une grande enseigne d’électroménager. Au détour des allées, nous avons croisé un autre couple ordinaire avec deux petits Princes à ses côtés. Le plus petit était dans les bras de sa mère (+/- six mois) et le plus grand (+/- trois ans) s’était installé devant une rangée de postes deTV.
Mon regard avait été attiré par les jolies boucles dorées de leur aîné mais surtout par les pompons rouges qui remuaient, accrochés à ses chaussettes.
Nous avons passé un moment à comparer des prix et à étudier des caractéristiques puis nous avons attendu notre tour pour être renseignés.
À un moment, j’ai vu le petit aux pompons se lever et aller chercher son père pour lui montrer ce qu’il avait trouvé… ou plutôt ce qu’il avait enlevé. Il avait dans sa main une paire de pompons rouges et il en avait évidemment une de moins à ses chaussettes.
Je m’attendais à voir son père sourire en voyant la « bêtise » de son petit, peut-être juste à lui dire de ne pas faire la même chose avec l’autre paire de pompons qui lui restait, avant de ranger précieusement ceux qui avaient été enlevés.
Je ne m’attendais pas à voir ce Papa tirer sur l’oreille de son fils comme s’il avait pour intention de lui arracher (comme les pompons), avant de lui coller une monumentale fessée.
Je suis restée immobile. J’étais sidérée. Par la violence du geste. Par les pleurs de cet enfant qui n’était pas le mien. Par les larmes qui coulaient sur ses joues. Pour une pauvre paire de pompons rouges qui n’étaient plus sur une paire de chaussettes.
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Depuis ce jour là, je me suis repassé la scène en boucle et je me suis aperçue qu’il y a quelques années je n’aurais certainement pas eu la même réaction qu’aujourd’hui. J’aurais peut-être même trouvé « admissible » la réaction de ce père car je n’aurais pas eu conscience du geste de l’enfant. Avant d’être Maman, j’ai toujours trouvé « normal » de voir des enfants recevoir des fessées car même si j’en ai rarement reçu, la menace qui planait à chaque bêtise était bien celle de « s’en prendre une ».
Depuis que je suis Maman, j’ai été amenée à réfléchir sur ce qui me semblait essentiel pour nos enfants, sur ce que je souhaitais le plus leur transmettre. J’ai bien souvent été conduite à faire des choix qui n’ont pas toujours été approuvés par mon entourage mais je crois que c’est aussi ça, le rôle de Parents.
« Être parent, c’est faire des choix, improviser, se tromper, recommencer. Avec une certitude, personne d’autre ne pourra être un meilleur père ou une meilleure mère pour cet enfant ».
Parmi ces choix, je pourrais parler de l’allaitement longue durée, des couches et des lingettes lavables, du cododo, du portage, de l’écoute attentive et de l’éducation non violente. Je n’ai pas l’impression d’être une Maman à « contre-courant » mais il m’arrive quand même de me sentir à l’écart de mes amies qui ont fait le choix du biberon, de laisser pleurer ou de mettre des fessées. Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit, chacun ses choix et c’est très bien comme cela.
Je dois aussi dire que c’est bien internet et toutes les lectures que j’ai pu faire qui m’ont donné le courage d’imposer mes choix et de les faire respecter.
Il y a eu des moments de doute où j’ai cru perdre confiance en ce qui me tenait le plus à coeur. Puis, la vague est passée et nous avons résisté alors je continue à partager ce qui a pu nous aider.
Même si nos choix ne sont pas forcément approuvés par nos amis ou notre famille, il est important de partager ses convictions plutôt que de chercher à éduquer chacun dans son coin. L’échange est indispensable et la discussion permettra toujours de faire avancer la réflexion.
Comme le dit si bien Catherine Dumonteil-Kremer« le fait de vivre avec un enfant est une aventure complexe à laquelle nous ne sommes pas préparés » et les informations qu’elle partage dans son guide disponible en ligne « Sans fessée comment faire«  auraient pu être de très bons conseils pour ce jeune Père ou pour tous ceux qui ne sont pas encore convaincus des méfaits de la violence envers les enfants.

Une mère ordinaire