Pendant quelques temps, j’ai été abonnée à la revue « Le Journal des professionnels de la petite enfance« . Une parution intéressante mais que j’ai souvent trouvée un peu technique par rapport à ce que je souhaitais lire en tant que parent – et à juste titre, puisqu’elle est plutôt destinée aux professionnels, comme son nom l’indique.
L’autre jour, j’ai reçu un numéro gratuit de relance, pour me proposer de me réabonner. Était-ce la formule qui avait changée ou mon appréhension des choses, maintenant que je sors la tête du « tout-bébé » et m’interroge sur des sujets plus divers ? Toujours est-il que le numéro de novembre-décembre m’a beaucoup plu, j’aurais presque aimé pouvoir parler de chacun des articles que j’y ai lu ! Mais comme il fallait faire un choix, j’ai choisi de vous livrer quelques extraits de l’article de Jean Epstein, psychosociologue fort intéressant à mon goût, travaillant beaucoup autour de la petite enfance et de son accueil (principalement en crèche), un article porteur d’espoir comme je les aime, intitulé « Il n’est jamais trop tard pour réussir ».
Dans un article précédent, à propos des rythmes, nous avions déjà abordé cette question en partant du principe que tout se jouait « avant la mort », ce qui mettait en évidence l’importante notion de « sessions de rattrapage » offrant à chaque loupiot, quel que soit son âge, la possibilité de reconstruire voire de construire telle ou telle acquisition attribuée en théorie à la petite enfance.
[…] Voici une vingtaine d’années, j’avais eu la chance de réaliser une série d’interviews sur le thème des « déclics ». La règle du jeu était simple : elle consistait à rencontrer des « mal barrés célèbres » et à leur demander ce qui, malgré leur démarrage difficile, leur avait permis de sortir la tête de l’eau et de transformer en avantage cette situation qui, dans un premier temps, semblait constituer un lourd handicap.
[…] toutes leurs histoires étaient profondément différentes, mais elles se recoupaient autour d’un profil commun : une rencontre avec quelqu’un qui avait su les regarder positivement et ainsi faire naître ou renaître en eux un sentiment de confiance.
Jean Epstein évoque ensuite le témoignage de l’écrivain Alphonse Boudard, qui après avoir passé une petite enfance dans la plus grande précarité avec sa mère, est confié à une famille d’accueil d’agriculteurs. Il raconte :
« Le premier jour, le mari m’a emmené dans le champ derrière sa maison. Il a pris du matériel : quatre piquets et une ficelle; Il a planté les piquets dans le sol et a mis la ficelle autour, délimitant un bout de terre d’une trentaine de mètres carrés en me disant : « Ce terrain-là , je te le donne pour toute ta vie. Tu planteras ce que tu veux dedans. Si ça pousse, ce sera grâce à toi, si ça ne pousse pas, ce sera de ta faute ! ».
Puis Epstein nous raconte que l’écrivain a ajouté :
« Ce jour-là , il a fabriqué un écrivain, car j’avais tout en moi pour le devenir, mais personne, jusque là , ne m’avait dit que je n’étais pas rien ! » […] Heureusement qu’ils étaient de grands éducateurs mais pas des pédagogues car, dans ce dernier cas, ils m’auraient aussitôt fait faire du rattrapage scolaire vu que j’étais nul à peu près partout et alors, j’aurais eu très peu de chances de me lancer dans l’écriture, car je m’en serais senti incapable ! » […]
Ce qui est et sera toujours actuel est l’importance de tous ces déclics qui, plus ou moins tardivement, peuvent largement contribuer à mettre en selle vers l’avenir des gamins dont le pronostic de réussite semblait à jamais compromis.
Ce qui est capital car, indépendamment des parents (qui peuvent aussi très largement remplir ce rôle s’ils ne se laissent pas submerger, parfois, par les étiquettes négatives collées sur le rejeton), tous les professionnels de l’enfance ont potentiellement la possibilité d’être starters de réussite, notamment vis-à -vis de loupiots qui n’entrent pas dans le moule, en sachant valoriser leurs compétences si infimes soient-elles.
Ces dernières phrases me touchent particulièrement. Je suis très sensible à la recherche de ce qu’il y a de « capable » en chaque enfant, des talents que chacun d’entre eux recèle, même (surtout !) ceux qui ne peuvent pas s’exprimer dans les cadres habituels (scolaire notamment).
Au plus près, cela me rappelle cette capacité de mes nounous à voir en mon fils, comme en chacun des enfants dont elles s’occupent, le positif. A tourner les petites difficultés avec humour et à valoriser chaque enfant pour ce qu’il est, ce qu’il sait faire. Elles nous le montrent chaque jour en nous faisant le compte-rendu de la journée de notre enfant. C’est en partie parce que ces deux femmes sont, selon moi, des personnes bien dans leurs baskets et ayant un minimum de connaissance en psychologie de l’enfant (et d’envie d’acquérir de telles connaissances et de les mettre à jour). Mais je pense que c’est également une forme de générosité, d’humanisme, que j’admire et que je trouve profondément positive mais surtout bénéfique pour chaque enfant concerné.
Encore hier soir, alors qu’elles comparaient les tempéraments et les affinités ludiques de Pti Tonique et de son petit camarade préféré, chacun d’entre eux était valorisé dans son domaine de prédilection, sans jugement de valeur ni tentative de rendre l’un plus comme ceci et l’autre davantage comme cela.
Je dois avouer que je rêve d’un tel accompagnement et d’une telle prise en compte de l’individualité de chaque enfant dans la suite de leurs parcours (école maternelle pour commencer). Mais si je dis que j’en rêve, c’est précisément parce que je sais que cela est quasiment impossible dans les structures actuelles et j’appréhende quelque peu cette étape.
Mais chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?
Madame Sioux
Voilà une contribution qui fleure bon l’espoir… j’y cours!!!
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