Pour faire suite à mon article de la semaine dernière « Le rose ça pue » , je vous propose des exercices pratiques, à partir d’un kit mis à disposition par La ligue de l’enseignement Fédération de Paris.

Un livret à l’attention des enfants comporte un questionnaire où il s’agit de reconnaître Monsieur et Madame Ourse qui vaquent à leurs occupations.

Bien sûr toutes les occupations telles que s’occuper des bébés, cuisiner, bricoler, faire la cuisine peuvent être pratiquées par Monsieur ou Madame Ourse.

Et c’est justement intéressant de voir la réponse des enfants.

Pour les parents , un livret explicatif dont voici quelques extraits :

les jouets :

« Nous sous-estimons la puissance des pressions subies par les enfants à être « une fille » ou « un garçon » parce que chacun et chacune d’entre nous, parents, grands-parents, personnel éducatif et de la petite enfance… reproduisons inconsciemment des gestes et des paroles qui enferment les enfants dans des cases. Par exemple, les catalogues de jouets confinent les petites filles dans les pages ménagères (cuisine, dînette, repassage, aspirateur…), dans les pages « petite maman » (poupons, poussettes, table à langer…) mais aussi dans les pages « être belle » (maquillage, bijoux, déguisements de princesse). D’ailleurs, certains enfants ne s’y trompent pas lorsqu’ils commentent ces catalogues en s’exclamant : « Ça les prépare à leur futur travail de mère ! ». Ils ont déjà tout compris à la socialisation sexuée des enfants.

De façon identique, les catalogues enrôlent les garçons dans des personnages et des univers guerriers ou conquérants tout en leur ouvrant les portes des sciences et des techniques (lunette astronomique, coffret expérimental du biologiste…). Ainsi emprisonnés dans des univers ultra-stéréotypés, les enfants sont privés d’une liberté de choix. Quel accueil réservons-nous à un petit garçon qui souhaiterait une dînette et une petite fille qui demanderait un déguisement de Superman ? Cette différenciation sexuée envahit tout le petit monde enfantin. Or, l’histoire des jouets nous apprend qu’il n’en a pas toujours été ainsi : la poupée et les cerceaux étaient jusqu’au XIXe siècle offerts aux filles autant qu’aux garçons. Preuve en est qu’il n’y a rien d’inné mais que c’est une affaire d’éducation et de culture  »

De même la littérature pour enfants, ou les vêtements (sont nous avons déjà parlé à plusieurs reprise ici) entretiennent les stéréotypes.

Et plus grave, cela se retrouve dans l’orientation scolaire :

 » Si la mixité est de règle au collège, toutefois elle n’est plus de mise dans les lycées professionnels et dans les filières technologiques et générales. 93 % de filles en sciences-médico-sociales contre 99% de garçons dans les sections électricité, mécanique et électronique ».

Et c’est ainsi que 87% des ingénieurs sont des hommes, 87,5% des infirmiers sont des femmes.

Aujourd’hui, si on regarde le nombre de diplomés de l’enseignement supérieur de plus de 25 ans  entre 1968 et 2008 (en bleu les femmes, en rouge les hommes – données insee), les femmes sont plutôt plus diplômées que les hommes  :

Les chiffres du  nombres d’actifs dans l’industrie, le batiment et les travaux publics entre 1968 et 1999, et dans le secteur tertiaire  (toujours insee) :

D’autres chiffres plus récents et par catégories professionnelles plus fines :

Et le taux de femmes Conseillers généraux (sorti au moment des élections cantonales !)

Tous les chiffres le montrent : les clichés ont la vie dure et  cette campagne est loin d’être superflue.

Encore plus grave, ces clichés font que certains hommes se sentent autorisés à des comportements qui vont jusqu’à la maltraitance , voire au meurtre, et beaucoup de femmes ont intériorisé qu’il est normal de ne pas être respectée pour ce qu’on est.

En tant que parents, à nous de jouer pour inculquer d’autres valeurs à nos enfants, leur donner d’autres exemples.