Je suis tombée sur cet article de Rue89, et de suite, je me suis dit : ‘tiens, un sujet pour les VI ça! »

Je ne connais pas le milieu de la danse, mais, un peu comme toute les femmes, je sais la discrimination dont on peut être victime quand on décide d’avoir un enfant, alors qu’on bosse. A croire que c’est antinomique ça boulot et grossesse.

Alors le milieu de la danse, apparemment, ce n’est pas très reluisant de ce point de vue là. C’est un milieu manifestement très dur, très compétitif, où certaines n’hésitent pas à faire des coups bas!

« Quand j’ai annoncé que j’étais enceinte, les filles de mon équipe sous-entendaient que ça m’offrait une bonne échappatoire aux difficultés du métier : j’avais un “prétexte” pour en sortir. Traduction : j’étais mauvaise danseuse et lâche en plus. Sympa. Autant dire que je suis partie sans regret.  »

Sans croire que c’est comme ça dans toutes les troupes, ça donne une image « sympa » de l’ambiance de celle là.

Oui, être enceinte, c’est fatiguant pour le corps, on ne peut pas faire tout comme une femme non-enceinte. Oui, ça nous éloigne du travail pour quelques mois, voire plus selon les circnstances et les choix personnels. Oui, la danse est un métier extrêmement exigeant avec la forme physique et la silhouette. Mais est ce que ça signe réellement l’arrêt de sa carrière de danseuse. Pas forcément. Certaines se reconvertissent et deviennent professeur, d’autres reprennent le boulot sans problème : « Soline n’a d’ailleurs arrêté son entraînement que durant deux mois. En cours jusqu’au huitième mois – en évitant les sauts puisque « les ligaments sont fragilisés par la grossesse » – elle était à nouveau embauchée sur un spectacle un mois après son accouchement. »

Ce qui me frappe, c’est que la grossesse soit autant taboue dans ce métier, ‘d’après l’article en tout cas) :

« Les cursus professionnels en danse incluent parfois des cours d’anatomie ou de nutrition. Par contre, la grossesse est un sujet passé sous silence. « C’est tabou : on n’en parle pas du tout. C’est vrai qu’on est très jeunes, mais la question pourrait se poser. Si on n’en parle jamais, c’est qu’il doit y avoir une peur, surtout chez les jeunes danseuses, qu’une grossesse signe l’arrêt de la danse. »  »

Les danseuses considèreraient la grossesse comme une maladie? « Pour Emilie, 27 ans, corps de ballet à l’Opéra de Paris, la perspective d’une grossesse serait comparable à un arrêt forcé, dû par exemple à une blessure. »

C’est vrai, après une grossesse, ta sangle abdominale et ton périnée ont souffert, et ont besoin que tu les re-muscles et que tu les chouchoutes. Je suis bien incapable de dire à quel point c’est « handicapant » pour une danseuse professionnelle. Mais si certaines arrivent à reprendre le boulot après un mois, ça veut dire qu’on peut quand même très bien reprendre ce métier après. D’autant que les danseuses partent avec un avantage sur bon nombre de femmes : elles prennent soin de leur corps et sont extrêmement musclées. D’ailleurs, l’une d’entre elle le souligne :
« Pourtant, pendant la grossesse, la professionnalisation du corps est un avantage : maîtrise de la récupération, conscience de tes limites et écoute de tes sensations. »

Cependant, les danseuses ont un autre problème, lié à la maternit, un autre endroit où on ne leur en parle pas, où on ne les aide pas (ou rarement) : pôle emploi! Car la grande majorité des danseuses sont des intermittentes du spectacles, et à ce titre, ont de grande difficultés à bénéficier de leur droit à une aide, voire un simple congé maternité!

« Tout est opaque et les modalités d’ouverture de droits dépendent à chaque fois des fonctionnaires que tu as en face de toi. » (Claire, 33 ans, danseuse contemporaine)

« Je ne suis pas éligible au congé maternité, c’est révoltant. J’aurai dû cumuler 200 heures de travail dans les trois mois précédant le début de grossesse : or, je ne l’avais pas exactement prévu. Ou j’aurai dû cumuler ce même nombre d’heures dans les trois mois précédant le début du congé maternité, c’est-à-dire aux sixième, septième et huitième mois. Tu me vois danser un numéro maintenant, avec mon gros bidon ?  » (Agnès 28 ans, danseuse de cabaret)

Manifestement, il faut encore que les mentalités changent, notamment dans ce milieu, pourtant très féminin! Parce que oui, une certain nombre de femme souhaitent des enfants et que pour ça, habituellement, on passe par une grossesse. Une femme devrait pouvoir choisir si et quand elle veut un enfant.

Dans combien d’autres métiers est il mal vu d’être enceinte, auras-t-on encore longtemps à subir la question « et… vous comptez avoir des enfants? » en entretien d’embauche? (question d’ailleurs illégale à poser en entretien il me semble…) Dans combien de métiers risque-t-on sa place quand on décide d’avoir un enfant?

Il faudrait qu’on arrête de voir la grossesse et la maternité comme des handicaps à l’emploi, non?

La Farfa