Image tirée du site magicmaman.com

 

Aujourd’hui, je voulais vous parler d’un article de Sciences humaines : Le quotidien des mères lesbiennes.

L’article parle donc du quotidien de ces couples lesbiens qui élèvent un enfant. Je pense que leur quotidien ressemble beaucoup au mien, à ceci près qu’un des deux parents n’est pas reconnu par l’état en France… Oui, on retarde un tantinet sur certains sujets. On refuse de voir et de prendre en compte la réalité des faits : Il y a des couples homosexuels qui sont parents.
« En France, un enfant ne peut en effet légalement avoir qu’une seule mère (1) et qu’un seul père, contrairement à de nombreux pays (Espagne, Pays-Bas, Belgique…) qui autorisent mariage et filiation pour les couples de même sexe. »

L’auteur se demande « Comment ces couples, d’où est absente la « différence des sexes » et où l’une des deux femmes n’a pas de statut parental légal, composent-ils avec l’hétéronormativité de nos sociétés » Et oui, la société aime faire rentrer les gens dans des petites cases bien propres, c’est plus pratique. Et gare si on dépasse du moule! Alors comment on fait, pour que son enfant ne pâtisse pas de nos choix? J’ai l’impression que c’est parfois un peu l’angoisse de ces mamans (et leur révolte aussi. Ce en quoi elles ont bien raison. Il n’y a pas de raison de les montrer du doigts, encore moins de montrer du doigts leurs enfants, qui n’ont rien demandé à personne et qui sont tout aussi heureux que les enfants des couples hétérosexuels.)

Il ne faut pas croire que ces mamans ne se posent pas de questions par rapport à ça, à l’absence de père, de figure masculine dans leur noyau familiale.

« Un père, une mère : la définition de la « vraie » famille, sans cesse rappelée par les institutions, les amis ou les membres de la famille élargie, est en partie intériorisée par ces femmes toujours suspectées de haïr les hommes. Certaines mères lesbiennes évoquent par exemple leur existence hétérosexuelle antérieure pour légitimer leur désir d’enfant : « L’idée de la maternité a fait son chemin de mon côté, sachant que j’ai un passé hétérosexuel (…). J’ai vécu longtemps avec un homme, dont j’ai été très amoureuse, et il y a eu un moment ou deux, dans cette vie commune, où j’ai pu ressentir un désir d’enfant », explique par exemple Sabine. Elle confirme par là le poids de « l’interdit de maternité » qui rend impensable, pour les lesbiennes elles-mêmes, la conjonction de l’homosexualité et du désir d’enfant »
Là, on se rend compte qu’on a vraiment encore du chemin à faire. Pourquoi les lesbiennes ne pourrait pas avoir des enfants, des désirs de maternité? Je trouve cela très triste, qu’elles se sentent obligés de se justifier.

« Au-delà de la figure du père, les mères lesbiennes tiennent à ce que leurs enfants puissent fréquenter des hommes et comprendre que le monde est hétérosexué. »
Certaines demandent à ce que leur enfant soit mis dans les classes des instituteurs plutôt que des institutrices, pour qu’il est une sorte de « référent masculin ». Elles n’embrigadent pas leur enfant dans une « pensée homosexuelle » comme tant de gens le redoute. Elles se posent beaucoup de question sur la place du père.
« Pour concevoir leur enfant, Véronique et Élodie hésitent entre une insémination avec donneur (IAD) et une coparentalité qui supposerait de partager la garde de l’enfant avec son père. Élodie explique que, si elles ne sont « pas trop chaudes pour la garde alternée », « Véronique a aussi bien à l’esprit que moi qu’un papa c’est important »« 

Ce sont des mamans dans le doute, qui aiment leur enfants et veulent que celui-ci soit heureux. Comme n’importe quel parents non?

L’article se penchait plus particulièrement sur celle qui n’a pas porté l’enfant. L’auteur les appelle les « mères non statutaires ». Tout simplement car elles n’ont aucun statut légal vis-à-vis de leur enfant. J’ai du mal à imaginer ce qu’on peut ressentir quand on a un enfant et que la société, l’état, refuse de vous accorder votre statut de parent, que l’état fait l’autruche. Leur refuser de reconnaitre ce statut ne change rien au fait qu’elles sont, elles aussi, les mamans de ces enfants. Certaines en souffrent, se remettent énormément en question et ne se trouve pas légitime dans leur rôle de maman.
« Du point de vue de Muriel, Léa n’est pas plus compétente qu’elle, mais le fait qu’elle soit la mère statutaire lui donne le dernier mot (« c’est elle qui décide »). »

Heureusement, la plupart trouve une reconnaissance à l’école.
« L’homoparentalité n’est toujours pas reconnue dans le droit, mais elle est reconnue par des personnes qui représentent des institutions, telles que les instituteurs et institutrices. »
Une des mères interrogée pour l’article a pu être présidente de l’association des parents d’élèves. Elle l’a vécu comme une vraie reconnaissance.
« Julie trouve, elle, « fabuleux » d’avoir pu être élue au conseil d’école alors qu’elle n’est que la mère non statutaire de Clémence : « J’étais reconnue comme parent. » »
Pouvoir signer un carnet de correspondance, rencontrer un professeur, représenter les parents de l’école, ce sont là des choses qui nous paraissent normales, allant de soi. Et pourtant, aujourd’hui en France, certains parents n’y ont pas accès car l’état se met la tête dans le sable, refuse de voir la réalité des faits et d’agir en conséquence.

Quelques part, ces mamans se sentent remises en cause, jugées, par des gens qui ne les connaissent pas. Ça ne doit vraiment pas être facile, de supporter toute cette injustice, de devoir prouver, se prouver, son statut de mère.

Ce qui ressort de l’article, ce sont des parents qui se posent beaucoup de questions et qui ne veulent pas que leur enfant (ou elles-même) soit stigmatisé. (Un peu comme tous les parents quoi). Et des maman « non statutaires » en souffrance, à qui la législation refuse de reconnaître leur droit, et qui ne peuvent être, légalement parlant, ni parent, ni tuteur de leur enfant. Que se passerait il si la mère biologique venait à mourir? Un juge aurait tout à fait le droit de retirer un enfant à sa mère pour le confier à d’autres (grands-parents etc) pas parce qu’elle n’est pas fiable, juste parce qu’elle est une femme.

Dans notre pays, fortement imprégné par les siècles de chrétienté, c’est encore l’image traditionnelle, patriarchique qui prône. Et ce, même dans nos plus hautes sphères de responsabilités. Mais nous sommes maintenant un pays laïc, le pays des droits de l’homme. Il serait temps de s’en rappeler et d’accepter d’évoluer, d’aller de l’avant.

Si vous souhaitez en savoir plus :

Le site belge de l’homoparentalité

L’association des familles homoparentales

La Farfa