De temps en temps, j’aime m’acheter un magazine. Mais les catégories qui me plaisent s’amenuisent :  je ne lis plus les magazines people et je suis souvent déçue par les féminins (mais je continue à en acheter, allez comprendre). Il m’arrive aussi de lire ceux qui s’adressent aux parents, j’ai même été abonnée un an à l’un d’entre eux mais aujourd’hui, c’est fini. Je les trouve non seulement inintéressants mais nocifs. Il me semble que leurs articles n’apportent que peu de réponses et culpabilisent. Il me semble que les parents n’ont pas besoin de ça… Qu’en pensez-vous ?

Prenons le dernier que j’ai acheté (famili, février-mars 2012), j’y ai retrouvé tout ce qui m’agace à chaque fois :

  • Les contradictions ne leur font pas peur

Dans un article sur l’impact des écrans (télévision, ordinateur,…) sur les enfants, on trouve la recommandation suivante :

 La place d’un petit de moins de 3 ans n’est pas devant un écran, même devant un programme pour enfants ou une émission à vocation éducative ! Pourquoi le seuil des 3 ans ? « En 1999, l’Association américaine de pédiatrie a formellement déconseillé les écrans pour les moins de 2 ans, explique Serge Tisseron. Depuis, un certain nombre de travaux ont montré que la relation au monde des enfants reste en pleine construction jusqu’à 3 ans. »

Mais que trouve-t-on à la page suivante ? Le prix jouet Famili 2011 a été attribué à un :

 ordinateur portable et personnalisable pour les enfants à partir de 2 ans.

 Quel conseil faut-il suivre ? Le théorique ou le publicitaire ? Certes, chacun peut faire la part des choses mais un minimum de conscience professionnelle ne serait pas de trop. C’est comme s’ils disaient : « Pas de sucre avant 3 ans » puis faisaient la pub pour des bonbons adaptés aux nourrissons !

  • Ils aiment asséner des faits sans contexte ni argumentation

Pour 81% des Français les parents d’aujourd’hui ont du mal à se faire obéir de leurs enfants. Source : Sofres, août 2011.

D’accord, très bien. Et ???

 Dans notre société, on adore les statistiques, sauf que, seules, elles ne veulent rien dire. Non seulement, ça n’a pas grand intérêt mais c’est un peu pervers, car on peut l’interpréter de plusieurs manières : trouvent-ils que les 81% ont raison, que tout fout le camp, ma pauvre dame ? Ou bien essaient-ils de montrer que, de nos jours, les parents sont trop montrés du doigt ? Cela ne fait pas avancer le débat, la réflexion.

  • Ils voudraient nous faire croire qu’ils ont la solution à tout

Dans ce numéro, on trouve un dossier sur le sommeil des enfants de 0 à 5 ans :

 Le sommeil des tout-petits ? Pas de tout repos ! Quand va-t-il enfin faire ses nuits ? Pourquoi nous rejoint-il dans notre lit ? Il ne veut plus faire la sieste… famili vous donne les clés pour qu’il dorme comme un bébé.

Rooh, bah ça c’est gentil, tiens ! Vous allez sauver la vie de TOUS les parents ! Si j’avais su, j’aurais acheté ce magazine plus tôt. Il faudrait qu’ils fassent une conférence à l’OMS ou à l’ONU même (parce que le sommeil est la clé pour la paix du monde, moi je vous le dis !).

 S’il y avait des recettes magiques, ça se saurait. Le problème du sommeil (comme bien d’autres) est bien plus complexe et ne peut être traité en quelques pages. Je ne nie pas qu’on peut y trouver une ou deux informations utiles mais globalement, je trouve qu’ils n’apportent pas grand-chose.

Attendez ! Si jamais vous n’avez pas trouvé la solution dans le magazine, voici le conseil ultime (ici, il s’agit du poids mais je pense que ça marche pour tout) :

 Votre pédiatre vous alertera si votre enfant n’est pas dans la norme.

A bon entendeur…

On me rétorquera peut-être que la vulgarisation des propos scientifiques permet à un plus grand nombre d’avoir accès à l’information. J’acquiescerai alors mais ajouterai qu’on peut vulgariser tout en argumentant, tout en donnant divers points de vue, tout en présentant quelques cas particuliers.

Ce type de magazines semble dire qu’il y a des recettes et qu’il suffit de les appliquer pour bien élever son enfant, pour qu’il ait un poids normal et un comportement qui correspond à son âge mais c’est illusoire. Les parents risquent de perdre leur confiance en eux et oublier la spécificité de leur enfant et de leur relation avec lui. Il me semble aussi que derrière tout cela plane l’idée que ceux qui ne font pas comme ça (comme tout le monde ou comme la norme du moment) sont de mauvais parents.

Moi je dis : à bas les magazines pour parents, vive les Vendredis Intellos !

Clem la matriochka