Pour ce 1er Vendredi Intello de l’année, je vais revenir sur la thématique de la fête et continuer à exploiter ma revue du « Journal des Professionnels de l’Enfance » n°38 (janvier/février2006)

Cette fois ci, je vais me pencher sur un article écrit par Jean-Robert Appell, Educateur de jeunes enfants et directeur de relais assistantes maternelles. Ce article s’intitule:

 

« Faut-il faire la fête avant 3 ans ? »

Qu’est-ce que  « faire la fête » pour nos tous petits ?

 

On peut imaginer une ronde, par exemple. Ohhh comme c’est mignon tous ces petits enfants qui tournent en se donnant la main…. Mais qui prend du plaisir à ce moment là ? L’adulte ou l’enfant ?

Faire la fête, comme nous l’avons vu dans mon précédent article des VI,  c’est aussi avoir un espace de liberté. 

Pourtant,

« Si spontanément, je dis aux enfants: « On va faire une ronde », alors que ça va être très compliqué pour eux au niveau du corps, du schéma corporel, que va-t-il se passer ? Ils vont avoir besoin de l’adulte. Donner la main à quelqu’un pour faire une ronde, ce n’est pas facile: il faut faire preuve de coordination, comprendre ce que dit l’adulte, ses consignes. Faire une ronde, c’est s’associer à d’autres personnes; comme pour un « accordage » corporel. Et se mettre à tourner dans un sens ou dans l’autre, c’est encore plus dur ! Il faut partir en même temps, s’arrêter ensemble… 

Ces organisations en groupe demandent beaucoup d’interventions de l’adulte. La question de la spontanéité peut nous conduire à réfléchir à celle de l’autonomie de l’enfant. « Faire à la place de l’enfant »: beaucoup de manipulations, comme par exemple « Tiens, tu prends la main de untel ? »; et si l’enfant ne le fait pas, on prend les mains de l’enfant pour le faire soi-même ! « 

Nous voulons faire plaisir aux enfants, et à vouloir trop bien faire, nous en oublions l’essentiel: l’enfant lui même, qui devient alors passif…

Ces enfants, face à toutes ces consignes, ce côté passif, peuvent « se révolter », et réagir comme ils le peuvent , en entrant en opposition avec l’adulte… Nous sommes bien loin alors de l’esprit de fête initial…

Cette contradiction, on peut la retrouver dans d’autres domaines: on encourage les enfants à applaudir, dire « bravo » à la fin des comptines, puis on leur dit « on se calme » !; lors de spectacles pour enfants, si l’enfant veut se lever pour toucher la marionnette on le somme « assieds-toi ! ne bouge pas ! » Alors que le tout petit a au contraire besoin de bouger, de vivre ses expériences par le mouvement.

Et qu’en est-il de ces traditionnelles séances photos dans les bras d’un Père-Noël qui bien souvent terrorise les tous petits…

 

Ainsi, lors de ces moments festifs, il convient de s’interroger sur ce que nous proposons: les représentations des adultes et des enfants sont bien différentes, et il est important de tenir compte des besoins des enfants, de leurs capacités, de leur niveau de développement afin que ces moments de fêtes restent des moments agréables et ne deviennent pas une contrainte pour les uns et les autres.

 

Comme bien souvent, on retrouve 2 modes d’éducations qui s’opposent:

-le 1er modèle , traditionnel, qui veut que l’adulte impose, et que l’enfant suive… Ce modèle implique bien souvent un rapport de force, un conflit;

-le 2ème modèle, qui s’inscrit dans une éducation non violente, où l’enfant est respecté en tant qu’individu, où l’adulte est à l’écoute de ses besoins,…

 

Alors, faites la fête, oui, mais toujours dans le respect de l’enfant !

Mardy