A Noël, une pression incroyable s’installe, pas pour tout le monde sans doute mais la vision idyllique véhiculée à tout va peut nous y rendre sensible, tout doit être beau, tout doit être réussi, tout doit être merveilleux.

On a en tête le bel esprit de Noël, l’occasion de se retrouver tous enfin, de pouvoir passer des moments doux et chaleureux autour d’un bon repas, et d’un sapin aux lumières scintillantes, de la musique, des jeux, du partage, des cadeaux faits avec le cœur et pas par obligation commerciale…

Le rêve… mais à trop se mettre la pression et espérer être envahi de bonheur, on tombe parfois de haut… Tout n’est pas aussi simple que dans un conte…

Le magazine Psychologies du mois de décembre consacre un dossier à la famille en ces jours de fêtes, intitulé « Renforcer les liens avec sa famille ». Les fêtes seraient le moment idéal pour se questionner, faire le point sur les relations familiales et pourquoi pas les faire évoluer…

« De nombreux psys en témoignent : les jours qui précèdent et suivent Noël sont une grande période d’angoisse sur leur divan. Sans aller jusqu’à ces extrémités, il est rare que la perspective des fêtes ne suscite pas chez nous une appréhension aussi diffuse que difficilement définissable.

Pourquoi ? Parce que le fantasme ne passe pas toujours la rampe de la réalité. Loin de là. A Noël, tout doit être beau, tout le monde doit s’aimer, se faire des cadeaux, être content. La famille devrait incarner un îlot idéal. Nous sommes dans le registre du mythe, de l’obligation inconsciente collective, nous explique la psychologue et thérapeute familiale Juliette Allais. Ce n’est pas vrai. La famille est aussi – et surtout- le lieu des frustrations, des manques, des rancœurs. Ce qui induit une pression terrible sur chacun. Nous ne pouvons manifester notre malaise, nous nous sentons oppressés. Nous étouffons. »

D’où ces inexplicables pétages de plombs et autres disputes surgissant sans raison apparente « valable ».

Il n’y a qu’à voir le film d’Elie Chouraqui, Les marmottes, où le chef de famille réuni sa famille aimante tous les ans dans son chalet à Chamonix pour comprendre… La famille à Noël ça peut être beau, beaucoup d’amour… et une belle pelletée d’embrouilles !!

Il existe de fait, un décalage entre l’image d’Epinal et ce qui se passe en nous. Nous sommes heureux de revoir nos proches, et, en même temps, notre psychisme réactive tous les comptes mal réglés. « C’est ainsi que fonctionne la mathématique familiale, détaille la philosophe et thérapeute familiale Nicole Prieur. Notre psyché ne retient que les loupés. Notre inconscient garde nos manques, ce que nous n’avons pas eu. Et, lors des grandes fêtes, les blessures, non pansées mais pensées depuis nos différentes positions familiales, resurgissent. »

Pourquoi alors est-ce si difficile d’échapper à ce rituel quand il nous pèse ou nous affole ? Parce que nous sommes pris dans d’inextricables conflits de loyauté, parce que nous avons peur de ne plus être l’enfant parfait.

« Sans aller jusqu’à boycotter Noël, nous devons apprendre à supporter d’être le mauvais objet pour notre père ou notre mère, être parfois capable de nous transformer en traître, mais en traître heureux », explique Nicole Prieur. Assumer de ne pas être de la fête sans trop culpabiliser…

Où en sommes-nous avec nos jalousies, nos reproches, nos frustrations ? Les avons-nous vraiment évacués ou avons-nous glissé les miettes sous le tapis familial ?

Psychologies propose dans son dossier de se questionner sur notre comportement d’adulte / enfant de nos parents, sur notre connaissance de notre place dans la famille, sur les rivalités frères / sœurs, ou encore notre capacité à accueillir les nouveaux venus… Mais je m’arrêterai là car comme très souvent on n’y retrouve des situations particulières qui ne sont pas forcément la nôtre, et à mon avis bien trop peu de choses sont abordées. Et pour cause, la famille est une entité complexe, il n’y en a pas deux semblables, pour peu que cette famille soit une famille non conventionnelle avec des blessures de longues dates non cicatrisées l’affaire se complique, mais force m’est de constater que le schéma familial « idéal » n’est en rien une garantie de paix et de bonheur, il cache souvent des choses lui aussi.

La famille, c’est un ensemble de personnes toutes différentes qui avant même d’être la mère, le père, le fils, la fille, le frère, la sœur, l’enfant, sont avant tout des personnes avec leur propre ressenti, leur propre sensibilité, leur propre personnalité… Des personnes à qui il faut un outil essentiel pour faire bon ménage… la communication !! Mais la vraie, la douce, celle sans a priori, sans jugement ni critique, celle pleine d’empathie, d’écoute, la communication bienveillante et constructive… Celle qui disparait (a disparu ?) de notre ère…

Ce que j’aimerais surtout savoir moi, c’est comment ne pas en arriver là avec ma famille, mes enfants, comment faire pour que le passé familial pesant ne les atteigne pas eux…

Non parce que sans blague, moi le Noël idéal, chaleureux avec la joie, la bonne humeur, le débordement d’amour et les crooners qui chantent pour nous, le tout saupoudré de paillettes et de lumières sans oublier le partage de gourmandises, je n’ai pas envie de faire une croix dessus !!

Pour mon Vendredi Intello de fête, j’espère ne pas avoir plombé l’ambiance, mais les fêtes de fin d’année, c’est un peu comme la maternité pour laquelle on fait culpabiliser les mamans de ne pas penser et ressentir que ce n’est que du bonheur, pire encore quand elles osent en parler.

C’est un tout petit peu plus compliqué que ça, mais j’ai bon espoir, parce que quand je verrai les yeux de ma puce s’illuminer à la vue du sapin qui ce sera paré non seulement des magnifiques lumières dont elle raffole et qu’elle réclame mais également de quelques paquets dont elle va pouvoir allègrement arracher le papier cadeau et s’exclamer « ohhhhh » « ahhhh », elle sera bonheur et nous aussi :D

Chocophile