Quand on est enfant, on a une vision du monde un peu déformée. Centré sur nous-même, notre réalité passe par le prisme de nos émotions et de nos ressentis. Nous avons une vision parcellaire de la vraie vie, voire erronée. Et tant mieux ! Cela permet de laisser la place à l’imaginaire, cette activité prolifique et sans limite qui nous permet d’apprendre (d’ailleurs, je voudrais bien en savoir plus sur le rôle de l’imagination dans l’apprentissage… Mme D, si tu peux m’aiguiller ;) même si je reste persuadée qu’on en a parlé je ne sais où dans les Vendredis Intellos).

Cet imaginaire qui nous est de moins en moins familier une fois adulte, on le regarde un peu de travers quand on est parent. « Est-ce normal que mon enfant raconte des histoires sans queue ni tête », « faut-il lui faire croire au Père Noël ou à la petite souris » et autres questions qui se résument souvent par la suivante : « Doit-on immerger les enfants dans la réalité de la vie – dure, et abrupte – pour les conditionner à leur futur vie ou devons-nous les inciter à rêver et à croire en des choses qui n’existent pas ? »

On se pose cette question car nous sommes des adultes, bien encrés dans la (triste) réalité. Or, on le sait, comme nous le dit Gopnik, le bébé puis l’enfant n’est pas un petit adulte. Il fonctionne de manière différente. Aussi il a des besoins différents des nôtres et apprend autrement.

Je me suis moi-même posée la question « Père Noël ou pas Père Noël ». Je me voyais mal raconter des sornettes à ma fille sur un  bonhomme qui n’existait pas. Avant d’avoir un enfant, je trouvais ça même irrespectueux pour l’enfant, comme une impression de le leurrer, de lui mentir. Et puis finalement… J’ai cédé aux cloches de Noël. Il y a bel et bien un Père Noël. Je trouve finalement cela charmant, doux, merveilleux de croire en des choses qui n’existent pas vraiment. On a tous nos croyances, que l’on soit petit, ou même grand. Beaucoup on besoin de croire en une religion, un Dieu. Et cela nous porte. Et si c’était un peu pareil pour les enfants ? L’Homme a besoin de croire pour avancer non ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il est important de laisser les enfants être enfant… Conseils éducatifs se pose d’ailleurs la même question que moi : Père Noël ou pas Père Noël, que disent les pédopsy et autres spécialistes ? A travers Dolto, on comprend mieux la différence entre mythe et mensonge. Une différence qui a son sens et que je vous laisse découvrir. Ce qui est sûr : on ne peut transmettre tout cela si on n’y croit pas un peu. Personnellement, les « faux » Père Noël des magasins, je lui dis que ce n’est pas le vrai à ma Zouzou. Faut pas déconner, avec sa barbe pourrie et son faux ventre : les enfants croient aux mythes, mais ils ne sont pas stupides… et j’ai envie de rester crédible.

Parmi les autres mythes auxquels peuvent croire les enfants : le loup. Souvent tapi dans l’ombre de la chambre, il se cacherait sous les lits. Et susciterait, au titre d’autres monstres, une peur du noir. Phypa nous parle de cette peur et… nous donne des solutions pour y pallier. Elle nous explique le mécanisme qui fait que cette peur du noir, « étape normale du développement émotionnel », peut persister : fragilité personnelle, traumatisme lié au noir… Une peur qu’il faut apprendre à dompter avec l’enfant en le sortant justement de l’imaginaire, parfois générateur de « monstres du placard » et autres curiosités qui n’attendent qu’une chose : que la lumière soit éteinte pour surgir dans l’obscurité. Pour ce faire, on désensibilise l’enfant à la peur du noir. Phypa nous explique comment.

Mais l’imagination peut aussi être très positive, Dieu merci. On peut aussi la cultiver par la lecture du soir, comme nous explique Kawine. Le temps d’une histoire, on transporte notre enfant dans un monde imaginaire, féérique (ou pas d’ailleurs, certains aiment se faire peur, même si perso, je suis pas super pour…). Un bon exercice d’imagination que l’on peut affectionner soi-même et aimer partager. Une transmission même d’une passion : l’évasion à travers les mots et les images. Un joli apprentissage qui, à mon sens, permettra à l’enfant d’avoir toujours un jardin secret pour imaginer monts et merveilles, s’évader de la vie quotidienne, faites de règles et d’interdits. Un monde où tout est permis, comme un sas de décompression quoi. Une « habitude » qui aide beaucoup quand on est adulte…

Ben oui, question réalité, les enfants, quand ils vont à l’école, ils sont en plein dedans. Notes, appréciations, être comme si ou comme ça, s’intégrer… Du concret, du vrai… Du pas facile. FloLaSouricette nous fait part des difficultés que peut rencontrer notre enfant face à l’école qui le plonge assez abruptement dans la réalité, enfin une réalité. Elle se pose la question si la pression exercée et le degré d’exigence envers les élèves ne seraient pas en constante croissance. C’est d’ailleurs une question qui revient autour de moi sur les lèvres des parents. Elle soulève même un certain aspect qui me saute au yeux en lisant son billet : l’habitude que l’école a de souligner les échecs plutôt que les réussites. Exemple : on met facilement un zéro – histoire que l’élève comprenne bien combien il est nul, très constructif donc – plutôt qu’un 20, note inacceptable, la perfection n’existant pas, et l’encouragement visiblement non plus… Une expression négativiste qui prend forme notamment à travers le redoublement, ne semblant donner aucun résultat en matière d’amélioration de résultats scolaires… et de motivation de l’élève, il va s’en dire. L’école comme reflet de la société – dans son culte du conformisme plutôt que de la singularité de l’enfant – ou pouponnière de la société de demain, conditionnant les élèves à rentrer dans un moule ? Ma Zouzou n’est pas encore à l’école. Et je crois que je risque de me heurter à l’éducation nationale quand elle y sera. S’il est important en tant que parent de ne pas décrédibiliser les enseignants, je ne peux accorder de crédit à un professeur qui serait injuste, humiliant. Et ça, je me permettrais de lui expliquer à ma Zouzou. D’ailleurs je lui dis déjà que les adultes font des choses stupides et ne savent pas tout et que parfois, ils sont injustes. Hum, ça promet.

Enfin, Chocophile nous parle du miracle de la vie racontée aux enfants. Et là, je me suis régalée. Elle nous présente un joli livre qui explique aux enfants la vérité sur la conception d’un enfant. Ce n’est pas cru, loin de là, et c’est plutôt rigolo… et tellement mieux que l’histoire du chou, de la rose ou de la cigogne. Un livre qui utilise des mots tout simples pour juste raconter la vraie histoire d’un spermatozoïde qui va participer à une grande course de natation. Je suis vraiment fan de ça, expliquer la vérité mais avec des mots tout doux. Un livre à mettre entre les mains de tous les parents qui se sentent bien mal à l’aise pour répondre à cette épineuse question. Mais, et Chocophile y fait allusion, qu’en est-il de l’aide médicale à la procréation ? On en parle dans les livres ? Car là aussi, on peut manquer de mots pour expliquer cette conception un peu différente.

Chrystelle Kiki the Mum