Un jour, alors que je racontais ma vie de mère au foyer, une amie (d’une cinquantaine d’années) m’a dit : « C’est plus difficile pour vous aujourd’hui. A mon époque, nous étions plus nombreuses et on allait souvent chez les unes et les autres ». C’est vrai que j’aimerais pouvoir visiter d’autres amies dans le même cas… mais elles sont rares. Cela me fait penser à ce que je sais (pas grand-chose donc) des sociétés africaines par exemple où toute la communauté élève les enfants, où la mère ne se retrouve jamais seule. Je ne dis pas que l’herbe est plus verte ailleurs, je réfléchis simplement à ce phénomène, à la différence qui existe entre nos cultures et pourquoi.

Grâce à Mme Déjantée, j’ai lu un extrait de l’essai d’Alison Gopnik Le bébé philosophe dans lequel elle aborde ce phénomène :

Durant l’essentiel de l’histoire de l’humanité, le soin des enfants n’a pas été le fait des seules mères, ou des seuls parents, mais aussi des grands-parents, des frères et des sœurs plus âgés, des tantes, des cousins, des amis – de la communauté dans son ensemble. Les sociétés occidentales contemporaines sont inhabituelles en ce que les soins des enfants est confié à très peu de monde.

Je suis assez frappée de voir que dans notre société on parle beaucoup de « maternité », du rôle de la mère. Le poids est lourd sur ses épaules et en même temps, elle semble mise sur un piédestal. Or, pour faire un enfant, il faut être deux. Alors, où est le père ? Je caricature volontairement mais parfois, c’est le sentiment que j’ai (peut-être que je lis trop de blogs de mamans…). Je ne dis pas que les pères ne font rien (d’ailleurs, autour de moi, je n’ai que des exemples du contraire), je veux parler de l’image que celui-ci a dans notre société. Par exemple, quand les mères sortent, elles disent souvent « c’est mon mari qui garde les enfants ». Personnellement, je n’aime pas cette expression car elle ramène le père au rang de simple babysitter. Alors qu’il est bien plus que ça. Comme le rapporte Home Sweet Môme dans son billet « La solution viendrait du père« , ce dernier doit être présent même si la mère allaite, en particulier la nuit : c’est lui qui peut mettre une distance saine entre la mère et l’enfant en particulier pour sevrer le bébé la nuit.

Nous parlions d’une communauté plus large. On peut penser en premier lieu aux grands-parents. Leur présence est très souvent précieuse (s’ils vont dans le même sens que les parents, bien entendu) mais la plupart travaillent aussi… Ils représentent l’histoire familiale, ils ont quelque chose à apporter car ils ne sont pas éducateurs en premier lieu. Leur amour peut aider l’enfant à se construire, le guider. Kiara nous le prouve grâce aux extraits de L’art d’être grand-père de Victor Hugo. Cet exemple est très beau parce que l’écrivain a dû remplacer les parents décédés de ses petits-enfants, il était donc grand-père et père à la fois et son témoignage est magnifique.

Il n’y a pas que la mère, il n’y a pas que le père non plus. L’enfant est entouré d’une communauté qui participe à son éducation, son développement, sa construction. C’est quand même rassurant de se dire qu’on n’est pas seul. Kiki the mum, à travers sa lecture de Comment aimer un enfant de Janus Korczak, nous rappelle que notre enfant n’est pas « à nous », c’est, je la cite, « une vie qui nous traverse ». J’ai d’ailleurs envie de finir ce débriefing avec la citation qui termine son billet :

Prends la peine de chercher dans cet enfant qui est et n’est pas à toi cette parcelle endormie qui fait son identité. Peut-être sauras-tu la trouver, peut-être sauras-tu la développer.

Clem la matriochka