Ça y est tu es enceinte ! C’est le bonheur, tes hormones jouent de l’accordéon et toi tu danses sur le monde qui a arrêté de tourner. Sauf que voilà, tu as les doigts encore plein de pipi que déjà les phrases assassines arrivent au galop :

– « Tu vas arrêté de fumer j’espère ?! »

– « Bah voilà, tu ne pourras pas boire pour le nouvel an! »

– « Tu vas accoucher dans le privé ou le public ? »

– « Demandes une césarienne, au moins tu n’auras pas d’épisio ! »

– « Mais vous allez le mettre ou ce bébé, vous n’avez pas de place !? »

Comme si tu ne te posais pas déjà assez de questions ! Après avoir passé 1 semaine en tête à tête avec ton test de grossesse, prépares toi à passer 9 mois avec le monde entier pendu à ta culotte ! Dis toi bien qu’à partir d’aujourd’hui tu ne pourras plus bouffer sans que l’on zieute dans ton assiette, et que si ce n’est pas ta Belle-mère qui te surveille, la société s’en chargera.

Lorsque l’on devient mère dans sa propre vie, on le devient aussi dans la société. Et je pense qu’aujourd’hui, la construction de la maternité, passe inévitablement par l’acceptation dans la société.

Avons nous jamais vu une femme fumer sa clope cachée derrière un mur, tirer furtivement sur la cigarette d’une amie ou de son conjoint ?? Une femme qui fume dans la rue, à la limite, tout le monde s’en fou … mais si celle-ci est enceinte ?? Quel sera vraiment notre regard ? Accusateur, moralisateur sans l’ombre d’un doute. Parce que cette femme n’en ai plus une, non, c’est une « femme enceinte ». Et lorsque nous la voyons fumer, nous ne la voyons pas elle, mais son enfant. Nous sommes témoin d’un infanticide. Oui le mot est fort, car c’est clairement de cette façon que cette femme est jugée sur le moment.

Puisse qu’au fond on le sait tous, les méfaits de la cigarette sur le foetus  sont là, prouvés, écrit noir sur blanc sur les affiches dans la salle d’attente du gynéco et chez  Vert citrouille cette semaine. Alors oui bien sûr, on va nous parler de stress, déculpabiliser les femmes enceintes qui fument. Mais toi là qui regardes cette femme avec un oeil accusateur, tu sais que ce qu’elle fait c’est mal. Parce qu’évidemment tu n’as jamais lorgné sur un bout de saucisson sec alors que tu n’étais pas immunisée contre la toxo ?!! Toi tu as étais une couveuse parfaite …

Quand on sait que  56% des femmes qui ont arrêté de fumer pendant la grossesse, reprennent après l’accouchement, je me dis que le poids de la société peut parfois être lourd de conséquences: Si on avait écouté la « femme »et non la future mère. Si on avait accompagné plutôt que culpabilisé, peut être seraient elles moins nombreuses à se dire que fumé après, c’est mieux que de fumer pendant ! Parce que soyons honnête, quand tu fais un câlin à ton gnome après ta clope, ton parfum c’est du goudron et les autres saloperies qui se baladent dans tes poumons.

Et il n’a pas fallu longtemps à la société, et certains dollars-pensants pour transformer les mères-couveuses en four à billets. La désinformation crée petit à petit un vide culturel qui devient très dangereux dans certains domaines. Lorsqu’un médecin propose à sa patiente anxieuse, une césarienne de convenance, on peut se demander où est passé le rapport humain ? La communication, l’entretient avec une sage-femme, la mise en confiance … de nombreux outils qui permettent bien souvent à un enfant de naître naturellement  et à une femme de devenir mère sereinement.

L’angoisse de l’accouchement est une réalité. La peur de la médicalisation, de l’inconnu, de la mort même parfois. Mais il semblerait que l’accompagnement de la grossesse est une notion qui a été oublié pour le profit de certains … Un point de vue très intéressant et un rappel des risques de la césarienne chez Laetibidule cette semaine.

Que certains luttent pour que l’on ré-apprenne à donner la vie naturellement n’est ce pas le monde à l’envers ? Esperont que remettre le patient au coeur du système médical amènera les professionnels à se pencher sur l’individu en tant qu’être humain …

Revenir à des réflexes naturels. Cela semble être la résolution du siècle en matière de parentage … Alors bien entendu, les grandes marques et les campagnes de pub, l’ont bien compris : Des super-robots pour faire des petits pots bio, les porte-bébé physiologiques, des couches lavables qui défileraient presque à la fashion week … Alors doucement hein, je ne suis absolument pas contre la société de consommation, je suis la première à craquer mon slip sur les couches lavables ! Le problème se pose lorsque l’on se sert de la maternité, de la peur des parents face à l’inconnu qu’est l’enfance, et de la désinformation des gens comme vous et moi, pour remplir le cochon-tirelire.

Et pour l’heure, la palme revient à la campagne américaine contre le cododo. Vous n’avez pas pu la louper, elle est partout en ce moment. Mais pour un aperçu  Notre bulle à nous est revenue dessus cette semaine. De vous à moi, qui sait réellement en quoi le cododo pourrait il être dangereux ?? Parce que l’on peut écraser bébé, l’étouffer, qu’il tombe … Qui n’a jamais fait la sieste avec son bébé ? Qu’elle mère allaitante ne sait jamais endormi avec son bébé lors d’une tétée nocturne ?? En clair,il n’y a pas d’étude concrète qui pourrait affirmer aujourd’hui, qu’effectivement, dormir avec son enfant lui fait courir un risque mortel si l’on ne respecte pas certaines règles de sécurité élémentaires.

Dans beaucoup de sociétés, le cododo est un fait culturel: Manque d’espace, éducation, croyances … beaucoup de tribus africaines le pratique, tout comme en Asie où il est très répandu. Chez nous aussi le cododo existe dans plusieurs familles. Mais voilà, il est tabou. Parce que dormir avec son enfant le rendra capricieux, parce qu’il est un frein à la sexualité du couple qui se retrouve après la grossesse …. Chez moi c’est cododo. Et j’assume. Oui je sais, ça paraît dingue, mais j’allaite, je dors la nuit et jackpot j’ai aussi une vie sexuelle !

Alors posons nous la bonne question, à qui profite vraiment les campagnes contre le cododo ??

On pourrait plutôt parler des atouts du cododo. Dire que oui, dormir avec son bébé lorsqu’on a pris des somnifères, que l’on a bu ou que l’on se drogue, c’est dangereux. Des cas où nos capacités cognitives sont altérées. Mais il serait bon de dire à ces femmes épuisées, qu’elles ont le droit de dormir avec leur bébé, leur donner le sein tout en restant couchées, n’entre-ouvrir qu’un oeil. Poser le biberon sur la table de chevet, et rendormir leur bébé au creux de leur bras … Que la respiration de leur bébé se calera sur la leur, qu’il sera apaisé près d’elle …

Se pose alors la question du bien, du mal. Devons nous juger ce que nous ne comprenons/connaissons pas ? Je repense ici à cette propagande agressive des pro-allaitement. Qui a raison, qui a tort ? Devons nous attendre que l’information vienne à nous ??

Disposer de notre corps et affirmer notre affectif serait-il devenu un combat ?

Okaasan – Mum addict