J’ai pour habitude de penser que l’on ne peut transmettre que ce dont on est convaincu.
Sinon cela reviendrait à mentir.
Il me semble que l’on ne peut transmettre seulement ce que l’on fait.
Sinon au lieu de faire preuve d’autorité parentale, nous serions dans l’autoritarisme.
Et qu’en serait le respect de l’enfant ?

Un respect qui commence tout simplement à la considération de la personne de l’enfant et c’est Phypa qui nous en parle. Un enfant n’est pas un adulte. Voilà le B.A.-BA. Puis, une fois que l’on a intégré cela – ce qui permet à mon sens de comprendre beaucoup de comportements de l’enfant et d’éviter de le diaboliser ou de lui prêter de mauvaises intentions, ou encore, comme le dit l’ouvrage choisi par Phypa, de le mettre en position de décideur. Mieux : cela lui permet juste d’être un enfant, de le laisser être un enfant. Il faut pour cela s’adapter à son rythme, laisser une grande part au jeu, et même à l’ennui qui, selon moi, est primordial pour un enfant. En toile de fond, outre le respect, il y a le sentiment de laisser l’enfant libre. Libre mais pas tout puissant bien sûr : un enfant a besoin de limites et c’est notre rôle (parfois difficile) de lui en donner. Un ouvrage que Phypa décrit comme étant basique, sans prétention, mais qui permet de se faire une idée sur les grandes lignes d’une autre éducation, une éducation non violente.

Ces respects de l’enfant d’une part et du parent d’autre part se rejoignent merveilleusement bien dans la participation de Vaallos. Respecter ses propres émotions en tant que parent – sans bien sûr non plus déverser ses états d’âmes – c’est apprendre à son enfant à nous prendre en compte, à nous considérer et donc, par extension, à considérer l’autre. En y pensant bien, dire ses émotions, permet aussi à l’enfant d’avoir la possibilité d’exprimer les siennes. Si l’on a peur de nos propres émotions, si on veut coller à une image de parent parfait, que transmet-on à son enfant ? Qui plus est, parler de ses émotions de quand on était enfant est très positif. Il me semble avoir lu cela chez Filiozat : « Tu as peur du noir ? Tu sais, quand j’étais petite, j’avais des peurs moi aussi, puis c’est passé. » Une marque de compassion, une manière de dire « je te comprends ». Un sujet qui mérite réflexion, et qu’il est important de partager pour le bien de l’enfant, mais aussi des parents. A l’heure où il faut être parfaits, infaillibles, un joli message de tolérance envers soi-même. Encore une fois, libérer la parole, dire les maux avec des mots.

French Girl in London évoque justement les émotions chez l’enfant de 0 à 3 ans et leur aspect parfois destructeur, menant parfois les enfants jusqu’à la dépression. Car oui, nos enfants ressentent beaucoup d’émotions et peuvent avoir mal à l’âme. Un enfant qui refoule ses émotions pour des raisons familiales – une mère en souffrance, un deuil parental mal accompagné… – peut manifester des signes de dépressions, différent de ceux de chez l’adulte (puisque l’enfant n’est pas un adulte, vous suivez ?). L’être humain est mu par quelques  grands types d’émotions de bases, dites émotions primaires : la peur, la tristesse, la joie, la colère… (tous les auteurs ne sont pas d’accord sur le nombre). Ces émotions prennent ensuite plusieurs chemins pour se manifester si elles sont refoulées. Derrière la dépression peut se cacher une grande colère ou tristesse refoulée et non exprimée. Mais French Girl in London se pose, très justement, de nombreuses questions quant à l’étiquette « dépression » que l’on mettrait sur un enfant. Si elle est nécessaire pour faire en sorte que l’enfant se sente mieux, elle peut le stigmatiser. Ce qui est sûr c’est qu’il est important de laisser les enfants exprimer leurs émotions, de nous, parents, leur apprendre à le faire.

Enfin, Chocophile nous livre un texte qui l’a touchée, et qui m’a également touchée. Elle nous parle de la bientraitance et nous en livre une belle définition à travers le texte qu’elle retranscrit : «  La bientraitance est l’essence de la bonté vraie, c’est-à-dire qu’elle doit être suffisamment discrète pour ne pas susciter chez son bénéficiaire le sentiment d’être en dette. » Comment parvient-on a être bientraitant ? Cela semble simple… pour qui veut bien se poser la question : « La bientraitance ne nécessite ni un long apprentissage ni la fréquentation d’une grande école. Elle est inscrite dans nos gènes parce qu’elle fut, au sein des tout premiers groupes de futurs humains, une garantie de survie de ce groupe, donc de chacun. » Et comment mettre en pratique : en écoutant les émotions de l’enfant… et à travers d’autres « cas » pratiques du quotidien que livre cet ouvrage. Une bible.

Chrystelle – Kiki the mum