J’en ai déjà parlé dans les Vendredis Intellos : ma Zouzou, je ne la considère pas comme m’appartenant. Ce n’est qu’un petit être que l’on nous a confié avec mon Ours. Nous avons pour mission de l’accompagner jusqu’au grand envol, l’âge adulte.
Quand j’ai dit à Mme Déjantée que j’étais à sec niveau neurones et idées pour ces VI, elle m’a dit : « Tiens, j’ai tels chapitres de Janusz Korczak si ça te dit. » La coquine : en les lisant, je me suis dit que décidément, elle commence à bien me connaître.

Dans « Comment aimer un enfant » – remarquez que le titre n’emploie le possessif « son » enfant, un détail qui a son importance, vous verrez -, Janusz Korczak nous parle de  l’enfant dans sa famille. Dans les chapitres attribués par Mme D., il aborde la grossesse et la venue au monde de l’enfant en des mots tout simplement délectables ou, du moins, qui faisaient écho en moi.

Janusz Korczak nous présente l’enfant comme une vie qui nous traverse et avec laquelle, insidieusement, un lien indéfectible se crée. La mère porte l’enfant, le nourrit : l’amour maternel se construit petit à petit. Il décrit même l’accouchement comme une danse en parfaite symbiose de la mère et l’enfant. Ensemble, ils effectuent le miracle de la naissance. Là encore, je bois ces paroles, car on oublie – le corps médical peut-être moins – que cette naissance ne se fait pas uniquement par la mère. Quand j’ai accouché, j’ai senti que nous étions deux à faire des efforts, je devais accompagner ma fille pour qu’elle descende et sorte alors. C’était un travail d’équipe : elle appuyait sur le col, je poussais, elle descendait.

« Toi et lui vous exécuterez cent mille mouvements imperceptibles, merveilleux d’adresse et de subtilité afin que, en prenant votre part de vie, vous n’en preniez pas plus qu’il ne vous en revient selon la loi universelle et éternelle.
– Mon enfant.
Non, ni aux mois de grossesse ni aux heures d’accouchement l’enfant  n’est à toi. »

D’ailleurs, bien que l’on décide d’avoir un enfant, nulle ne peut prédire et contrôler lorsque la vie viendra en nous, que ce soit de manière naturelle ou médicalement assistée. Il y a une part de mystère. Et parfois, je me dis que finalement, c’est l’enfant qui décide de venir, de s’installer au creux de notre ventre, et que l’on n’y peut rien. Ce n’est pas nous qui choisissons, même si la médecine nous aide à réaliser ce doux rêve : même là une part de magie persiste… pour parfois faire place à de l’injustice.

Le mystère de la vie prend décidément tout son sens quand on enfante. Une poussière à l’échelle de l’Univers. Un miracle si fragile qu’il en est exceptionnel, prodigieux.

Cet enfant que l’on met au monde de nous appartient pas seulement à nous maman. Enfant de la vie, mais aussi du père, d’une famille. L’enfant est à la croisée des chemins de deux familles.

« C’est un moi lointain qui dormait dans une lignée d’ancêtres, c’est la voix d’un cercueil vermoulu et oublié depuis longtemps qui, tout d’un coup, se fait entendre en ton enfant« .

Des mots si justes qui marquent l’héritage de toute une famille.

En mettant en perspective tout cela, en tant que mère, cela nous pousse au respect de cet enfant que l’on porte dans notre ventre puis sur nos épaules.

Je crois que ce livre va très vite entrer dans ma liste de « must-have ». Une lecture que je ne saurais trop vous conseiller.
Je vous laisse avec les mots de Janusz Korczak, des mots qu’il me semble être sain d’avoir à l’esprit en tant que parent.

« Prends la peine de chercher dans cet enfant qui est et n’est pas à toi cette parcelle endormie qui fait son identité. Peut-être sauras-tu la trouver, peut-être sauras-tu la développer.
L’enfant et l’infini.
L’enfant et l’éternité.
L’enfant, une poussière dans l’espace.
L’enfant, un moment dans le temps. »

Chrystelle – Kiki the Mum