Ma mère est devenue « Mamoune » a 50 ans, quand mon neveu Thibault est né. C’est l’âge moyen auquel on devient grand-parent aujourd’hui en France. C’est un bel âge : à 50 ans on est encore jeune, en bonne santé, on exerce toujours une activité professionnelle, on a de nombreuses activités (sport, blog, associations, etc.).

A 50 ans, on n’a pas envie d’être appelé « pépé » ou « mémé ». Alors on crée des surnoms affectueux : le grand-père est devenu « papi », « papou », la grand-mère s’appelle maintenant « mamie », « mamoune », « nanie »…

Victor Hugo lui-même, avait un petit nom, donné par ses petits-enfants George et Jeanne : « papapa ».

Quels liens ces grands-parents ont-ils avec leurs petits-enfants? Quelle est leur place dans la famille et dans l’éducation des enfants?

Lorsque je rentre du lycée où je travaille actuellement, je passe devant une école primaire. Hier, en voyant des grands-parents avec leurs petits enfants, j’ai repensé à un recueil de poèmes de Victor Hugo dans lequel il parle des enfants de son fils, Charles, qu’il a recueillis après la mort de leurs parents. Le grand-père a pris le relais quand la famille a disparu, permettant aux enfants de trouver une stabilité perdue.

Dans L’Art d’être grand-père, en 1877, le célèbre écrivain rédige plusieurs poème dans lesquels il évoque avec tendresse son quotidien avec Georges et Jeanne.

Dans « Georges et Jeanne », Victor Hugo utilise des métaphores (l’aurore et le crépuscule) pour nous dire qu’il a conscience que de nombreuses années le séparent de ses petits-enfants et qu’il incarne le passé :

« Et moi qui suis le soir, et moi qui suis la nuit,

Moi dont le destin pâle et froid se décolore,

J’ai l’attendrissement de dire : Ils sont l’aurore. »

Le grand-père occupe une place centrale dans la famille. Il n’est pas le père mais il a un rôle d’éducateur, il apprend par exemple à Georges et Jeanne le sens du partage.

Victor Hugo joue le rôle que son fils Charles n’a pas pu tenir, celui de l’adulte qui éduque et transmet. Mais ses petits-enfants l’attendrissent et pour eux il est prêt à tout, même à faire des « bêtises » en allant chercher des pots de confiture en haut de l’armoire dans « Les enfants gâtés » :

« Je vous demande un peu si le grand-père doit

Etre anarchique, au point de leur montrer du doigt,

Comme pouvant dans l’ombre avoir des aventures,

L’auguste armoire où sont les pots de confitures !

Oui, j’ai pour eux, parfois,- ménagères, pleurez ! –

Consommé le viol de ces vases sacrés.

Je suis affreux. Pour eux je grimpe sur des chaises ! »

Ainsi, entre le grand-père et ses petits-enfants, une relation particulière s’est créée. Bien plus qu’une solidarité familiale, Victor Hugo apporte à Georges et Jeanne la stabilité d’un foyer, un socle affectif. Il leur transmet aussi des valeurs, une histoire familiale.

Dans ma famille, les grands-parents occupent une place importante, celle de piliers : ils transmettent notre histoire familiale, des valeurs culturelles et morales, mais ils ont aussi un lien affectif fort.

Kiara Papillon