Bon d’accord on est samedi et en plus je vais vous parler d’un bouquin que je n’ai même pas encore lu! Je n’ai pas honte, non? Quand même, je ne résiste pas au plaisir de vous partager ma rencontre avec Stéphanie Allenou, auteure de « Mère Epuisée ». Pour ma défense, je dirais qu’aller à un débat et le retranscrire, c’est faire marcher ses neurones donc je suis presque sûre que Mme Déjantée n’y verra pas d’inconvénients.
Etre mère : du bonheur à l’épuisement
Ce titre, c’est celui d’un témoignage-débat qui était organisé tout près de chez moi par le Relais Assistantes-maternelles et la Halte-garderie de mon patelin jeudi dernier (Comme quoi, il se passe des choses bien ailleurs que dans les grandes villes).
Et l’invitée du soir n’était autre que Stéphanie Allenou, auteure du livre « Mère épuisée » (dont je vous ai déjà parlé ici) accompagnée d’une psychologue pour animer la discussion. Nous étions venues nombreuses, nous les mamans des environs, attirées par cette discussion qui allait forcément nous parler d’une manière ou d’une autre.
Stéphanie Allenou, nous raconte à nous, assemblée d’une cinquantaine de mamans et assistante maternelles, comment elle est passée du bonheur d’avoir 3 beaux enfants désirés, une fille aînée puis dans la foulée des jumeaux (2 hein forcément) à un sentiment d’épuisement et de perte de contrôle totale.
Elle témoigne , elle raconte, comment elle s’est occupée jour et nuit de ses deux garçons leur première année, comment elle a vécu leur naissance (une naissance respectée qui est venue réparer son premier accouchement qu’elle avait l’impression de s’être fait voler), un allaitement qui a duré tout la première année de ses garçons, et puis comment après leur premier anniversaire, elle en congé parental de 3 ans, s’est retrouvée isolée et désemparée devant ces deux garçons qui ne lui laissaient aucun répit, aucune minute à elle, du jour où ils ont su marcher. Elle dit s’être préparée au début de leur vie, elle savait que ça n’allait pas être facile. Mais qu’elle ne s’attendait pas à ça après. Dans ses paroles, on sent l’isolement, la solitude, l’envie de se retrouver soi-même, l’impression de n’être qu’une mère, et de ne pas être une bonne mère. On sent l’impuissance devant des garçons qui s’affirment et « ne font que des bêtises ». Elle raconte le manque de sommeil, le manque de patience, le seuil de tolérance qui s’amenuise, le niveau sonore de la maison qui devient insupportable.
Elle raconte, les « non, non, non », les « fais pas ci, fais pas ça », le sentiment d’impuissance, de ne pas être écoutée, les cris, les tapes sur les mains, puis les fessées, répétées. Parce qu’on ne sait plus comment faire autrement.Parce qu’on en peut plus. Parce que personne ne nous aide.
Et personne ne nous voit, personne ne nous comprend. Et personne ne voit qu’on ne pas bien, parce qu’on n’est pas aimable, en colère, agressive… Et qu’on n’a pas forcément envie d’aider une personne qui vous envoie sur les roses.
La psychologue nous demande ensuite, à nous public, de se mettre par petits groupes de 5 personnes, et d’échanger ensemble ce que l’on vient d’entendre, de témoigner à notre tour. Et l’on sent que ça fait du bien, que certaines ont besoin de parler, que ça fait d’être entendue, écoutée. Parce que ce n’est pas facile d’en parler, parce que c’est un peu tabou. Parce que quand on est mère, on l’a choisi après tout, et que ça ne devrait pas être si compliquée. Qu’on devrait être heureuse, d’autant plus si on est en congé parental, de profiter de ses enfants. Mais que ce n’est pas toujours aussi simple. On parle de la possibilité qui nous est offerte de parler de ça justement ce soir, de se livrer, ce qu’on ne fait pas forcément au quotidien. On se contente de faire bonne figure.
(Je me dis que personnellement, ça me fait du bien de pouvoir parler ici, sur ce blog, d’échanger avec vous, ici, sur Twitter ou sur Fb avec d’autres mamans, d’autres parents et de prendre du recul).
La psychologue prend la parole. Je l’écoute d’une oreille à vrai dire. Je me questionne. Je me dis qu’un grain de sable peut venir tout fiche en l’air.Elle nous donne des clés pour ne pas « péter un câble » – s’entourer, prendre du temps pour soi, partager les tâches de la maison, réfléchir sur ses priorités, lâcher prise, penser à soi, exprimer ses sentiments, se faire aider, ne pas culpabiliser, ne pas céder à la pression de l’extérieur.
Stéphanie Allenou parle également beaucoup du regard des gens. Des regards interprétés comme jugeants, quand elle est au parc avec ses 3 enfants et qu’elle ne s’en sort pas, qu’elle n’arrive pas à garder l’œil sur ses 3 enfants en même temps, qui courent partout. Elle a l’impression d’être seule et nulle. Elle nous raconte ensuite comment enfin, elle s’est rendue compte qu’il y avait un problème, qu’elle devenait dangereuse pour ses enfants et pour elle-même.
Elle raconte les idées noires, l’envie de tout plaquer, de tout arrêter. De les laisser là et de partir. Elle raconte l’incompréhension de son mari, de son entourage. Mais enfin, c’est quand même pas compliqué de tenir une maison et d’élever 3 enfants. Tu les as voulu ces enfants ? De quoi tu te plains, tu es à la maison, t’as pas d’horaires… Elle raconte le manque de sommeil qui vient à bout de ses capacités de résistance. Les réveils 4 fois par nuit, multipliés par deux.
Elle raconte la difficulté à trouver de l’aide. Vers qui se tourner ? Le médecin de famille lui propose des médicaments, elle refuse. La PMI (protection MATERNELLE et infantile) dit de rien pouvoir faire pour elle si ses enfants ne sont pas en danger mais finit par l’orienter vers un centre médico-psycho-pathologique. Là-bas encore une fois, la porte d’entrée reste l’enfant. Elle y va avec sa fille aînée qui a quelques difficultés à trouver sa place au sein de la famille. Mais sa fille va bien. Le psychologue arrivera heureusement à détecter la détresse de cette mère qui elle, ne va pas bien. Elle en parle donc, pour la première fois. Et puis elle fait des recherches sur internet, elle tombe sur des sites où l’on parle de « burn-out parental ». Et pour la première fois, elle pleure (enfin). Elle n’est pas toute seule, elle n’est plus toute seule. Son problème a un nom, il existe, il est reconnu.
A l’âge de deux ans et demi, les jumeaux entrent à l’école. La situation s’améliore, elle commence à récupérer. Et réussit à en parler autour d’elle. La suite, c’est le livre, une association créée à Nantes pouraccueillir et soutenir parents et enfants, et c’est les rencontres avec les mamans, les témoignages, les échanges.
Elle dit ne pas comprendre comment dans notre société, on laisse les mamans à ce point seules, sans aide. Elle dit avoir envie de briser ces non-dits, elle nous encourage à parler, à demander de l’aide, si l’on en ressent le besoin bien sûr.
Alors, certes, toutes les mères ne sont pas épuisées, mais son témoignage a beaucoup résonné en moi, dans le sens où je me dis que personne n’est à l’abri du pétage de câbles. Stéphanie Allenou m’a fait comprendre le cheminement qui fait que parfois certains parents en arrivent à des extrêmes… Notre société ne fait pas son travail, l’entraide devient rare, les structures de soutien à la parentalité n’existent pas ou si peu. Les associations de soutien entre parents existent dans certains endroits mais pas partout, malheureusement.
Cette soirée m’a encore plus conforté dans l’idée de créer moi aussi une association locale de soutien et d’échanges entre parents (échanges et informations autour du maternage, papotages, soutien, etc). Sur la cinquantaine de mamans présentes, j’ai senti que beaucoup se sentaient très concernées par le sujet du soir, peut-être pas pour toutes au point où en est arrivées Stéphanie Allenou, mais avec des sentiments similaires parfois.
En tous les cas, cette soirée a permis à beaucoup de mamans présentes d’échanger, de parler autour de ce sujet, de s’exprimer, en quelque sorte de briser le tabou de la mère parfaite chez qui tout va bien. Et j’ai senti qu’on en avait bien besoin.
Je crois qu’à partir de maintenant, j’essaierai de faire plus attention aux mamans de mon entourage. Parfois prêter une oreille attentive suffit. Prendre un café. Organiser un moment sans les enfants. M’assurer que tout va bien. Proposer de l’aide. Parce que parfois, il ne faut pas grand chose pour que les choses s’améliorent un petit peu…
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Maman Nature
Je n’ai jamais connu ce burn out et pourtant ton texte m’a touché car il y a quand même des jours où on voudrait se téléporter autre part, rien qu’un instant.
Ça me parle, ooh que ça me parle… pasque l’envie de partir, ça j’ai vécu. L’impression d’être toxique pour mon fils et mon mari aussi… et ça commence seulement à aller mieux… (saleté de thyroïde de mierda qui m’a quasi collé en dépression!…)
Merci beaucoup de nous avoir fait partager ce débat vraiment très enrichissant sur cet ouvrage dont nous avons déjà beaucoup parlé!!! Je me souviens d’une émission dans laquelle S.A. était venue témoigner et où la psychologue expliquait qu’à un certain moment d’épuisement, les enfants sont perçus comme des « agresseurs » dont nous devons nous protéger…Sans en être arrivée au burn out que décrit cette auteure, je comprends néanmoins bien cette idée de résistance à l’agression… personnellement, c’est mon signe personnel que j’ai besoin de prendre un peu de temps pour moi et de me reposer…
En ce qui concerne la nécessité de créer des associations de soutien, je suis entièrement d’accord avec toi… je crois aussi qu’il faudrait développer un réseau d’écoute téléphonique avec permanence presque 24H/24… qui finalement donnerait à toutes la possibilité d’avoir un soutien momentané, tel que nous le trouvons nous par exemple sur les réseaux sociaux…
Bjr,j’ai 21 ans je suis maman d’une magnifique petite fille d’1 ans et demie,et j’ai l’impréssion de ne pas être une bonne mère,étant jeune je garde mes habitudes d’avant…je dors jusqu’a malgrès ma fille je suis assez colérique,je manque de patience et cela m’arrive de donner des claques a ma fille et j’ai peur de lui faire du mal,j’aimerais avoir quelques conseille svp…merci
Bonjour Marie. Dans quelle région habites-tu? peut-être que cela te ferait du bien de rencontrer d’autres parents, dans le cadre d’une asso de soutien à la parentalité par exemple? Il me semble important que tu te questionnes sur ce qui fait que tu te sentes une « mauvaise mère »? la pression de ton entourage? as-tu le soutien du papa, de ta famille?
Je pense que si tu écris ici, c’est que tu te rends compte que les claques ne sont pas une solution aux problèmes que tu peux rencontrer avec ta fille. A mon avis, cela vaudrait le coup que tu cherches une façon différente de communiquer avec ton enfant. Je te conseille vivement la lecture de « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat qui donne des astuces très simples et applicables au quotidien pour éviter de frapper ou de punir. Souvent, on perd patience parce qu’au fond on ne comprend pas pourquoi notre enfant réagit de telle façon. Ce bouquin explique bien comment décoder notre enfant. S’il fait « une crise » par exemple, ce n’est pas CONTRE nous ou bien pour nous faire céder, c’est parce qu’il est envahi par des émotions qu’il n’arrive pas à contrôler parce que pour lui, c’est VRAIMENT difficile. Il suffit donc parfois de se mettre à sa hauteur et de lui dire, je vois, je comprends, que tu n’es pas contente, que tu es en colère… bref, accepter les sentiments de son enfant. En se sentant écouté et compris, il passera vite à autre chose. Je ne sais pas si je réponds à tes questions, n’hésite pas à développer ton commentaire si tu souhaites du soutien sur des points particuliers. Mais surtout ne pas hésiter à se faire aider, que ce soit famille, amis, assos, médecins… Et puis en devenant mère, peu importe l’âge qu’on a, on est forcément amenés à changer certaines de nos habitudes, je pense qu’il faut aussi savoir accepter de changer certaines choses.
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