J’ai lu hier, un article (rue 89) comme quoi, les dernières poches de résistance à la base de données « base élèves » étaient « matées » par l’état. La rédactrice a fait science Po et a l’air de savoir de quoi elle parle.

Et qu’est ce qu’elle nous dit? Plus ou moins ceci :

Intro :
« En 2008, le gouvernement a supprimé de Base élèves certains champs de renseignement jugés dangereux par les instits, entre autres la nationalité, le lieu de naissance et la langue parlée à la maison. La plupart des directeurs sont alors entrés dans le rang. »

Faudra qu’on m’explique, si la motivation première était de faire un outil d’aide à la gestion et l’organisation des classes, pourquoi avoir mis ces rubriques à l’origine.  Je ne trouve pas étonnant qu’ensuite, les profs, les directeurs et directrices et les parents soient méfiants. cela donne plutôt une impression que le but premier était de ficher les élèves et les familles et qu’on essaie de rattraper le coup par la suite. Je trouve du coup, assez normal la réaction épidermique des professionnels concernés et des parents…

Sur les sanctions envers les profs et les méthodes pour contourner les « désobéisseurs »:

« Des sanctions plus sévères : Blâme, retenue sur salaire, mutation et serrure changée…[…]

Ceux qui ont été encouragés par la condamnation de l’ONU et l’avis rendu par le Conseil d’Etat continuent à résister. Cet acte de rébellion a un prix. Les sanctions, appliquées depuis 2009, sont désormais plus sévères. […]

En octobre, Annelyse Benoit, directrice de l’école Montbrun-Bocage en Haute-Garonne, est partie en congé formation. Une aubaine pour l’inspection académique, qui a convoqué incognito son remplaçant et fiché la totalité des élèves de l’école.

La palme revient cependant à l’inspection des Hauts-de-Seine : en 2009, elle avait fait changer la serrure de la porte de l’école Paul-Bert de Malakoff afin que Fabienne Thomas, désobéisseuse de la première heure, ne puisse plus venir enseigner.

Contacté par Rue89, le ministère de l’Education nationale a décidé de ne pas s’expliquer sur ces méthodes.[…] »

D’un, on constate donc que l’ONU a jugé cet « outil » condamnable. Et cela en 2009 ou 2010 (c’est suite à une audition en mai 2009, mais je ne sais pas quand le jugement a été rendu.), soit après le retrait des rubriques gênantes. Ce qui semble confirmer qu’il subsiste des problèmes. Et cela ne me donne pas franchement confiance dans la bonne foi de l’état.
Ensuite, on apprend que l’état utilise des méthodes plus que discutables. Profiter d’une formation de la directrice pour ficher tous les élèves, changer les serrures pour empêcher une instit de travailler. On est où là? Vraiment en France, le pays des droits de l’homme? C’est moi ou vous trouvez ça aussi choquant comme façons de faire?

On apprend aussi dans l’article que les situations sont très différentes selon les académies et l’avis des recteurs et des inspecteurs, certains faisant du zèle et d’autres, soutenant comme ils peuvent les contestataires.

Enfin, on parle du soutien des parents :

« La mobilisation des parents, déterminante : Deux mille courriers, six plaintes en mai

Les parents sont souvent les oubliés de la lutte contre Base élèves. Pourtant, ils sont plusieurs milliers à s’y opposer. Avocate, Sophie Mazaf défend certains d’entre eux. Elle affirme que leur mobilisation peut faire la différence.

En juillet 2010, le Conseil d’Etat a en effet rendu un avis qui rétablit la possibilité pour les parents de refuser l’entrée dans Base élèves d’informations concernant leur progéniture. La juridiction a déclaré qu’ils pouvaient faire valoir un « motif légitime » dans ce but. Une expression restée indéfinie.

Depuis, environ 2 000 parents ont écrit au ministère pour faire valoir leur veto au fichage de leur enfant. Tous ont été rejetés. »

Pour faire valoir nos droits, il faut alors porter plainte, manoeuvre coûteuse, aussi bien en temps qu’en argent. Peu de parents peuvent se le permettre. On a donc un droit qui n’est pas respecté par l’état.

Moi, lisant ça, maman d’un petit bout de presque 14 mois, je m’interroge. Comment se battre contre son gouvernement, contre ceux qui sont censés nous aider? Comment admettre que l’état se mette à la limite de la légalité, refusant aux parents leur droit d’opposition? Comment protéger nos enfants de tout ça?

Je ne peux pas faire confiance à une base qui a été condamné par l’ONU, critiquée par des organismes de protection de l’enfance. J’ai peut-être tord, peut être que je vois le mal partout. Mais si on a le droit de refuser, pourquoi nous mettre des bâtons dans les roues? Parce que ce serait admettre qu’ils se sont trompés? Que l’idée était mauvaise, ou mal organisée?
Et j’enrage aussi. Le gouvernement sait très bien que beaucoup ne peuvent pas ou ne veulent pas se battre contre lui. Entamer une procédure judiciaire contre lui, c’est un peu David contre Goliath. Quelle chance reste-t-il alors de faire respecter nos droits par ceux là même qui sont censé en être les garants? Comment s’indigner de façon efficace?

Moi, naïve, je pensais que le gouvernement est supposé être au service de tous, mais je m’aperçois que c’est finalement loin d’être vrai…
Je me dis que, quand Surprise arrivera à l’âge d’être concerné par ça, ça risque d ‘être ancré et indéboulonnable, et que l’on aura pas le choix. Du coup, ça m’effraie.

Et vous, pour ou contre cette base de données? Vous arriveriez à vous battre contre ça?
Je ne sais pas si j’aurais le temps, l’énergie pour aller jusqu’à porter plainte comme 6 familles. Mais un simple courrier ne change rien…

La Farfa