Il y a donc longtemps que je voulais vous parler de ce qu’apporte la musique à de jeunes enfants. J’aime beaucoup chanter, écouter et jouer de la musique et j’essaie de transmettre ce goût à mes Doux. Pour connaître un point de vue de spécialiste, j’ai trouvé en bibliothèque l’ouvrage de Mme Grosléziat Les bébés et la musique (paru dans la collection Mille et un bébés). Chantal Grosléziat, musicienne et pédagogue, intervient en crèches et garderies et a participé au développement de nombreuses associations d’éveil musical et notamment Enfance et musique. Dans ce petit ouvrage, elle décrit les capacités musicales des moins de trois ans pour aider les adultes à accompagner leur découverte de la musique, mais aussi du langage. Sous des apparences parfois austères, son propos n’est pas de formater de petits virtuoses, mais d’accompagner les premières expériences sonores des bébés, notamment à travers la voix.

En effet, dès la fin de la grossesse, le bébé a des capacités importantes de perception et de compréhension des phénomènes sonores. L’enfant in utero évolue dans un bain sonore où figurent en bonnes places le rythme des battements cardiaques de la mère et de la circulation sanguine.

Rapidement au cours de sa première année, le bébé devient capable de prouesses vocales que les adultes seraient bien en peine d’imiter: imitation parfaite des bruits de la vie quotidienne avec le bon timbre et la juste hauteur, vrombissements, bruits de sirènes… Les jeunes enfants peuvent chanter juste la tierce ou la quinte d’un son. Malheureusement, les adultes ne sont pas forcément attentifs à l’exploration vocale entreprise par le nourrisson, confondant ses efforts avec de simples bruits…

Pourtant l’adulte a un rôle essentiel à jouer : les compétences musicales ne peuvent se développer que grâce à l’interaction. C’est pourquoi les mères reprennent instinctivement les gazouillis de leur bébé, en les répétant et les enrichissant, ce qui ne manque pas de provoquer l’amusement et la joie du petit qui se sent alors reconnu comme une personne. Développement de la personnalité, apprentissages de la musique et du langage empruntent en fait les mêmes canaux.

Il faut cependant être conscient du fait qu’à vouloir éveiller les enfants, on risque de ne pas respecter leur développement propre, en allant même jusqu’à un certain conditionnement. Ce qui est particulièrement remarquable avec la musique, c’est que l’enfant produira rarement des sons à la demande de l’adulte. Les bébés et les jeunes enfants aiment chanter dans le calme, lorsqu’on ne fait pas attention à eux. Aux adultes, grâce à la finesse de leur écoute, de doser leur intervention, voire de ne pas intervenir…

On se rend compte que, pour les bébés, apprentissage musical et apprentissage du langage sont étroitement liés. Quand la personne qui s’occupe du bébé gazouille et vocalise avec lui, le bébé développe sa sensibilité musicale mais aussi ses capacités langagières. La musique offre un pont entre la parole et l’enfant.

Néanmoins, il serait dommage de réduire la musique à une technique pour apprendre à parler. La musique est un art impalpable qui pourtant, par les vibrations qu’elle transmet, met en jeu tout le corps et permet des expériences sensorielles irremplaçables pour la construction de la personnalité.

Dans la mise en oeuvre, le plus important est que l’adulte, qu’il ait bénéficié ou non d’une formation musicale, ait envie de faire vivre une expérience à l’enfant. Les bébés n’ont que faire de la virtuosité technique, mais sauront saisir la sincère volonté de partage de l’adulte. Faire de la musique avec de jeunes enfants ne nécessité pas non plus d’instruments de musique : les bébés ont beaucoup de plaisir à faire leur propre créations avec des objets de tous les jours, en tapant, frottant, grattant, pour peu qu’on les y encourage. Cela permet de vivre de superbes moments de partage dont les enfants se souviendront peut-être toute leur vie avec émotion.

Flo la souricette