On le sait, nos enfants se construisent en nous imitant mais aussi grâce à l’image qu’on leur renvoie d’eux.
Si maman fait le ménage et papa bricole, l’enfant intègre, de manière tout à fait inconsciente, ces schémas.
En imitant ses parents, l’enfant se construit petit à petit : je le vois chaque jour en ce moment. Faire à manger, nettoyer, ranger : si ma Zouzou me voit faire tout ça et y participe, elle apprend à même temps… et le fait dès que j’ai le dos tourné, j’adore !

Le premier héros ou sa première héroïne, pour un enfant, c’est son père ou bien sa mère. « Mon papa c’est le plus fort », « ma maman c’est la plus zentille », et nous voilà paré d’une cape rouge. Même si on ne la voit pas. Nous sommes les héros quotidiens de nos enfants. Et quand ce héros a des fêlures venues de l’enfance ? Que faire ? Clem la Matriochka nous fait découvrir un très bel ouvrage et une jolie réflexion que tout parent à mon sens devrait avoir à savoir guérir l’enfant que l’on était. Cet enfant, s’il n’a pas été heureux, perdure en nous une fois adulte et peut interférer dans notre relation avec notre enfant. Un mot, une réaction, et cela nous touche, au plus profond de nous, jusqu’à l’enfant intérieur. Ainsi, plutôt que de nous nourrir, il lutte, se bat, pour exister, pour se réparer, tant bien que mal mais plus mal que bien. Faire la paix avec son enfant intérieur, c’est donner une autre image à son enfant, de soi, de la vie en général. Permettre à son enfant d’avoir une image psychique positive. Je vais même plus loin : ce temps que l’on s’accorde à être mal, on le vole quelque part à notre enfant.

C’est finalement ce qui transparaît dans le thème abordé par Les Bebous. De manière très intime et touchante, elle aborde la douloureuse question de l’anorexie qui a touché sa grand-mère et qui a pesé sur les épaules de sa mère et même du restant de la famille. Ici, c’est la construction de l’image physique qui transparaît. Aimer son corps, le détester, le maîtriser, tout ça se transmet insidieusement.La preuve ici dans la transmission de l’anorexie de mère en fille… Là encore, on peut aussi extrapoler sur ce qui se joue derrière de manière plus globale. Si on n’est pas heureux, nos enfants et la cellule familiale non plus. Il est primordial de se poser les bonnes questions. Avoir un enfant, tout le monde en est capable, et pourtant il n’y a pas plus important que de s’occuper de la vie d’un être… autant bien le faire. Se soigner quand on est anorexique, dépressif, boulimique ou autre, c’est couper la chaîne perpétuelle de transmission de ces « maladies ». Stopper la reproduction de schémas familiaux toxiques, destructeurs. Une belle réflexion et une prise de conscience que nous a confié Les Bebous, motivée par l’amour pour sa fille.

@lly02 évoque, quant à elle, la figure du père à travers le dernier ouvrage d’Amélie Nothomb « Tuer le père ». L’image du père apparaît ici stable, immuable, inébranlable. Un joli témoignage de la force de l’amour paternel, cet autre côté que l’on ne voit pas toujours de nos hommes et qui gagnerait pourtant à être plus souvent mis en lumière.

Mais que l’on se rassure – ou pas – nous ne sommes pas les seuls modèles pour nos enfants. Après l’image des parents, les enfants en intègrent d’autres, véhiculées par les livres, les dessins animés. Tout cela constitue également un répertoire d’images dans lesquelles les enfants peuvent se projeter. Je me rappelle très bien d’un dessin animé, « Princesse Sarah », que j’adorais regarder. Je sais que depuis je rêvais d’aller en Inde et détestais l’injustice. Et je ne pense pas que cela a été véhiculé par mes parents, ou du moins en parti pour ce qui est de la justice envers autrui (enfin, je ne connais pas l’influence qu’un dessin animé est susceptible d’avoir sur un enfant, mais je suis convaincue qu’elle n’est pas anodine… quelle différence font-ils entre la réalité et la fiction, comment peuvent-il savoir que ce qu’ils regardent n’est pas moral puisqu’on les autorise à regarder…). Mardyetlustucru nous parle de ces représentations que s’approprient les enfants à travers une expérience passionnante qui permet de découvrir à quelle qualité un enfant – ou un adulte d’ailleurs, vous verrez – arrive à associer un animal. En effet, une étude clinique menée sur des enfants leur proposait de répondre aux questions : « Si un bon élève était un animal, quel animal serait-il ? Si un mauvais élève était un animal, quel animal serait-il ? » On peut se poser la question à travers ces exemples de ce que l’on transmet à l’enfant comme idées et valeurs morales, notamment à travers la vie quotidienne, mais surtout par les livres que l’on choisit (rappelons qu’ils peuvent véhiculer des clichés, notamment des discriminations sexuelles, comme la femme qui fait à manger, l’homme qui répare la voiture, il me semble qu’on en avait parlé dans les Vendredis Intellos…) Si le lion est l’image du bon élève, l’âne se retrouve en mauvais élève… Les clichés ont la dent dure et on peut se demander si nous n’y sommes pas pour quelque chose… En ce qui me concerne, j’essaie toujours de montrer à ma Zouzou les deux revers de la médaille : le lion est le roi de la savane, mais il en fout pas une pour ce qui est de chercher à manger, c’est la lionne qui s’en charge. Idem pour l’âne, je pourrais lui dire que l’âne paraît bête, mais à mon sens il sait juste ce qu’il veut et que c’est un animal très gentil… du coup je me demande la vision des choses et donc de la vie que je lui donne, un peu en dehors des pointillés parfois. Elle aurait répondu quoi ma Zouzou  à tout ça ? Bref.

Puis un jour, d’autres héros, fictifs cette fois, prennent le relais et font rêver nos enfants (nous remisant, soit dit en passant, au rang de parents « has been »). Et ces héros, des fois, on s’en passerait bien… si on avait notre mot à dire. Ils reflètent à la fois notre société et des valeurs morales… un peu particulières. La Mère Cane nous parle de cela notamment à travers le phénomène Twilight, une saga à succès particulièrement chez les jeunes adolescentes pubères et pré-pubères, et d’autres séries plus diverses les unes que les autres. Si les valeurs incarnées par ces héros semblent très loin de ceux de notre enfance, il n’en est peut-être rien. je me rappelle l’obscénité était présente dans des Nicky Larson qui, je le rappelle, dans sa version non censurée est plus proche du hantaï que du conte pour enfant, les Cats Eyes, plutôt sexy, ou encore « Le collège fou fou fou » ou des « Jeanne et Serge » un peu « ollé ollé » ou « Georgie » qui finit par se taper son frère adoptif dans les fourrés… Je crois que quand on est parent, on oublie que c’était pas forcément mieux avant ;)

Enfin voilà, beaucoup de matière à réflexion très fouillis ici… Après quelques nuits courtes et un début de grosse grosse angine, j’ai fais ce que j’ai pu. Désolée donc si ce débrief n’a ni queue ni tête !

Chrystelle – Kiki the Mum