J’ai eu trois grossesses, trois césariennes, trois vécus très différents et des enfants qui le sont tout autant!

J’ai consulté un ostéopathe pour NuméroUn, il avait des petits soucis de régurgitation… Lors de la première séance, j’ai été amenée à raconter la naissance et la césarienne. J’ai gravé dans ma tête une de ses phrases  » Un enfant né par césarienne, à un moment ou un autre de son existence, éprouvera des difficultés liées à sa naissance ». Ces difficultés peuvent être minimes ou plus importantes et on ne fait pas toujours le lien avec la naissance. Un enfant qui naît par césarienne n’a pas ces limites qu’un enfant né par voies basses connait via le passage par le bassin, il ne ressent pas cette toute-puissance, cette force de naître, de s’expulser hors du corps de sa mère. Il vit, en quelque sorte, une naissance passive, on le retire de force (dans le cas de NuméroUn, il était en transverse: tête au-dessus, pieds vers le bas, la gyné a du mettre un pied sur la table d’op’ afin d’avoir de la force pour le retirer de mon ventre…) du ventre de sa mère, à une vitesse folle et c’est extrêmement traumatisant… Dans mon cas personnel, aucun de mes trois enfants n’a eu de contact physique immédiat avec moi, ils ont de suite été emmenés en néonat, dans le bruit, les lumières, les voix, le stress, les tubes, … NuméroUn est celui qui, je pense, a eu la naissance la moins « violente », j’ai eu le « temps » (quelques heures, mais ça m’a suffi) de me préparer à la césarienne, j’étais cool les heures précédant l’opération, mon mari était avec moi en salle d’op’, j’ai eu une péridurale. Je l’ai vu avant qu’il ne soit emmené en néonat. Malgré les circonstances, j’étais sur mon petit nuage…

NuméroDeux, ce fut une autre histoire… des heures de travail… une souffrance foetale pour lui, une baisse de tension conséquente pour moi, emmenée d’urgence en salle d’op, anesthésie générale… mon bébé est né alors que j’étais tout à fait inconsciente… encore un choc en plus pour ce bébé déjà bien fragilisé…Des difficultés respiratoires pour lui et, au tout début de sa vie, un pronostic de vie réservé de la part des pédiatres…

NuméroTrois: la césa était quasi inévitable vu les deux autres… début de travail et puis de nouveau grosse perte de conscience de ma part, je suis revenue à moi, et ai emmenée en salle d’op’ assez rapidement… Péridurale, mari présent, mon bébé m’a été montré très rapidement avant de partir chez son papa pour quelques minutes en peau à peau… N’arrivant pas à respirer correctement, il a été emmené en néonat.

Pour ce qui est de la suite de l’histoire de NuméroTrois, vous la connaissez… Une rencontre avec une thérapeute… des miracles et des exercices pour les bébés nés par césarienne… NuméroTrois va hyper bien et enchaîne les nuits de 12 heures…

Mon prochain « objectif » est de m’occuper de NuméroDeux… celui qui a eu la naissance la plus difficile, celui qui a le plus de difficultés à chaque séparation, celui qui est le plus demandeur d’attentions, de paroles, de contacts physiques… Celui qui est le plus dans la colère, dans la frustration, celui à qui il faut répéter les consignes et rappeler les limites maintes et maintes fois… Je veux prendre les devants avant que (peut-être!) les difficultés ne surgissent. La thérapeute qui s’est chargée de NuméroTrois m’a fait part de cette méthode: La refacilitation de la naissance ou la libération émotionnelle de la naissance

Voici une approche thérapeutique qui permet, en passant par le corps, de se mettre en contact avec les émotions de sa naissance et de les exprimer. Le but consiste à les exprimer (les sortir de soi) c’est certain, mais également à reprendre le pouvoir sur ce processus si déterminant dans la vie d’une personne qu’est la naissance en réparant les torts causés. La méthode s’applique aussi bien à de tout petits bébés qu’à des enfants ou à des adultes. Il importe de reconstruire la façon dont on a traversé ces moments-là pour défaire ce qui aurait pu, en quelque sorte, se programmer à cause d’émotions stressantes.

COMMENT ÇA FONCTIONNE : En fait, c’est le cerveau (ou l’esprit, selon les systèmes de terminologie) qui refait de façon symbolique l’expérience de la naissance ou d’une partie de la grossesse ou de toute autre période périnatale. On sait que le cerveau prend pour réel tout ce qui se passe dans l’imagination, dans l’imagerie intérieure, dans le rêve ou même la fabulation. C’est ce qui fait que la visualisation fonctionne. C’est ce qui fait qu’une personne peut se libérer avec des gestes symboliques (qui représentent une intention ou une réalité à la quelle on aspire) de comportements indésirables ou qu’elle puisse installer à de nouvelles intentions, de nouvelles façons de penser, de nouveaux comportements plus profitables pour elle. Le cerveau ne fait pas de distinction entre ce qui est « réel », ce qui est symbolique ou ce qui est imaginé. Il lit tous ces contenus au même niveau. Pour lui, tout cela a eu lieu. Par exemple, imaginez-vous en train de mordre dans la plus belle pommes juteuse et sucrée que vous puissiez imaginer. Que se produira-t-il ? Vous saliverez. Pourtant il n’y a pas de pomme dans ce que nous appelons la réalité. Mais votre cerveau a commandé aux glandes salivaires de produire de la salive car vous vous apprêtiez à manger une bonne pomme qui excitait votre appétit et votre goût.Ainsi, en symbolisant la naissance par des moyens simples : un tunnel, des postures des mains, des choses dites, etc. on peut refaire l’expérience et changer le message au sujet de l’expérience précédente au niveau de l’inconscient, des mémoires du corps et donc sortir de la réponse indésirable à certaines situations.

COMMENT ÇA SE PASSE: D’abord la praticienne place ses mains sur la tête du bébé, sans exercer de pression, et lui explique ce qu’elle s’apprête à faire. Souvent le bébé se place sans attendre dans ses mains et commence à exprimer dans son corps ce qu’il a vécu. Il part de lui-même dans le processus. Il place, par exemple, sa tête dans la position qu’il a prise lorsque le problème est survenu. Ainsi, un bébé qui a éprouvé un problème lors de la descente dans la voie de naissance ne descendra pas dans les mains de la facilitatrice. Il exprimera alors avec ses pleurs ce qu’il a vécu à ce moment. Les pleurs, c’est son langage. Il s’agit de le comprendre.
Avec son expérience de sage-femme, Dominique Porret reconnaît facilement à quelle étape du processus de sa naissance ou de la grossesse le bébé a vécu une difficulté et laquelle il a vécu. Elle comprend le langage des bébés et sait différencier la colère de la peur ou de la tristesse ou d’une autre émotion. Elle exprime alors avec des mots ce que le bébé lui fait savoir avec ses pleurs pour qu’il soit entendu de ses parents. Elle parle au nom du bébé.
La mère raconte aussi ce qu’elle a vécu pendant l’accouchement. Le père peut aussi parler et raconter. La méthode permet ainsi au bébé et à la mère, aux parents, de s’exprimer et de se comprendre. Il y a des bébés qui sont fâchés contre leur mère parce qu’ils n’ont pas senti son support dans un moment où ils en auraient eu besoin. Ce bébé exprimera cette colère face à se sentiment qu’on l’a laissé tomber à un moment crucial jusqu’à ce que sa mère l’ait compris et le lui ait signifié. Il y a des mères qui n’ont pas pu accompagner leur bébé comme elles le souhaitaient, c’est une occasion pour elles de le faire comprendre au bébé. D’autres parents n’ont pas eu connaissance de la détresse de leur bébé à un certain moment et n’ont rien fait pour l’aider. Le bébé doit comprendre aussi la situation.Les problèmes vécus lors de la grossesse peuvent être identifiés de la même façon. Pendant que le père et la mère racontent la grossesse, la praticienne touche au bébé et peut sentir à travers le corps du bébé le moment où il a éprouvé de la difficulté ou de la détresse.

La verbalisation et la prise de conscience des soucis que j’ai eus pendant ma dernière grossesse a eu de gros effets bénéfiques sur NuméroTrois, je pense que je peux même dire que cela l’a libéré d’une souffrance… Je voudrais faire la même chose avec NuméroDeux mais cette fois en travaillant sur mon accouchement, cela lui permettra sans doute de gérer ses accès de colère, son impatience, sa frustration quasi perpétuelle et surtout son angoisse de la séparation…

Tournicoti